samedi 4 juillet 2015

A Cotonou, Hollande vante l’exemple démocratique béninois

En déplacement au Bénin, François Hollande a rendu, jeudi 2 juillet en fin de matinée, un hommage appuyé au régime du président Thomas Boni Yayi, son hôte du jour. « J’ai voulu venir ici car vous êtes une référence sur le plan démocratique », a salué le chef de l’Etat français dans la salle du Peuple du palais présidentiel de Cotonou, dans un discours prononcé devant le gouvernement, les parlementaires et les corps constitués. « Vous savez combien je suis attaché, ici comme ailleurs, à ce que soient respectés les textes constitutionnels, les échéances électorales, les rythmes de la démocratie. Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner », a ajouté M. Hollande.
Un bon point politique, donc, décerné par le chef de l’Etat au Bénin et à Thomas Boni Yayi, le premier président africain qu’il avait reçu à Paris après son élection en 2012. En pleine crise sécuritaire au Mali, le dirigeant béninois présidait alors l’Union africaine. La gouvernance béninoise n’est pas pour autant sans tache. Récemment, le gouvernement a été éclaboussé par un scandale de détournement de fonds de l’aide néerlandaise.

M. Boni Yayi (au pouvoir depuis 2006) a également caressé l’espoir de modifier la Constitution afin de pouvoir briguer un troisième mandat, comme d’autres chefs d’Etat tentent de le faire ou l’ont déjà fait (Burundi, Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo…).

« Le Bénin choisit lui-même son gouvernement »

Il a finalement renoncé, et perdu les élections législatives, en avril. M. Hollande s’est ainsi félicité des « trois alternances démocratiques en vingt-cinq ans, des échéances toujours respectées, des élections régulières : autant de preuves que le Bénin a réussi à donner à ses institutions une pleine traduction démocratique ».
« La stabilité des institutions, c’est la stabilité du pays », a posé François Hollande lors du seul discours politique prononcé au cours de cette mini-tournée africaine de quarante-huit heures. Evoquant le contre-exemple du Burundi, le président a ainsi souligné que « l’acceptation du verdict des urnes [était] la preuve de la maturité de la part de ceux qui gouvernent ».
Il y a deux semaines, à huit mois de la prochaine élection présidentielle, Thomas Boni Yayi avait surpris en nommant au poste de premier ministre le banquier franco-béninois Lionel Zinsou, 60 ans, ancien conseiller de Laurent Fabius et dirigeant du fonds d’investissement PAI Partners, au poste de premier ministre. « Le Bénin choisit évidemment lui-même son gouvernement, et cela n’a rien à voir avec les positions du président français », affirme un conseiller de M. Hollande, repoussant l’idée d’une nomination inspirée par Paris.

L’Angola, puis le Cameroun

« Au Bénin, la transition, ça marche ! », vante un parlementaire béninois du parti présidentiel, Jean-Marie Alagbe, qui ajoute : « Si François Hollande vient au Bénin, c’est que la démocratie fonctionne. » Une réalité locale qui ne concerne que de loin les deux prochains pays-étapes du voyage présidentiel.
Jeudi après-midi, François Hollande devait, en effet, se rendre en Angola puis, vendredi, au Cameroun. Deux Etats dirigés par deux présidents, champions au titre de l’ancienneté au pouvoir : José Eduardo Dos Santos (72 ans) dont le règne dure depuis trente-cinq ans et Paul Biya (82 ans), à la tête du Cameroun depuis trente-deux ans.

Avant qu’il ne décolle pour Luanda, l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) a d’ailleurs demandé à François Hollande « d’appeler à la libération de 15 jeunes Angolais détenus pour leurs opinions politiques », en référence à « quinze jeunes hommes ayant participé à un atelier de réflexion sur les stratégies non violentes de protestation contre le pouvoir (…) arrêtés les 20 et 21 juin 2015 ». Ils sont « poursuivis pour rébellion et attentat contre le président de la République ».
L’ACAT appelle également « à la révision de la loi antiterroriste au Cameroun », selon les termes de laquelle : « Toute grève, manifestation ou appel à la désobéissance civile peuvent être assimilés à un acte de terrorisme. »

Lutte antiterroriste

La visite du chef de l’Etat au Cameroun est d’ailleurs placée, en partie, sous le signe de la lutte antiterroriste, notamment contre la secte islamiste nigériane Boko Haram. Mais François Hollande a aussi prévu de rencontrer à Yaoundé des représentants d’organisations non gouvernementales et d’associations de défense des droits de l’homme.
Il compte ainsi évoquer avec son homologue camerounais les questions judiciaires et notamment le cas de l’avocate franco-camerounaise Lydienne Yen Eyoum, condamnée à vingt-cinq ans de prison pour détournement de fonds. Une peine jugée, à Paris, « choquante par sa disproportion ».
« Je ne change pas de discours selon les lieux où je me déplace », a précisé M. Hollande lors d’une conférence de presse à Cotonou. « Je vais aller en Angola et au Cameroun, je ne vais pas changer de propos pour autant. Les Constitutions sont faites pour être respectées. Quand ce sont les mêmes qui ont voulu des changements et qui font encore des changements aux changements dans le but de se perpétuer, il y a là un risque, pour la démocratie mais aussi pour la stabilité et la sécurité. »
 
lemonde.fr

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