(BBC Afrique 30/07/2010)
Dans les rues de la capitale malgache, Antananarivo, tout s'achète : des vêtements de seconde main, des meubles, des jouets bon marché en provenance de Chine, des épices malgaches, toutes sortes de denrées alimentaire ainsi que de la volaille vivante.
Lorsque le président Andry Rajoelina était le maire de la ville, il a interdit ce genre de commerce informel dans les rues. Mais maintenant, les commerçants sont de retour. Partout dans la capitale, on trouve des étalages.
Nous n'avons plus d'argent à Madagascar.
Justin Rakotomakefa, l'un des petits commerçants, espère vendre une paire d'oies.
"Il y a beaucoup de concurrence. La plupart du temps, je finis par retourner à la maison avec les oies.
Depuis le déclenchement de la crise politique, nous ne vendons pas beaucoup", affirme t-il.
C'est en Mars 2010 que M. Rajoelina, 35 ans est devenu chef de l'état suite à un changement de pouvoir.
La communauté internationale a rompu sa coopération avec le pays à l'exception de l'aide humanitaire.
Cela a eu un impact dramatique sur Madagascar, car plus de la moitié du budget du gouvernement provenait des partenaires étrangers.
Comme beaucoup de Malgaches, M. Rakotomakefa a du mal à s'en sortir.
«C'est difficile à vivre. Nous n'avons plus d'argent à Madagascar. Tout le monde essaie de vendre des choses dans la rue - beaucoup de gens travaillaient dans des usines de textile."
L'industrie textile comptait pour 60% des exportations du pays et les revenus étaient estimés à 600 millions de dollars. Aujourd'hui elle se porte mal à cause de la crise politique.
L'administration américaine a suspendu son partenariat avec Madagascar en ce qui concerne l'Africa Growth and Opportunity Act (AGOA), parce que le président Rajoelina n'est pas parvenu à un accord avec l'opposition pour la tenue des élections l'an dernier.
L'AGOA c'est la loi sur les possibilités et la croissance économiques en Afrique qui permet aux gouvernements africains d'avoir accès au marché américain sans payer de droits s'ils montrent leur attachement à la démocratie.
En conséquence, les usines qui fabriquent des vêtements pour le marché américain, ont cessé de travailler. Cinquante mille personnes ont ainsi perdu leur emploi.
Le mari d'Odette Razafindratsara était l'un d'eux. Le couple habite dans une chambre avec cinq enfants.
Lorsque la crise politique a commencé à affecter l'économie malgache, l'année dernière, sa sœur s'est rendue au Liban pour travailler comme domestique. Elle lui a laissé ses deux enfants.
La famille survit avec le peu d'argent que Mme Razafindratsara gagne.
Les enfants ont cessé d'aller à l'école parce qu'elle ne peut pas se permettre de les y envoyer.
Il y a des difficultés au quotidien pour trouver suffisamment de la nourriture
Bruno Maes,le représentant de l'UNICEF à Madagascar
"Beaucoup de familles ont des problèmes de maintenir les enfants à l'école», explique le représentant de l'UNICEF à Madagascar, Bruno Maes,et Il y a des difficultés au quotidien pour trouver suffisamment de la nourriture. Mais le plus grand défi pour les enfants à Madagascar est l'accès aux soins de santé.
Un quart des centres de santé ont fermé leurs portes et tout le système d'achat et de distribution des médicaments essentiels a été affecté dans l'ensemble du pays. " a t-il ajouté
Plus de la moitié des enfants malgaches souffrent de malnutrition. Le pays dispose de 45 centres fournissant un accès gratuit au soin, destinés à traiter les enfants atteints de malnutrition aiguë.
Le mois dernier, le centre de l'hôpital Befelatanana n'avait qu'un seul patient parce que les parents ne pouvaient pas se permettre de payer les médicaments, et l'unité n'avait plus de lait.
Donné, trois ans, est l'un de ces patients. Il souffre de la tuberculose ainsi que de la malnutrition. Sa grand-mère Fosatry est avec lui jour et nuit .
"Maintenant, il se sent mieux, mais le seul problème est sa poitrine. Quand nous avons quitté notre place, ses yeux étaient toujours fermés. Maintenant, il peut s'asseoir et ouvrir les yeux parfois.
Fosatry a dépensé 50 dollars pour le traitement de Donné (l'équivalent du salaire minimum mensuel dans une usine à Madagascar).
"Il est très coûteux mais c'est pour le traitement de mon petit-fils et nous devons faire de notre possible pour trouver de l'argent."
Depuis la fin du mois de Juin, l'UNICEF a repris le financement de tous les centres pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë à Madagascar, ainsi les lits dans le service à l'Hôpital Befelatanana ont commencé de nouveau à être bien occupé.
Madagascar est un pays pauvre, et il l'est toujours de plus en plus.
A moins d'une solution politique (un règlement impliquant les groupes d'opposition et un calendrier pour les élections), il est peu probable que les bailleurs de fonds internationaux reviennent au pays.
Linda Pressly
BBC Radio 4
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