mercredi 28 juillet 2010

Cote dIvoire - Après s`être déchargé de sa fonction de Sg des Fn : Les priorités de Guillaume Soro pour la sortie de crise / Soro n’aura plus d’excuse

(Le Temps 28/07/2010)
Guillaume Soro a désormais les coudées franches. Il doit alors urgemment s'attaquer aux chantiers du désarmement, des élections et de l'unicité des caisses. C'est cela, le centre nerveux du processus de sortie de crise, auquel il se consacre.
Maintenant que le Premier ministre Guillaume Soro, s'est libéré des contraintes liées à la gestion quotidienne d'un mouvement comme les Forces nouvelles (Fn), il doit être plus attentif à l'application de l'Accord politique de Ouagadougou. Après les efforts déjà consentis, la sortie de crise repose aujourd'hui, sur trois piliers : le désarmement, l'organisation des élections et l'unicité des caisses. Il s'agit, ici, de multiplier les ardeurs, autour de ces priorités afin de sortir du blocage qu'observe, en ce moment, l'opinion, relativement à la marche du processus de paix. Si le Premier ministre Guillaume Soro veut en finir avec sa mission et aller rechercher la tranquillité partout où elle se trouve, comme il le dit lui-même, il devra d'abord aplanir les préalables à cette sortie de crise. Or, si le processus de désarmement, lancé le 15 juin 2010 à Korhogo a donné de l'espoir sur ce sujet, le rythme auquel il avance, ressemble à une manœuvre dilatoire. Guillaume Soro rappelait dans Notre Afrik, ceci : "Souvenez-vous que leur (ex-combattants Fafn) slogan était : "Donnez-nous une carte d'identité et nous vous rendons nos armes". Selon l'information, il y a eu 493 éléments encasernés sur les 1.200 prévus. Ce qui fait un succès à 40% des effectifs prévus, loin de tout exploit au regard des sacrifices consentis pour obtenir le désarmement. L'organisation des élections, constituant le second pilier de la sortie de crise, progresse avec une timidité éprouvante. Après l'installation de la nouvelle Cei post-Beugré Mambé, le nouveau président de l'institution, Youssouf Bakayoko, a pris le temps qu'il lui fallait pour s'imprégner du dossier et redémarrer la machine. Aujourd'hui, elle en est au début du contentieux. Peut-elle avancer plus vite qu'elle ne montre actuellement? Il appartient à Guillaume Soro d'insuffler plus d'énergie aux jambes de la Cei. Seulement, l'Etat de Côte d'Ivoire a besoin de beaucoup d'argent pour faire face aux charges du désarmement et de l'organisation des élections. " Il y a aujourd'hui blocage parce que le désarmement tel que prévu coûte excessivement cher. Le Pré- regroupement, le regroupement et l'encasernement des quarante cinq mille (45.000) ex-combattants pendant quatre vingt dix (90) jours, y compris leur entretien, ne sera pas chose aisée", disait le ministre de la Défense, Michel Amani N'Guessan, il y a quelques années. Et les difficultés financières de l'Etat ne sont pas levées. C'est vrai que le Comité national de soutien aux Forces de réunification a doté le Centre de commandement intégré (Cci) de 578 millions de matériels de couchage et de bureau, mais les besoins de la sortie de crise sont encore énormes, sans que cela n'émeuve les autorités des Forces nouvelles. Qui laissent prospérer une économie parallèle dans les zones-centre nord et ouest.
Mettre fin à l'économie parallèle
A l'occasion du lancement du processus de désarmement des ex-combattants des Fafn à Korhogo, le 15 juin dernier, le Gal Philippe Mangou, chef d'état-major de Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (Fds-ci), a déploré le retard de l'unicité des caisses : " Nous déplorons tout simplement le fait qu'on n'ait pas procédé à l'unicité des caisses avant de passer à cette opération de manière à permettre à notre Etat qui a déjà des difficultés financières, d'avoir de l'argent pour pouvoir nous y appuyer financièrement ". Il faut de l'argent pour respecter le point 4 de l'Accord complémentaire Ouaga 4 selon lequel, "Afin d'accélérer la démobilisation des Ex-combattants des Forces nouvelles, les parties invitent le Gouvernement à verser aux ex-combattants démobilisés une prime ou aide directe de démobilisation d'un montant de cinq cent mille (500.000) Fcfa pour solde de tout compte…". Or, de l'avis du Directeur général de l'Economie, Pr Kouassy Oussou, environ 50 milliards de Fcfa par an, soit 10 à 15 % du Produit intérieur brut (Pib) sont perdus au profit des seules Forces nouvelles. C'est pourquoi, dans le 24e rapport sur l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), le Secrétaire général de l'Onu, Ban Ki- Moon, a été sans nuance : " Je partage pleinement l'avis selon lequel le maintien d'un appareil administratif, économique et sécuritaire parallèle dans le nord du pays, trois ans après l'intégration des Forces nouvelles dans le Gouvernement, est inacceptable. Le Conseil de sécurité devrait exiger le transfert immédiat au Gouvernement du contrôle de l'économie et des revenus du nord du pays." Mais l'Onu ne fait que réitérer sa volonté de voir l'unicité des caisses devenir une réalité. Car dans son rapport