mardi 27 juillet 2010

Le Gabon prépare « sa » révolution verte à travers la création de cinq zones agricoles, sur l’ensemble du territoire

(Gabonews 27/07/2010)
Libreville - Le Gouvernement gabonais a décidé de la création de cinq (5) zones agricoles sur l’ensemble du territoire pour s’approprier l’autosuffisance et garantir la sécurité alimentaire du pays, a annoncé, dimanche soir, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et du développement rural, Raymond Ndong Sima, dans une émission télévisée.
CINQ GRANDES DIRECTIONS OPERATIONNELLES
La nouvelle carte agricole classe la « province de l’Estuaire, qui abrite la capitale, dans une zone à part entière, suivie de celle du Moyen-Ogooué/Ogooué-Maritime; Ngounié/Nyanga; Woleu- Ntem/Ogoué-Ivindo et Ogooué-Lolo/Haut –Ogooué, a décliné le ministre de l’Agriculture devant les journalistes des services public et privé.
M. R. Ndong Sima a justifié la création de ces 5 zones agricoles par leurs similitudes (forêt/ savane) afin que les « provinces qui ont des points communs soient mises en ensemble ».
Ce nouveau dispositif ou ‘’révolution verte’’, nécessite, en amont, une redistribution des cartes au niveau administratif d’où la reconfiguration de son Ministère avec la constitution de cinq (4) grandes directions opérationnelles: Agriculture, Elevage, Pêche et Développement rural.
Mais, il a exprimé le « souhait d’avoir une grande direction chargée des études et de la statistique agricoles pour la traçabilité ».
Si le Gabon importe pour près de 250 milliards de FCFA de produits alimentaires, « il n’en demeure pas moins vrai qu’il n’existe point d’inventaire et comptabilité de la production locale. Pour l’heure, nous ne savons pas ce qu’on produit », a-t-il concédé.
La promotion des zones agricoles vise à tourner la page par les différents plans quinquennaux depuis 1975 à 1986 avant d’être remis en cause par les programmes d’ajustement structurel mis en place avec l’appui du Fonds Monétaire international. Cette politique s’est traduite par un désengagement de l’Etat des unités de production de l’hévéa, la canne à sucre, le palmier à huile…
Le dispositif encours va s’opérer avec un cahier de charges particulier fondé sur la production de base appuyée par des techniques nouvelles pour augmenter le rendement, l’invitation aux opérateurs économiques qui ont cette qualification et l’agriculture de compétition, celle du futur, a articulé le ministre.
Plus explicite, il a déclaré que la faible démographie du Gabon ne pouvait se conjuguer avec une agriculture extensive « même les Etats-Unis, grande puissance agricole, ont fait le choix de la mécanisation pour résoudre la problématique démographique. A ce titre, le poids des fermiers américains n’est plus à démontrer ».
Le gouvernement gabonais, a-t-il souligné, peut compter sur des partenaires tels que le Brésil, la Chine, Israël, le Maroc qui disposent d’une expérience avérée et peuvent soutenir la nouvelle approche agricole du pays.
Encore faut-il qu’un changement de mentalités s’opère, autant au sein les populations rurales, très attachés aux méthodes traditionnelles (cultures sur brulis) que chez celles, peu enclines au travail de la terre, a-t-il préconisé.
Le dépeuplement des villages au profit des grands centres administratifs et économiques (Libreville, Port-Gentil, Franceville, Moanda, Gamba…) a contribué, entre autres, à augmenter le taux de chômage parmi les jeunes.
L’orientation d’une partie de la jeunesse vers le secteur agricole nécessite un examen approfondi avec le souci d’écouter les avis et les propositions des jeunes eux-mêmes qui veulent sortir de l’impasse. Car, en filigrane, se pose la question du financement, a-t-on observé.
PROBLEMATIQUE DU FINANCEMENT DES ACTIVITES AGRICOLES PAR LES BANQUES
La solution du problème relève davantage des bailleurs de fonds que de la volonté des décideurs politiques nationaux.
Si les autorités gouvernementales établissent des choix stratégiques, le ministre l’Agriculture a saisi l’occasion pour affirmer: « les banques ne sont pas très chaudes pour financer les activités agricoles(…). Elles réclament des garanties sous forme de patrimoine foncier avant l’octroi de tout crédit dans l’agriculture où le cycle de production s’étale à court, moyen et long terme ».
Tout dépend, on le voit, des institutions de financement. Economie libérale oblige avec des tendances plus monétaristes qu’économistes, indiquent-on, certains milieux financiers, à Libreville.
Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture qui dispose, cette année, d’une inscription budgétaire, de 34 milliards de FCFA destinés aux investissements, a injecté 900 millions de FCFA dans un fonds de garantie pour les exploitants agricoles.
L’Etat entend aller plus loin. La mise sur pied d’un nouveau dispositif agricole sur le territoire national s’accompagnera d’une politique foncière adaptée pour éviter des conflits (récurrents dans plusieurs pays) entre populations autochtones et les investisseurs potentiels, dans les zones exploitables.
En sus, les pouvoirs publics entendent renforcer le volet formation à plusieurs paliers (recherche, niveau intermédiaire et exécution).
Des cadres de formation ont vu le jour à l’université des Sciences et Techniques de Masuku (sud-est) et à Oyem (nord) ; reste à adapter les enseignements au nouveau contexte.
Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, le premier ministre, chef du Gouvernement, Paul Biyoghé Mba, a rappelé que l’objectif du « Gabon émergent », projet de société du président Ali Bongo Ondimba, était de « partir l’état actuel de notre pays, caractérisé par une économie de rente, de cueillette, vers une situation bien meilleure, qui se signale en particulier par une économie de production diversifiée transversalement et verticalement ».
La révolution verte devrait compléter les nombreux atouts contenus dans la nature.
Ainsi que l’affirmait M. Biyoghé Mba toujours face aux députés: « Il faut bien noter que tout ce que nous avons aujourd'hui, c'est Dieu, la nature qui nous l'a donné: le bois dans la forêt, personne ne l’a planté, le poisson dans la mer, les fleuves et les rivières, personne ne l'y a mis; il en est de même du pétrole, du manganèse et des outres ressources qui sont dans notre sol et sous-sol. Ce sont des dons de la providence ».

GN/RA
Mis à jour ( Lundi, 26 Juillet 2010 16:42 )
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