vendredi 30 juillet 2010

Congo Brazzaville: Une nouvelle Constitution pour Sassou-Nguesso avant 2016, un secret de polichinelle

Comme tout bon dictateur endurci, Denis Sassou-Nguesso entend rester aux commandes du Congo jusqu’à sa mort. Pas question de laisser la jouissance de l’importante manne pétrolière du pays entre d’autres mains comme en 1992. Mais pour cela, il lui faut d’abord modifier sa Constitution actuelle qui, bien que taillée sur mesure, ne lui accorde que deux mandats et impose une limite d’âge à 70 ans. Et naturellement, ça ne sera pas une épreuve difficile pour lui. Plus que jamais sûr de son pouvoir, il est serein. En effet, galvanisé par des certitudes de sa longévité aux affaires compte tenu notamment de l’absence d’une opposition forte et capable d’inverser les rapports de forces, l’enfant d’Edou ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il ne veut surtout pas s’effacer ou revivre la douloureuse épreuve qu’il a connue de 1992 à 1997, chat échaudé a peur de l’eau froide. Et chacun se souvient qu’il avait déjà clairement annoncé la couleur en déclarant dans une interview accordée à Jeune Afrique que la modification de la Constitution est bien prévue dans notre Constitution mais que si cela devait se faire, ça ne sera pas de son fait (mais du fait de ses courtisans ?)
On l’a bien compris, soucieux de son image internationale, notre dictateur sanguinaire a toujours voulu donner au reste du monde l’illusion d’un président bien aimé par son peuple (point besoin de rappeler que l’homme est en mal de reconnaissance internationale). Mais personne n’est dupe, le monde entier sait que Sassou-Nguesso est un dictateur féroce et corrompu qui s’est toujours imposé à la tête de son pays par la force et la terreur, à l’instar de son vieil ami communiste, le dictateur sud-coréen Kim Jong-il qui cultive le secret comme lui et qui lui fournit régulièrement et secrètement des armes en violation de l’embargo international, et comme pour bien sceller leur pacte d’amitié, comme la Corée du Sud de Kim Jong-il où le fils va succéder au père, le Congo de Denis Sassou-Nguesso caresse également le rêve d’une dynastie dictatoriale.
Mais malheureusement pour notre dictateur, il a beau cultiver le secret, tout finit toujours par se savoir. Et pour cause, son petit secret (bien gardé ?) sur une éventuelle modification constitutionnelle qui lui permettrait ainsi de poursuivre tranquillement l’exercice du pouvoir au-delà de 2016 n’est plus qu’un secret de polichinelle. Depuis bien longtemps en effet, toutes les personnes bien avisées savent que Sassou a déjà chargé M. Laurent Tengo de mener la réflexion sur cette question. Cet ancien Secrétaire général de la présidence sous Pascal Lissouba, devenu député (nommé par le pouvoir en lieu et place de Mavoungou Zinga Mabio) et conseiller de Sassou en charge du département juridique, administratif et de la réforme de l’Etat, a reçu la mission (secrète ?) de travailler sur cette éventualité en étroite collaboration avec l’incontournable Aimé Emmanuel Yoka (l’oncle et le plus grand intellectuel de la famille comme il aime s’en vanter lui-même). Proche de Roland Bouiti Viaudo (actuel maire de Pointe-Noire, proche de mama Anto), Laurent Tengo (appelé le traitre des traitres, tout comme son ancienne collègue et ex-directrice de cabinet et égérie de pascal Lissouba, Claudine Munari) est donc ce grand commis du pouvoir de Mpila qui a été chargé de réfléchir sur ce projet fou de la modification de la Constitution qui permettra à Sassou de garder son fauteuil doré au-delà de 2016 au nez et à la barbe du peuple congolais. Et comme pour sa Constitution actuelle qui lui a été taillée sur mesure, cette future nouvelle Constitution sera également l’œuvre de son oncle Aimé Emmanuel Yoka (à noter que Me Martin Mbemba sera cette fois le grand absent).