du 12 avril 2010, le Conseil de sécurité accusait déjà : " En janvier 2010, le Groupe a rencontré le Directeur général de la Centrale, André Ouattara. D'après lui, l'organisation, qui a commencé ses activités en février 2004, est une structure centralisée chargée de collecter des fonds destinés à financer les infrastructures militaires et l'administration des Forces nouvelles et d'apporter une aide sociale à la population en répondant à ses besoins essentiels (soins de santé et éducation, notamment)… Le Groupe fait toutefois observer que la Centrale n'est ni habilitée à collecter des impôts dans les nombreuses régions placées sous le contrôle des commandants de zones des Forces nouvelles, ni dotée des capacités nécessaires pour redistribuer les fonds au titre de l'aide sociale invoquée par M. Ouattara. Le Groupe affirme, à cet égard, que les commandants de zones sont relativement autonomes et qu'ils gardent pour leur usage personnel, semble-t-il, une large part des impôts levés dans les zones qu'ils contrôlent (…). Cette observation semble indiquer qu'en mettant l'accent sur l'unicité des caisses de l'État (par la fusion des caisses des Forces nouvelles et du Gouvernement), on ne tient pas compte du fait que la Centrale ne représente qu'une faible part des recettes levées et utilisées dans le Nord du pays, contrôlé par les Forces nouvelles." Il faut donc passer immédiatement à l'unicité des caisses. S'il s'investit véritablement sur ses chantiers, Guillaume Soro trouvera certainement la tranquillité rêvée.
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
Suivi du processus électoral : Soro n’aura plus d’excuse
“Nous espérons, nous voulons, nous souhaitons, nous sommes prêts à faire tout ce que nous pouvons pour que les élections se tiennent à une bonne date, à la date précise et qu'elles soient contrôlées, et qu'elles puissent se dérouler dans des conditions de sécurité (…) Voilà, la France est de retour en Côte d`Ivoire avec beaucoup d'espoir et de fraternité”, déclarait le ministre français des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, en juin 2008, lors de sa visite de travail en Côte d'Ivoire. La France est vraiment de retour dans la crise ivoirienne. Avec la désignation du ministre Koné Mamadou à la tête de Forces nouvelles (Fn). Même si en réalité, elle a toujours été actrice dans la crise ivoirienne. Elle devrait donc pouvoir mettre à l'écart, toute action qui gênerait l'ancien Sg des Fn, Guillaume Soro, par ailleurs, Premier ministre de Côte d'Ivoire, dans sa mission à lui assignée par l' Accord de Ouagadougou. Cette mission se résume à organiser les élections en Côte d'Ivoire. Il en est donc le maître d'ouvrage. Et devra en prendre conscience. Inutile d'ailleurs d'en douter. Puisque lui-même a ouvertement fait remarquer que son départ de la tête des Fn lui laisse les coudées franches pour mieux s'impliquer dans le processus électoral. C'est justement ici, qu'il est important de relever l'impérieux devoir du Premier ministre “nouveau” à suivre minutieusement, le processus électoral. C'est dire que Guillaume Soro n'aura plus d'excuse, si des blocages surviennent et bloquent le processus. A ce stade d'avancement des travaux de la Commission électorale indépendante (Cei), relookée. En effet, de l'identification générale des populations, la Cei en est aujourd'hui, à l'étape de la reprise et des réclamations, depuis mai 2010. Chose après quoi, le président Youssouf Bakayoko et son institution procéderont à la publication de la liste électorale définitive. Avant l'étape de l'établissement et la distribution des cartes électorales aux ayant-droit. C'est un mécanisme à conduire dans la transparence et de façon méthodique. Sans aucune fraude ou dysfonctionnement.
Et cela pour au moins trois raisons. Primo, le recensement de la population qui donne également droit à une carte d'identité -après respect des différentes étapes-, il demeure l'une des raisons qui ont amené la situation de crise en Côte d'Ivoire. Particulièrement, les problèmes d'identité. C'est pourquoi, il est souhaitable, en ce qui concerne les problèmes d'identité, que tout se fasse dans un esprit consensuel et républicain.
Secundo, la liste électorale est un instrument majeur sur lequel repose la manifestation de la démocratie.
Tertio, Guillaume Soro devra se préoccuper de la liste électorale parce que les contestations au niveau des élections, viennent toujours des listes électorales, de la confection des cartes d'electeurs et de la distribution de ces cartes. Autant de faiblesses et autres erreurs constatées, par expérience dans les autres pays, que le Premier ministre se doit de l'éviter à la Côte d'Ivoire. Considérant qu'il en est parfaitement conscient, il importe pour lui de s'attaquer, plus que jamais, à la liste électorale dont il est, de par l'Apo, responsable. Ce qui conduira à une présidentielle tranquille et débarrassée des humeurs des fossoyeurs de la paix.
Frimo D. Koukou
koukoudf@yahoo.fr
© Copyright Le Temps

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire