Le président sortant, Faure Gnassingbé, dont la famille dirige le Togo depuis quarante-huit ans, a été réélu par 58,75 % des suffrages exprimés, contre 34,95 % à son principal adversaire, Jean-Pierre Fabre, a annoncé mardi 28 avril dans la soirée la commission électorale togolaise, s'appuyant sur des résultats encore provisoires – avant les éventuels recours en contestation devant la Cour constitutionnelle.
L'abstention s'élève à 40,01 %, contre 35,32 % lors de la précédente élection présidentielle, en 2010. Une victoire presque immédiatement contestée par le principal parti d'opposition, qui a pour sa part revendiqué celle de son candidat, Jean-Pierre Fabre. « CAP 2015 et son candidat Jean-Pierre Fabre rejettent catégoriquement les résultats frauduleux qui n'ont rien à voir avec ceux compilés à partir des procès-verbaux collectés auprès de leurs représentants dans les bureaux de vote » et « se félicite de la victoire de son candidat Jean-Pierre Fabre », a déclaré Patrick Lawson-Banku, le directeur de campagne de cette coalition.
Scrutin libre et transparent
Sans surprise, M. Fabre est de son côté arrivé en tête à Lomé, historiquement acquise à l'opposition, même si M. Gnassingbé y a gagné des voix. Ce dernier domine largement dans le Nord, région d'origine de sa famille.
L'Union européenne (UE), principal bailleur de fonds du Togo, a estimé que l'élection de samedi s'était « déroulée dans le calme, confirmant l'attachement du peuple togolais à la démocratie ». La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et l'Union africaine (UA), qui avaient déployé des observateurs électoraux, ont également décrit un scrutin libre et transparent.
L'opposition, dont M. Fabre, le leader, présente une personnalité peu consensuelle, a peiné à proposer une réelle solution de rechange et s'est présentée divisée, avec trois autres candidats : Tchabouré Gogué, président de l'Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), a obtenu 3,08 % des suffrages ; Komandega Taama, président du Nouvel engagement togolais (NET), 1,06 % ; et Mouhamed Tchassona-Traoré, président du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD), 0,99 %.
Réformes démocratiques depuis 2007
Faure Gnassingbé avait été porté au pouvoir de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest comptant sept millions d'habitants par l'armée en 2005, à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui régna d'une main de fer pendant trente-huit ans. Une présidentielle calamiteuse avait suivi la même année, entachée de violences (400 à 500 morts et des milliers de blessés, selon l'Organisation des Nations unies) et de très nombreuses fraudes.
Après plusieurs réformes – multipartisme, liberté de la presse, abolition de la peine de mort – qui ont entraîné en 2007 la levée des sanctions internationales instaurées du temps de son père pour « déficit démocratique », M. Gnassingbé avait été réélu en 2010 avec 60,88 % des voix, déjà contre M. Fabre (33,93 %), dans un scrutin contesté par l'opposition mais jugé acceptable par la communauté internationale.
lemonde.fr
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