(Sud Quotidien 29/07/2010)
S’il y a certains qui demeurent convaincus que le passage des ministres de l’énergie, de l’urbanisme et de l’habitat et de l’intérieur à l’Assemblée nationale sur les questions de l’électricité et des inondations, relève d’un cirque, c’est bien les socialistes. Ces derniers déclarent dans un communiqué daté d’hier, mercredi 28 juillet, que Samuel Sarr, Oumar Sarr et Bécaye Diop n’ont fait qu’étaler leur incompétence devant les députés.
Selon Ousmane Tanor Dieng et ses camarades du Parti socialiste (Ps), « les rares Sénégalais qui comptaient sur l’audition de quelques ministres du gouvernement d’Abdoulaye Wade devant l’Assemblée nationale, pour dissiper leurs inquiétudes et leurs angoisses face aux inondations des banlieues et au rationnement de l’électricité, ont dû déchanter ». Ils l’ont déclaré dans un communiqué daté d’hier et dont copie nous est parvenue.
En effet, pour ces derniers, « Samuel Sarr et Oumar SARR, respectivement en charge de l’énergie et de l’urbanisme et l’habitat, tout comme le ministre de l’intérieur Bécaye Diop, ont bien été obligés de battre leur coulpe et forcés d’étaler leur incompétence face à ces deux grands fléaux de notre pays ».
S’agissant des inondations « que le gouvernement avait voulu, par pure irresponsabilité, refiler aux collectivités locales », ils soutiennent que le calvaire continue pour les populations des banlieues ». Les socialistes ajoutent que « ceux de nos compatriotes qui, toute l’année durant, n’ont jamais été libérés de l’emprise des eaux stagnantes et puantes de l’hivernage dernier, ont été rejoints par nos concitoyens qui ont été replongés dans les mêmes affres dès que les premières pluies sont tombées sur la région de Dakar ». Les camarades d’Ousmane Tanor Dieng d’estimer que « ce ne sont pas les modiques sommes, prévues pour lutter contre le problème et annoncées du banc du gouvernement, qui permettront de résoudre la question des inondations, là où les 67 milliards prétendument dépensés n’ont pas permis de juguler le fléau ». Plus grave, ont-ils qualifié « l’option irréaliste qui semble être le choix du gouvernement de déplacer massivement et sans discernement les victimes pour les reloger dans des conditions avérées de totales impréparation et improvisation, et au risque d’en faire des réfugiés dans leur propre pays ».
Ousmane Tanor Dieng et ses camarades socialistes soutiennent à cet égard que « le déguerpissement brutal et sans concertation de populations ne peut tenir lieu de bonne politique ». En outre, ils mettent en garde le gouvernement contre toute tentative d’exode forcé qui serait, selon eux, nécessairement grosse de graves troubles à l’ordre public ». « Les zones inondables ne constituent pas un bloc monolithique qui appelle un traitement uniforme », pensent-ils, avant d’estimer qu’ « à l’exception des bas fonds inondables et non restructurables dont l’évacuation est inévitable en raison de l’impossibilité de les aménager et de les assainir, la plupart des zones inondables peuvent et doivent rester restructurées et habitables à la condition de consentir les ressources budgétaires nécessaires pour l’édification d’un réseau de drainage et d’évacuation des eaux de pluies ».
Mais, précisent-ils, « pour cela, encore faut-il comprendre que la question des inondations est un problème sérieux qui, par son caractère transversal et massif, engage tout le gouvernement et n’interpelle pas seulement un ou deux ministres manifestement en dessous des devoirs de leur charge, encore moins un autre ministre qui multiplie les dons sélectifs et intéressés, faits intuitu personae, de quelques motopompes acquis avec de l’argent forcément volé aux Sénégalais pour, sans doute, se ménager une popularité qui se refuse obstinément à lui ».
En ce qui concerne de l’électricité, les socialistes déclarent que « malgré les 720 milliards de FCFA engloutis aux dires du gouvernement, les coupures fréquentes et devenues, par la suite, des délestages récurrents, ont désormais cédé la place à un rationnement de l’électricité par la Senelec dont le coût des factures est pourtant inversement proportionnel à la satisfaction du service rendu aux usagers ».
Ces derniers soulignent que « sa situation des ménages et des entreprises est devenue intenable mais rien de ce que l’on a entendu de la bouche du ministre de l’énergie imputant la situation dramatique à une petite erreur ou d’Abdoulaye Wade indexant de soi-disant saboteurs depuis ses lointaines et vaines pérégrinations dans le monde, ne laisse présager un règlement diligent ». Il n’y a eu ni erreur ni sabotage, disent-ils, sauf alors à « incriminer leur propre incurie et leur amateurisme qui n’ont cessé depuis 10 ans de considérer les circuits d’approvisionnement et de distribution en hydrocarbures comme une vache à lait pour étancher leur soif inextinguible d’argent frais au service de leurs funestes ambitions d’enrichissement personnel et de confiscation du pouvoir ».
« Une fois de plus, on annonce une date butoir à la mi-août pour la fin du rationnement, mais tout indique qu’il s’agira à nouveau d’un mensonge d’Etat, car l’autre facteur limitant de la fourniture correcte et suffisante en électricité reste incontestablement la vétusté des installations de la Senelec », fulminent t-ils. Les socialistes de rappeler que « c’est en considération de cette situation des outils de production et du coût exorbitant de leur renouvellement que le gouvernement socialiste avait, à l’époque, opté pour l’ouverture du capital de la Senelec à un partenaire stratégique qui pouvait apporter à l’entreprise son expertise et les fonds indispensables à sa modernisation ».
A en croire à ces derniers, « le gouvernement patrimonialo-affairiste issu de l’alternance est revenu, dès 2000, sur cette option de sagesse avec une rhétorique pseudo nationaliste de mauvais aloi qui ne cachait, comme on l’a vu par la suite, qu’une volonté de prévarication et de captation des ressources du contribuable sénégalais ».
Le leader socialiste et ses camarade soutiennent que « devant tant de manquements du gouvernement à sa mission et à ses responsabilités, l’exaspération et la légitime colère des populations, excédées et abandonnées à leur triste sort, grondent et se traduisent par les manifestations spontanées qui se multiplient et menacent de dégénérer à tout moment en insurrection généralisée périlleuse pour la paix sociale et la cohésion de la Nation ».
Selon ces derniers, « face à ces graves troubles sociaux annonciateurs de possibilités de déstabilisation de notre pays, Abdoulaye Wade et son système, rendus aux abois par la détermination des Sénégalais, se laissent aller à la tentation de la crispation et de la brutalité des forces de sécurité qui compte déjà ses premiers morts de Soumbédioune à Yeumbeul ». En effet, pour eux, « comme tous les régimes finissants, celui d’Abdoulaye Wade, sentant bien le naufrage inéluctable, consacre toute son énergie dans une violence inouïe pour espérer faire peur et endiguer la colère qui gronde ».
Ils estiment cependant que c’est peine perdue car le Sénégal qui grogne opposera une vive résistance à cette tentation totalitaire et n’acceptera jamais que la violence d’Etat soit retournée contre les citoyens et soit détournée à des fins liberticides de bâillonnement et de répression des populations qui exercent leur droit constitutionnel de manifester contre les errements d’un régime devenu impopulaire ».
par Assane MBAYE
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