Le chef de l’Etat a prononcé un discours vendredi dernier à l’occasion de triomphe des 33ème et 34ème promotions de l’Emia. Pour la première fois, il se prononce sur l’effort de guerre des Camerounais.
Le discours de Paul Biya vendredi dernier lors de la cérémonie de triomphe des 33ème et 34ème promotions de l'Emia était bref dans la forme,mais dense dans le fond. Depuis le déclenchement de la guerre contre la secte terroriste Boko Haramenmai 2014, c’est la première fois qu’il prononce un discours au cours d’un événement concernant exclusivement les militaires. Cette adresse était donc attendue. Attendue aussi parce que la cérémonie intervient dans un contexte où face à cette guerre, des Camerounais se sont mobilisés pour apporter chacun son effort de guerre. Mais depuis peu, cette mobilisation- du reste louable a pris des allures très politiques.
L’acheminement au front et aux populations déplacées et refugiées des dons collectés inquiétait déjà y compris les parlementaires. Au cours d’une conférence de presse, Issa Tchiroma Bakary, leministre de la Communication, a déclaré que l’Etat n’a jamais demandé à quelqu’un de cotiser. Que pense donc Paul Biya de ce « coup de coeur » ? Il en a parlé dans son discours et en bien. « Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le peuple camerounais s’estmassivement mobilisé, et se mobilise encore, dans l’enthousiasme et la spontanéité, pour apporter, dans un bel élan de solidarité, une contribution généreuse à l’effort de guerre. Je voudrais, ici et maintenant, lui rendre un vibrant hommage pour ce soutien total à nos forces de défense. Enma qualité de Chef d’Etat et Chef des Armées, je lui adresse mes félicitations pour cette impressionnante démonstration de patriotisme ». Paul Biya qui n’utilise pas le mot remercier demande néanmoins au peuple de continuer à se mobiliser dans une démarche qu’il qualifie de « royale » : « Je l’encourage à persévérer dans cette voie royale », lance-t-il.
Diaspora
Certains députés estiment que Paul Biya devrait aller plus loin pour les remercier particulièrement. « C’est à l’Assemblée nationale que j’ai demandé que les Camerounais se mobilisent pour soutenir l’armée et nos frères qui souffrent. Le chef de l’Etat devrait par reconnaissance nous remercier de façon particulière. C’est ingrat » ; déclare Lazare Souob, l’unique député Mrc. Pour ce parlementaire et bien d’autres, le chef de l’Etat a fait deux grosses omissions : « Le chef de l’Etat devrait lancer un appel à la diaspora pour qu’elle apporte aussi sa contribution. Ensuite, il aurait dû rassurer ceux qui contribuent pour que leur effort de guerre sera acheminé à bon port », explique Lazare Souob.
Paul Biya était aussi attendu pour clore le débat sur le rôle de la France dans le cadre de la lutte contre cette secte. Malgré les communiqués et autres mises au point des autorités françaises, cette grande puissance, « amie du Cameroun » continue d’être accusée sur certains plateaux de télévision et même dans les chaumières d’être en intelligence avec la secte. «Nous nous félicitons également de l’appui sans réserve reçu de la communauté internationale », s’es t-il contenté de dire. Un haut responsable du Rdpc croit savoir qu’on ne peut parler de la communauté internationale sans parler de la France.
Buhari
Paul Biya vient de renouveler ses remerciements à « son frère et ami », le Tchadien Idriss Deby Itno pour son intervention aux cotés du Cameroun pour combattre Boko Haram. « Nous ne l’oublierons pas », promet-il, coupant court aux interrogations des uns et des autres sur la nécessité pour ce pays de venir combattre chez nous. « Je dis aussi merci au Tchad », dit Lazare Souob. A contrario, le chef de l’Etat n’a pas souhaité parler duNigeria, ni de la récente élection deMuhammadu Buhari qui, selon certains analystes pourrait changer la donne sur cette guerre.
Il faut aussi retenir que dans ce discours, Paul Biya rend un hommage appuyé à nos soldats. Il explique aux Camerounais que le pays est vraiment en guerre. « Ne l’oublions pas un seul instant, c’est une véritable guerre à laquelle participent nos valeureux soldats. Une guerre qui nous a été imposée par un adversaire implacable qui défie les lois de l’humanité ». Quelle est la situation sur le terrain ? Combien coûte cette guerre à notre pays ? Paul Biya n’a pas voulu s’étendre sur ces aspects.
© Le Jour : Younoussa Ben Moussa
camer.be
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