Naturellement, Sassou fera modifier sa Constitution actuelle par son futur nouveau Parlement qu’il nommera lors du simulacre d’élection législative en 2012 (ces nouveaux députés qui seront bien évidemment soigneusement choisis par lui-même en 2012). Il va de soi qu’il ne prendra pas le risque de passer par le peuple qui a pris l’habitude de bouder les urnes pour ne pas lui apporter sa précieuse caution à ses mascarades. Et selon toute vraisemblance, cette nouvelle Constitution qui va donc lui permettre de lever tous les obstacles de sa Constitution actuelle susceptibles de l’empêcher de briguer (pour la forme) un autre mandat de sept ans en 2016, viserait surtout à modifier le mode du scrutin de l’élection présidentielle. Très concrètement, il s’agit de faire en sorte que le Président de la République soit désormais élu non plus au suffrage universel direct comme c’est le cas aujourd’hui, c’est-à-dire par tous les citoyens congolais en âge et en capacité de voter, mais au suffrage indirect, c’est-à-dire un corps électoral qui sera constitué de députés désignera un collège restreint d’élus appelés les grands électeurs et qui éliront à leur tour le Président de la République. Dès lors on comprend aisément pourquoi en 2012 tous les enfants et neveux de Sassou seront nommés députés. Après les enfants Kolelas en 2007, les enfants Nguesso feront leur entrée remarquée à l’assemblée nationale en 2012 et nul doute qu’ils feront partie des fameux grands électeurs qui auront le grand honneur de confirmer leur père et éternel Président à la tête du pays en 2016, en attendant tranquillement de lui succéder après sa mort.
Cette décision de Sassou de passer du scrutin au suffrage universel direct au scrutin suffrage indirect montre indiscutablement sa volonté de contourner le refus quasi-systématique du peuple congolais de cautionner ses mascarades électorales qui se caractérisent par des taux d’abstention de l’ordre de 95%. C’est donc la crainte de la honte d’être toujours mal élu qui le pousse aujourd’hui à vouloir procéder à un tel contournement. Voilà donc, Chers compatriotes, en tant que jeune acteur politique qui milite pour une pratique de la politique plus juste et plus transparente dans l’intérêt bien compris de notre malheureux peuple meurtri, j’ai pensé qu’il était de mon devoir de vous apporter ces informations afin que chacun sache à quoi s’en tenir, pour que personne ne dise qu’il n’était pas au courant de ces manigances qui se trament dans les offlines du pouvoir de Mpila. Pour ma part, je pense qu’au vu de tous ces manèges incessants, les Congolais doivent admettre l’évidence selon laquelle dans l’histoire du monde jamais aucune dictature ne s’est autodétruite. On le voit bien dans le cas de notre pays, à l’évidence Sassou-Nguesso et son système mafieux n’accepteront jamais de quitter le pouvoir dans le cadre d’une alternance politique démocratique et pacifique. Il appartient donc au peuple congolais de prendre toute la mesure du problème, d’exorciser son profond traumatisme qui le hante depuis les guerres civiles de 1993/97/98/99. Tous les grands peuples ont un jour surmonté la peur et pris leurs responsabilités pour vaincre l’oppression. Un peuple qui a oublié la vertu de courage est un peuple qui a définitivement accepté de disparaître. Quant à mes frères d’armes qui ont accepté le déshonneur de céder à la facilité, attirés par l’appât du gain, je n’ai qu’une seule chose à leur dire : « les grandes crises produisent les grands hommes et les grands actes de courage, et notre pays n’a jamais connu une crise plus grave que celle qu’il traverse aujourd’hui ». Dans une grande nation qui se respecte, l’armée est le dernier rempart du peuple lorsqu’il est trahi par ses dirigeants. L’armée congolaise doit donc prendre ses responsabilités. Au cas contraire, il faudra se résoudre à vivre pour l’éternité sous l’emprise de ce système qui s’est installé depuis la chute du Président Youlou en 1963 et qui est en perpétuelle reproduction.

© Correspondance : Bienvenu MABILEMONO
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