(Xinhuanet 21/11/2011)
ABIDJAN -- La décision du gouvernement ivoirien de baisser la taxe sur l'importation de volailles est diversement appréciée par les opérateurs de la filière avicole.
En conseil des ministres, le 3 novembre, le président Alassane Ouattara a signé une ordonnance qui baisse de moitié la taxe sur les importations de volailles mortes de basse cour et leurs abats frais réfrigérés ou congelés provenant des Etats autres que ceux de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
La taxe est fixée désormais à 400 FCFA (moins d'un dollar) par kilogramme, contre 1 000 FCFA (deux dollars) auparavant.
POUR DES POULETS MOINS CHERS
Pour le gouvernement, cette réduction procède de sa volonté de lutter contre la cherté de la vie et de soulager les consommateurs.
La décision devrait diminuer la fraude à partir de certains pays de la CEDEAO et avoir un impact à la baisse sur le prix de revient et de vente de la volaille sur les marchés.
Le gouvernement assure que 70% du produit de cette taxe sera reversée au Fonds d'aide à la production avicole nationale pour lui permettre de disposer des ressources nécessaires pour développer un élevage national plus compétitif.
Mais la mesure n'est pas du goût de tous les professionnels de la filière avicole.
LA PRODUCTION NATIONALE EN DANGER ?
Des opérateurs avaient demandé, avant la tenue du conseil des ministres, à leur tutelle de ranger sa communication visant à faire baisser la taxe sur les importations de viandes et abats de volailles extra africains.
Ces opérateurs voient dans la décision une ouverture à l'importation qui pourrait plomber la production locale.
Pour eux, "toute réduction même temporaire de cette taxe se traduira systématiquement par une fragilisation, voire un effondrement de la production avicole locale, avec toutes les conséquences liées à cette situation".
"Les producteurs locaux sont très inquiets. Pour nous, la réduction de cette taxe est synonyme de la mort de la filière de production locale, parce que ces produits qui arrivent de l'extérieur ne sont pas des produits avec lesquels nous pouvons concurrencer", soutient le secrétaire permanent de l'Inter professionnelle avicole ivoirienne (IPRAVI), Yelorssigué Ouattara.
Les conséquences "directes" pour les operateurs privés sont, selon M. Ouattara, la perte des investissements réalisés au cours de ces dernières années.
"C'est plus de 30 000 emplois pour la filière elle-même et plus de 100 000 emplois indirects qui seront perdus", indique-t-il.
"La Côte d'Ivoire n'avait pas besoin présentement d'importer des poulets, nous arrivons toujours à satisfaire la demande, sans importation", soutient le M. Ouattara.
L'information est battue en brèche par le gouvernement qui annonce, pour une demande de 40 000 tonnes, une offre nationale de 12 000 tonnes.
DE NOUVEAUX EMPLOIS EN PERSPECTIVE
D'autres opérateurs privés estiment que la décision du gouvernement ivoirien n'est "pas forcément une mauvaise chose" à partir du moment où elle pourrait avoir un impact positif sur la consommation de volailles et créer de nouveaux emplois dans le secteur.
"La réduction de la taxe créerait effectivement des bouleversements dans la filière en menaçant certains emplois mais si pour un emploi perdu, deux ou trois autres étaient créés à la place, je ne me plains pas", fait savoir Kacou Koman Landry, gérant d'un point de vente de poulet "Coqivoire" à Abidjan.
"Coqivoire" est une marque ivoirienne d'une gamme de produits de volailles et d'œufs frais.
"A mon avis, cette mesure du gouvernement devrait faciliter l'importation de poulets congelés et dérivés, ce qui est une bonne chose pour la concurrence et donc pour le consommateur. Mais aussi, elle créerait de nouveaux emplois et même si je perds mon poste actuel, j'ai eu assez d'expérience pour profiter de la nouvelle donne", explique-t-il.
Landry Kacou et ses trois collègues vendent une moyenne quotidienne de 150 à 200 poulets "Coqivoire" entre 1.600 et 3.200 FCFA (entre trois et six dollars).
Pour cet opérateur, la survie de la filière passe plutôt par la baisse des intrants en vue de l'accroissement de la production.
"La Côte d'Ivoire dispose de toutes les technologies de production d'aliments pour la volaille. En baissant les coûts, nous pourront produire beaucoup de poulets et c'est ainsi que nous pourrons baisser les prix au consommateur", souligne-t-il, faisant valoir qu'il vaut mieux libéraliser la filière et mieux l'encadrer au lieu de laisser courir le risque de voir le marché inondé de produits issus de la contrebande et du marché noir.
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