(Xinhuanet 30/07/2010)
YAOUNDE -- En application des recommandations de la conférence des Nations Unies sur le cacao tenue fin juin à Genève en Suisse et sanctionnée par l'adoption d'un nouvel accord international relatif à la transparence économique mais en vigueur dès 2012, le Cameroun s'est doté d'un système de transparence et d'amélioration de la compétitivité élargi au café.
Dans ce pays d'Afrique centrale, d'une population de 19,4 millions d'habitants et à majorité agricole (entre 60 et 70%), les deux produits sont liés et les activités sont supervisées par l'Office national du cacao et du café (ONCC, gouvernemental) à côté duquel il existe un Conseil interprofessionnel.
"Pour qu'un marché soit efficace, il faut qu'il soit transparent. Et la transparence, ce sont les informations qui sont mises à la disposition des acteurs sur le marché. Si quelqu'un arrive sur le marché sans avoir les éléments de base sur les quantités produites, les qualités demandées, les opportunités, les destinations, c'est du tâtonnement", a soutenu à Xinhua le directeur général de cet organisme, Michael Ndoping.
"Dans le système d'information, nous allons avoir une base de données sur des informations pertinentes qui vont permettre à tous les acteurs, surtout de la chaîne de commercialisation, acheteurs et vendeurs, de prendre des décisions qui leur permettent de se faire de l'argent. Il y a des mécanismes qui permettent de réguler le marché, mais au stade actuel, nos producteurs ne maîtrisent pas ces mécanismes sur les risques", a-t-il affirmé.
Pour M. Ndoping, ce système a le mérite de permettre aux producteurs ignorants de l'évolution du marché d'échapper aux acheteurs véreux communément appelés "coxeurs".
"Prenez un bassin de production, dit-il, où le producteur et l'acheteur ne connaissent pas le prix à l'international, ils ne savent pas calculer les frais d'approche, ils ne connaissent pas les prix bord-champ. En ce moment-là, les fameux coxeurs profitent de cette ignorance pour les exploiter".
En marge de la campagne 2008-2009, le Cameroun a commercialisé 205.000 tonnes de cacao, contre 187.000 t la saison précédente, informe l'ONCC. La production actuelle de café est de 43.000 tonnes. C'est la plus faible depuis des 10 dernières années, mais il est fait état d'une ambition de 125.000 t à l'horizon 2015.
Avec plus de 600.000 planteurs dénombrés et répartis dans 7 bassins de production (Centre, Est, Littoral, Nord-ouest, Ouest, Sud et Sud-ouest), les activités dans la filière profitent directement ou indirectement à 6 millions de Camerounais, d'après le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), également basé à Douala, la métropole économique du pays, comme l'ONCC.
A l'initiative du CICC, principal promoteur du système d'iformation sur les prix et marchés, dans le cadre de la mise en oeuvre d'un programme d'appui à la filière financé par l'Union européenne (UE), un colloque national se tient en ce moment à Limbe, ville balnéaire du Sud-ouest du Cameroun, sur l'organisation interne de la commercialisation dans les filières cacao-café et la validation du système d'information sur les prix et marchés.
"Les cours du cacao et du café sur les marchés internationaux sont repartis à la hausse. Durablement certainement ! Dans tous les cas, c'est tant mieux pour les producteurs qui peuvent enfin vivre de leur labeur, souligne la note d'information de ces assises qui qualifie par ailleurs de "salutaire" le système d'information en voie de validation, pour la maîtrise des dysfonctionnements observés dans la filière.
Au rang des dysfonctionnements, figurent les carences éthiques qui font que "certains opérateurs de la filière dans les rangs des intermédiaires pourraient être coupables de l'absence de transparence dans la commercialisation du cacao et du café qui fait obstacle à une rémunération équitable des producteurs et impacte négativement les quantités et la qualité de la production, en même temps que l'image de toute la filière s'en trouve écornée", selon le président du CICC, Appolinaire Ngwé.
Parmi ses participants, le colloque rassemble prioritairement les collèges professionnels des producteurs, des usiniers- acheteurs, des exportateurs et des transformateurs industriels locaux du caco et du café. S'ajoutent, les représentants des ministères du Commerce, de l'Agriculture et du Développement rural, de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.
Autres parties prenantes, l'ONCC, le Fonds de développement du cacao et du cacao (FODECC), les organisations de contrôle de la qualité, transitaires, importateurs et distributeurs de matériel et d'intrants agricoles, l'Union européenne et la Banque mondiale.
La réflexion porte sur la clarification des rôles respectifs des organisations de producteurs et des acheteurs, de l'ONCC, du secrétariat permanent du CICC, de l'administration territoriale et des communautés rurales décentralisées ainsi que des sociétés de contrôle de qualité, des structures de financement dans les opérations de commercialisation.
La discipline professionnelle dans la filière, la structure des coûts, l'organisation des marchés, la mise en place et le fonctionnement des comités locaux de commercialisation, les statistiques et la traçabilité dans les opérations de commercialisation puis la collecte et la diffusion de l'information constituent autant d'autres sujets de discussions.
Comme avec la plupart de ses matières premières, le Cameroun commercialise sans valeur ajoutée en direction des marchés extérieurs ces deux produits de rente qui ont constitué pendant longtemps le moteur de l'économie nationale avant la chute des cours mondiaux dans les années 90. Pour le cacao, le directeur général de l'ONCC parle d'un taux de transformation locale de moins de 8% de la production nationale.
Préoccupés par cette situation, le vice-Premier ministre en charge de l'Agriculture et du Développement rural, Jean Nkuété, et le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, ont lancé début juillet à Santchou, un bassin de production de l'Ouest, un projet-pilote d'implantation des centres d'excellence pour la valorisation du café.
Selon le ministre Mbarga Atangana, c'est un projet qui vise à promouvoir les cafés spéciaux, les cafés dits lavés.
"Nous visons des niches de marché qui valorisent mieux notre produit, qui le distinguent et le différencient du produit générique que tout producteur peut mettre sur le marché. C'est pour cela que nous parlons de cafés lavés", avait-il expliqué.
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