samedi 4 juillet 2015

Agression sexuelle sur enfants au Burkina: un soldat français mis en examen et laissé en liberté

Le soldat français des forces spéciales soupçonné d'attouchements sexuels sur deux fillettes à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a été mis en examen vendredi soir à Paris et laissé en liberté.
Le parquet de Paris avait requis le placement en détention provisoire de cet homme de 38 ans mais un magistrat spécialisé a décidé de sa remise en liberté.
Le soldat a été mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans et enregistrement d'images présentant un caractère pornographique d'enfant de moins de 15 ans, a précisé une source judiciaire. Le militaire est soupçonné d'attouchements et d'avoir filmé les images.
Un second militaire, âgé de 36 ans, avait été arrêté et ramené en France pour être placé en garde à vue jeudi matin, mais il a été remis en liberté sans qu'aucune charge ne soit retenue à son encontre à ce stade.
Les faits présumés ont eu lieu dimanche dans la piscine d'un hôtel de Ouagadougou, dans un contexte "très alcoolisé", selon une source proche du dossier. Les victimes sont deux fillettes franco-burkinabè de trois et cinq ans.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère de la fillette de 3 ans serait allée se baigner dans cette piscine, où elle aurait lié conversation avec les deux soldats avant de les convier à son domicile pour boire un verre.
Selon une source proche du dosssier, l'un des deux hommes y a oublié sa caméra portative. La mère a alors visionné les images, des scènes filmées sous l'eau, et vu des attouchements auxquels l'un des soldats est soupçonné de s'être livré sur les fillettes.
Elle s'est alors rendue à l'ambassade de France pour dénoncer les faits.
Le père de la fillette de 5 ans, Ben Idriss Ouédraogo, a réagi avec satisfaction à la présentation d'un des deux soldats devant la justice.
"Je vais tout mettre en oeuvre pour que le deuxième soit inculpé (mis en examen) parce que c'est une complicité. Il était au courant de ce que faisait son camarade", a-t-il cependant affirmé à l'AFP.
Les deux soldats ont été suspendus dès mardi par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Interrogés mercredi par des gendarmes français et burkinabè à Ouagadougou, ils avaient été rapatriés dans la nuit.
Deux mois après les révélations sur des accusations d'abus sexuels sur des enfants contre des militaires français en Centrafrique, les fait ont été immédiatement signalés aux autorités burkinabè, qui ont accepté de laisser la justice française prendre la main.
Les deux soldats des forces spéciales étaient au Burkina Faso pour participer à l'opération antiterroriste "Barkhane", lancée début août au Sahel et conduite par l'armée française.
Quelque 3.000 soldats français au total sont déployés dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger).
Evoquant un "fait divers grave", le président François Hollande avait estimé jeudi, depuis Cotonou (Bénin) où il effectuait un déplacement, que l'affaire ne devait pas être "(mise) en rapport avec ce qui s'est passé en Centrafrique".
Quatorze militaires stationnés à Bangui ont été accusé de viols par six enfants de neuf à treize ans. Parmi eux, trois ont été identifiés.
Informé dès juillet 2014 de ces accusations, M. Le Drian avait saisi la justice française et lancé une enquête interne, mais sans dévoiler l'affaire.
Ce silence lui a été reproché lorsque le scandale a éclaté fin avril dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian. La justice centrafricaine a aussi protesté contre le fait de ne pas avoir été informée de l'affaire.

republicain-lorrain.fr

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