(Le Pays 15/11/2011)
Cela fait un mois que les Kenyans se sont lancés aux trousses des Shebabs en Somalie. Mais le bilan est bien maigre : peu de terroristes tués et de nombreux déboires, avec en prime des bavures. Bref, une intervention militaire qui a des allures d’occupation avec des répercussions sur Naïrobi, si on se rappelle les attentats à la bombe. Et pour ne rien arranger, ce bourbier dans la zone sud dela Somalie qui ralentit la progression des troupes kényanes. Le bilan est donc plutôt mitigé : l’enthousiasme du début s’est un peu tiédi et on ne manque pas de s’interroger sur l’issue de cette énième campagne contre les Shebabs. On le sait, le Kenya n’a pas été le premier à se lancer à l’assaut des islamistes somaliens. Les Etats-Unis y ont perdu quelques étoiles, l’Ethiopie s’y est brisée quelques dents et l’AMISOM maintient la paix comme elle peut, pour ne citer que ceux-là. Et c’est troublant de constater que la Somalie a des traits si ressemblants avec l’Afghanistan, ce hérisson en boule sur lequel le serpent américain s’est acharné jusqu’à perdre haleine sans rien obtenir de bon pour compenser des civils tués et de nombreux soldats ramenés au pays les pieds devant.
Dans ce cas, on peut supputer sur les chances de réussite de l’armée kényane. Son vis-à-vis maîtrise mieux le terrain, il est quasiment invisible et agit avec les troupes kényanes comme le boa qui laisse sa proie s’aventurer entre ses anneaux dénoués avant de l’enserrer et de l’étouffer. Sans compter que l’efficacité et le caractère insaisissable des milices islamistes imposent qu’on envisage la possibilité que ces hommes en armes sont entrés dans les bonnes grâces des Somaliens. A cette allure, on se demande si la belle campagne kényane, qui a pour noble but de venger la présumée violation de son territoire, ne va pas obéir à un scénario à la waterloo. Si cela advenait, se vérifierait peut-être l’hypothèse que la force, utilisée jusque-là sans autre alternative, n’est pas le remède au problème Shebab.
Et qu’il faudrait penser à autre chose, une sorte de plan B. Un plan qui suppose d’ailleurs que l’on commence par ne plus voir comme une menace, les Shebabs, mais une organisation bien huilée, un courant politique avec lequel on pourrait discuter par d’autres voies que celles des armes. Mais dans ce cas-là, le principe immuable du refus de tout dialogue avec des groupes classés terroristes, sera le grain de sable qui va gripper la machine. Les Occidentaux, principaux soutiens du gouvernement de transition somalien, verront d’un très mauvais œil tout compromis avec les miliciens qu’ils disent être "amis amis" avec la nébuleuse Al Qaïda, leur peste du 21e siècle. Mais rompre cet obstacle devra être envisagé comme une solution pour ramener la paix dans ce pays. Ces attaques, opérations et autres interventions contre la milice armée ont montré leurs limites et apparaissent comme des solutions ponctuelles et d’ailleurs non fiables, qui compliquent plus qu’elles ne règlent le problème.
Pour preuve, l’opération kényane "Linda Chi", ("Protéger le pays en swahili), risque de produire l’effet contraire si les Shebabs décident de mettre en œuvre leurs menaces de représailles contre le peuple kényan. On ne ferait alors qu’augmenter les sphères d’une plaie au lieu de la résorber. On a beau dénier toute légitimité aux Shebabs, il faudra se résoudre un jour à traiter avec eux. Du moins, s’ils ne sont pas vaincus d’ici là. Mais avec ce waterloo kényan qui se profile à l’horizon, rien n’est moins sûr.
Abdou ZOURE
Cela fait un mois que les Kenyans se sont lancés aux trousses des Shebabs en Somalie. Mais le bilan est bien maigre : peu de terroristes tués et de nombreux déboires, avec en prime des bavures. Bref, une intervention militaire qui a des allures d’occupation avec des répercussions sur Naïrobi, si on se rappelle les attentats à la bombe. Et pour ne rien arranger, ce bourbier dans la zone sud de
Dans ce cas, on peut supputer sur les chances de réussite de l’armée kényane. Son vis-à-vis maîtrise mieux le terrain, il est quasiment invisible et agit avec les troupes kényanes comme le boa qui laisse sa proie s’aventurer entre ses anneaux dénoués avant de l’enserrer et de l’étouffer. Sans compter que l’efficacité et le caractère insaisissable des milices islamistes imposent qu’on envisage la possibilité que ces hommes en armes sont entrés dans les bonnes grâces des Somaliens. A cette allure, on se demande si la belle campagne kényane, qui a pour noble but de venger la présumée violation de son territoire, ne va pas obéir à un scénario à la waterloo. Si cela advenait, se vérifierait peut-être l’hypothèse que la force, utilisée jusque-là sans autre alternative, n’est pas le remède au problème Shebab.
Et qu’il faudrait penser à autre chose, une sorte de plan B. Un plan qui suppose d’ailleurs que l’on commence par ne plus voir comme une menace, les Shebabs, mais une organisation bien huilée, un courant politique avec lequel on pourrait discuter par d’autres voies que celles des armes. Mais dans ce cas-là, le principe immuable du refus de tout dialogue avec des groupes classés terroristes, sera le grain de sable qui va gripper la machine. Les Occidentaux, principaux soutiens du gouvernement de transition somalien, verront d’un très mauvais œil tout compromis avec les miliciens qu’ils disent être "amis amis" avec la nébuleuse Al Qaïda, leur peste du 21e siècle. Mais rompre cet obstacle devra être envisagé comme une solution pour ramener la paix dans ce pays. Ces attaques, opérations et autres interventions contre la milice armée ont montré leurs limites et apparaissent comme des solutions ponctuelles et d’ailleurs non fiables, qui compliquent plus qu’elles ne règlent le problème.
Pour preuve, l’opération kényane "Linda Chi", ("Protéger le pays en swahili), risque de produire l’effet contraire si les Shebabs décident de mettre en œuvre leurs menaces de représailles contre le peuple kényan. On ne ferait alors qu’augmenter les sphères d’une plaie au lieu de la résorber. On a beau dénier toute légitimité aux Shebabs, il faudra se résoudre un jour à traiter avec eux. Du moins, s’ils ne sont pas vaincus d’ici là. Mais avec ce waterloo kényan qui se profile à l’horizon, rien n’est moins sûr.
Abdou ZOURE
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