(Seneweb 27/07/2010)
«Il y a des politiciens qui, si leurs électeurs étaient cannibales, leur promettraient des missionnaires pour le dîner.» Henri Louis Mencken
Pas plus tard que mardi dernier, Samuel Sarr, devant les parlementaires, promettait (encore une fois) de mettre fin aux délestages vers le 15 août, avant de se rétracter finalement sur 2012. Dans la même semaine, Abdoulaye Wade le contredit et parle de février 2011. Entre le président et son ministre de l’énergie, quelqu’un n’a pas dit la vérité aux Sénégalais.
Hier soir, l’idée m’est venue de passer en revue les promesses d’Abdoulaye Wade, lorsque je tombe sur un papier du Quotidien daté du 6 décembre 2008, dans lequel le journaliste rapportait les propos du président sénégalais, qui, en 2006, promettait d’installer en 2009, une usine d’avions et de véhicules gros porteurs à Thiès, la capitale du Rail. J’étais partagé entre l’envie de rire et le désir de me réjouir rien qu’à l’idée d’imaginer une usine de montage d’avions dans la cité rebelle. Selon toujours le journaliste, Abdoulaye Wade, qui, le 13 novembre 2006 inaugurait l’industrie de montage de véhicules Sen Iran Auto, promettait un investissement d’un montant de 50 milliards de dollars, c'est-à-dire 2 500 milliards de Francs CFA dans « un projet qui générerait 500 emplois, grâce à une coopération entre le Sénégal et le Soudan ». Les chiffres sont effarants, il faut le reconnaître. Le président avait promis de mettre en place ce projet d’ici deux ans, c'est-à-dire en 2009 au plus tard. « Mais pour le moment, Wade ignore la zone qui va abriter cette usine de fabrication d’avions », avait renchéri le journaliste du Quotidien, qui s’est demandé si Wade est conscient de ce que représente 50 milliards de dollars, soit 2 500 milliards de Francs, presque 2 fois le budget de l’Etat du Sénégal qui avoisinait les 1 600 milliards en 2010. Passons sous silence la construction du chemin de fer Dakar-Djibouti, les TGV, la centrale nucléaire, sans mentionner l’arrivée du tramway à Dakar avant fin 2005…
« Faire de nouvelles promesses afin d’oublier les anciennes »
Pas plus tard que cette semaine, monsieur promesses a encore renoué avec ses habitudes, en promettant de construire entre 50 000 et 70 000 logements pour les sinistrés de la banlieue et victimes des inondations depuis 2005. Là encore, les chiffres sont plus qu’effarants. Si le plan Jaxaay était couronné de succès comme l’ont vanté ses initiateurs, pourquoi faire appel à une société américaine pour construire autant de logements ? ‘Jaxaay’, ou ‘thiaaxaane’ (rigolade) comme l’ont appelé ses détracteurs, n’a pas fait marrer la banlieue, et la volonté de Wade de construire cette pléthore de logements constitue un aveu d’échec d’un projet dont les soubassements étaient purement politiques : le report des élections législatives de 2006. Ce que les journalistes ont manqué de demander au président à propos des 70 000 logements, c’est le nom de cette ‘société américaine’ qui aurait gagné le marché, le délai ainsi que le coût global du projet, lequel, à coup sûr, ne se fera pas sans l’argent du contribuable. Souhaitons que ce projet de relogement ne connaisse pas le même sort que l’usine de fabrication d’avions, laquelle, jusqu’ici, n’existe que dans la tête du président.
Lors du sommet de Copenhague de décembre 2009, Wade reprochait aux leaders des grandes puissances de ne jamais tenir leurs promesses. « Une stratégie de la promesse pour faire de nouvelles promesses afin d’oublier les anciennes», avait martelé le président à l’endroit de ceux qu’il qualifie d’adeptes de la stratégie de la promesse. Une stratégie qui a sans doute inspiré Samuel Sarr, qui depuis 2003, rivalise avec Wade dans promesses non tenues. La dernière en date, mardi dernier, lors de son grand oral devant les députés. Entre le 15 août, 2012 et février 2011, il y a cacophonie : le président et son ministre ont manqué d’accorder leurs violons. Personne ne sait à quelle date s’en tenir, ce qui relève du manque de sérieux noté dans la gestion du dossier de l’énergie, dont les premiers saboteurs ne sont autres que Samuel Sarr et celui qui l’a nommé directeur de Senelec avant de le promouvoir ministre de l’énergie. Il ne reste à Wade que de promettre le paradis aux Sénégalais, une fois qu’ils auront quitté l’enfer des inondations et les ténèbres de la Senelec, étant donné que les promesses, comme disait l’autre, n’engagent que ceux qui y croient.
Auteur: momar Mbaye WebNews : Mardi 27 Jui 2010
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