(Courrier International 29/07/2010)
L'Algérie et les pays de la région doivent impérativement conjuguer leurs efforts pour lutter contre le terrorisme, sans attendre que les Occidentaux fassent le travail, estime le quotidien d'Alger El-Watan. Faute de quoi les conséquences pour ces pays seront dramatiques.
L'assassinat, le 24 juillet au Mali, du Français Michel Germaneau par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) rappelle combien le phénomène du terrorisme au Sahel n'est pas une vue de l'esprit et souligne une nouvelle fois en rouge l'urgence pour les Etats de la région, s'ils veulent sécuriser durablement leurs territoires, de jeter sans plus attendre les jalons d'une réelle coopération militaire. Pour le moment, il n'y a certainement pas lieu d'attendre de grands résultats de la lutte antiterroriste du comité d'état-major opérationnel installé à Tamanrasset et dirigé conjointement par l'Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso. Il faudra certainement du temps pour que cette structure trouve la cohésion, les moyens et les réflexes nécessaires pour la conduite d'opérations sur le terrain. Néanmoins, les Etats impliqués dans ce projet ne doivent pas éternellement se cacher derrière le manque d'expérience pour se dérober à leurs responsabilités en espérant que les Occidentaux finiront bien un jour par venir "nettoyer" la région à leur place. L'expérience de ces derniers mois montre bien que cette tentation est grande chez certains leaders de la région. Inutile de dire que céder à de tels calculs risquerait non seulement d'être dramatique pour le Sahel au plan sécuritaire, mais incontestablement aussi de donner durablement du grain à moudre aux terroristes et aux criminels de tout acabit.
L'expérience menée en la matière par l'Algérie prouve que, en plus d'exiger des moyens militaires conséquents, la lutte contre le terrorisme requiert une détermination à toute épreuve et, surtout, une volonté politique qui ne doit s'accommoder d'aucune forme de faiblesse. A ce propos, il n'est pas interdit de penser que le choix des groupes terroristes de transférer le gros de leurs bases au Sahel peut avoir été guidé par la conviction que les pays de la région ne présenteraient pas pour eux une menace immédiate. Si nous nous interdisons d'admettre l'idée qu'il puisse y avoir une forme de complicité entre les gouvernements des Etats du Sahel et les groupes affiliés à AQMI, nous pouvons par contre regretter la nonchalance qui caractérise la lutte antiterroriste dans ces contrées. Une nonchalance appuyée par l'idée erronée selon laquelle certains pays ne sont pas les cibles prioritaires des terroristes. Ces pays, qui donnent l'impression de prendre pour argent comptant la propagande distillée par les groupes terroristes, perdent visiblement de vue que le terrorisme n'a pas d'amis, mais uniquement des ennemis. Ils doivent se mettre une bonne fois pour toutes dans la tête qu'un jour ou l'autre, s'ils laissent faire les choses, les terroristes finiront par se retourner contre eux pour prendre leur place. Gageons que personne ne veut en arriver là !
Têtes pensantes
L'islamologue et professeur d'université suisse d'origine égyptienne Tariq Ramadan profite de sa présence à Bamako, où il participe à un colloque sur les musulmans des pays francophones, pour réagir au décès tragique de l'otage français Michel Germaneau, tué le 24 juillet par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Dans une interview accordée au quotidien malien L'Indépendant, Ramadan prône une meilleure
coordination des Etats concernés ainsi qu'une vraie politique éducative à l'égard des jeunes susceptibles de se faire enrôler. "Ce ne sont pas les jeunes manipulés par les salafistes qu'il faut viser, mais les têtes pensantes qui sont derrière eux. La voie des armes n'est pas la meilleure des solutions. Seule une véritable bataille pédagogique en viendra à bout", a-t-il estimé
Zine Cherfaoui . El Watan
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