L’homme
ne manque pas une occasion pour menacer de paisibles populations sans
défense. Allant jusqu’à parler froidement du « goût du sang humain » ou
du « sang des autres » si, d’aventure, sa réforme constitutionnelle se
heurtait à l’hostilité prévisible d’un peuple dont les aspirations sont
aux antipodes de sa volonté de mourir au pouvoir.
Tribune libre
Sentant
sa chute inéluctable, après des décennies de règne sans partage, le
président congolais, voïvode de son Etat, veut encore croire à la
puissance de sa baïonnette. Dissimulant à peine son désarroi, il tient
de plus en plus des discours glaçants, face à son peuple.
L’homme
ne manque pas une occasion de lancer des menaces à des paisibles
populations sans défense. Allant jusqu’à parler froidement du « goût du
sang humain » ou « le sang des autres », si d’aventure sa réforme
constitutionnelle se heurtait à l’hostilité prévisible d’un peuple dont
les aspirations sont aux antipodes de sa volonté de mourir au pouvoir.
Claire
comme de l’eau de roche, la Constitution congolaise constitue une
avancée démocratique contemporaine garantissant l’alternance. Inspirant
le respect, en ce sens qu’elle contient une triple limitation
intouchable sans ambiguïté notamment le nombre de mandats, la durée d’un
mandat ainsi que l’âge limite des candidats.
A quelques mois des présidentielles, la Loi Fondamentale, exige du
premier magistrat qu’est le Président de la République son respect
absolu et par conséquent son application stricte.
Mais
l’anti-constitutionalisme viscéral du Président le conduit à se dérober
de son devoir en regardant ailleurs tout en développant des multiples
initiatives visant la conservation du pouvoir coûte que coûte. C’est de
la haute trahison, ont tranché récemment les parlementaires burkinabè confrontés à la même problématique.
Pervertir
la sagesse traditionnelle ou pratiquer la pseudo-concertation ou encore
monologuer en palabrant en lieu et place d’un dialogue sain constituent
des itinéraires bis de la voie de contournement de la Constitution. Il
est effarant de constater que la seule personne ayant prêté serment
quant à la défense absolue de cette Constitution feigne d’ignorer sa
tâche ainsi que les institutions étatiques mises à sa disposition à
l’instar de la Cour Constitutionnelle.
Les
bourreaux de cette Constitution, érigés en sages, dialogueurs nationaux
ou en Président, ont lancé l’assaut de l’ordre constitutionnel et
tentent de déverrouiller les fondamentaux garantissant l’alternance.
Composé essentiellement d’opportunistes et courtisans du pouvoir
militaro-ethno-mafieux passéistes, un coup d’Etat est en cours désormais
au Congo. Leur objectif consiste à porter le fer à une disposition
fondamentale ayant garanti la paix et la stabilité du pays. Un paradoxe.
Le
président congolais qui cumule plus d’un demi-siècle de pouvoir fait
figure de dernier chef de guerre venu du passé et fossilisé à la tête de
son Etat. Incontestablement, le chef de l’Etat congolais a déjà manqué
sa sortie. Son sort, scellé par la Constitution, attend un dénouement
peut-être dans la rue qu’il quadrille pour l’instant.
Ce
dernier combat que livre en fait ce futur ex-président est assez
inédit. Il est, sans nul doute, le plus compliqué pour lui. En effet, se
battre avec un papier rédigé par soi-même donne le tournis et incite le
Président à la paranoïa. Affronter la Constitution en 2015, à coups de
pseudos sages, de concertation et de dialogue s’avère cocasse et
dérisoire.
Cependant,
sortir les blindés et hélicoptères constitue une déclaration de guerre
face à une population sans défense. Peut-on déclarer la guerre à son
peuple ? Quelle hérésie !
Devant
cette démonstration de panique du pouvoir, les rues de Brazza et
Pointe-Noire sont étonnamment calmes. Mais ce silence dissimule beaucoup
de bruit. Au torrent d’hémoglobine non encore asséché, le pouvoir de
Brazzaville, en chaussant ses grandes bottes, veut-il à nouveau y
ajouter des mètres cubes de sang en marchant sur les cadavres des
congolais ?
Complètement
absurde, cet acte de violence, aux senteurs cadavériques, propre à un
pouvoir aux abois révèle surtout le caractère injuste de sa cause.
Mépriser le peuple inspire le dégout d’un pouvoir déjà vomi en 1992 et
tyrannique de surcroit.
Ce
quadrillage de la ville par des blindés précise malheureusement
l’engagement du pouvoir de Brazzaville dans son processus du « gout du
sang humain » dévoilé par le Président à Kinkala. Trop de cadavres
jonchent le sol congolais et trop d’énigmes attendent d’être élucidés.
Arrivé
au pouvoir par l’épée, ce pouvoir mérite bien sa place dans les
poubelles de l’histoire. Comme tous les jeunes du monde entier, la
jeunesse congolaise dont la moyenne d’âge est de 19 ans veut du pain,
pas de sang ; du lait, pas des larmes de sang ; du boulot, pas de bagne …
Bref, la fin des humiliations afin de se dresser debout et contribuer
fièrement au concert mondial à travers son talent non encore exploité.
Affolé
à l’idée de quitter le pouvoir, le président semble à peine réaliser
que nul n’est détenteur d’un quelconque titre foncier du pays. Et pour
cause, celui-ci appartient à tous les congolais. Totalement étrangers à
la culture démocratique, les cadres et dirigeants de l’establishment,
habitués à la manipulation des données électorales en vue des résultats
officiels voulus et toujours biaisés sont confrontés à une difficile
équation.
Entre
conserver le pouvoir au prix du sang d’une part, et sonner les
trompettes de libération du peuple au prix du sang, d’autre part, il y
a, sans aucun doute, un juge de paix que constitue le respect de la
Constitution actuelle. Option, hélas, rejetée par la dictature qui
s’emploie à déconstruire les acquis tout en convoquant, sans cesse, les
facteurs douloureux d’instabilité.
C’est
là qu’apparait la responsabilité ardente et historique de la diaspora
qui est d’accompagner la gestation de ce temps nouveau en défiant cette
dictature à travers un soutien réel et efficace en vue de l’instauration
de la démocratie en cette Afrique naufragée.
Abraham Avellan WASSIAMA
http://mwinda.org
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