jeudi 17 novembre 2011

Togo - Echos des audiences de la CVJR sur les assassinats politiques

(Xinhuanet 17/11/2011)
LOME -- Les assassinats politiques ont fait l'objet des audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) du Togo tenues mardi à Lomé dans le cadre de la phase finale de cette étape du processus de réconciliation nationale dans le pays.
L'assassinat d'un des dirigeants du Collectif de l'Opposition Démocratique (COD II), Tavio Amorin en 1992, du Colonel Koffi Tépé en 1993 et du député Edeh Gaston du Comité d'Action pour le Renouveau (CAR) a été raconté par des témoins.
Il ressort des témoignages faits par le docteur Ihou, alors ministre de la Santé du gouvernement de transition, que Tavio Amorin, sécretaire général du Parti Socialiste Panafricain (PSP) et membre du bureau directeur du COD II, a été assassiné à coups de rafales dans un quartier populaire de Lomé (Tokoin Gbonvié). Un sac abandonné par l'assassin et son compagnon sur les lieux du meurtre avait été récupéré par des jeunes témoins de ce crime de sang. Ce sac contenait des pièces d'identité des agents de police aux noms de Karéwé et Boukpessi.
Le meurtre du député Edeh a été évoqué par Me Agboyibor du Comité d'Action pour le Renouveau (CAR). Ce témoin a dit avoir retrouvé le corps du député, calciné dans une localité de son fief de Yoto. Il a été brûlé avec deux de ses compagnons.
Déjà lundi, les commissaires ont écouté des auditions sur des cas d'arrestation et de détentions arbitraires, les évènements relatifs au massacre de Fréau Jardin en janvier 1992, les violences de la présidentielle de 2005 et des cas d'atteinte aux droits économiques et de disparition d'un ancien officier des Forces Armées Togolaises (FAT).
Concernant la tragédie de Fréau Jardin, l'audition de M. Abdoulaye Yaya, procureur de la République au moment des faits, a permis de mieux situer les niveaux de responsabilité liée à la tuerie qui a endeuillé la marche pacifique organisée le 25 janvier par le Collectif de l'Opposition Démocratique (COD II).
La mort par lynchage au camp du Régiment Interarmes (RIT) du Colonel Tépé a été racontée par un de ses neveux. L'officier a été tué par des coups mortels qui lui ont été assénés alors qu'il procédait commandement du rituel militaire de montée des couleurs dans ce camp. Ces enfants présents à ce moment dans l'appartement qui abritait sa famille ont été torturés et abattus froidement, selon le témoin.
La commission a relevé à la lumière de ces témoignages que l'amorce du processus de démocratisation dans les années 1990 a plongé le Togo dans un cycle de violences militaires et politiques parfois sanglantes. Les responsabilités sont partagées aussi bien par certaines autorités politiques, proches du pouvoir ou de l'opposition, mais aussi d'une organisation militaire dénommée « Brigade Rouge » bras armé proche de l'armée et de la police inconnu officiellement des FAT.
Les dérapages enregistrés à cette époque sont dûs, selon la Commission, au manque de culture démocratique des militants et à l'excès de zèle de certains éléments des forces de l'ordre et de sécurité. Aussi appelle instamment les autorités politiques et administratives à prendre des mesures idoines afin remédier à ces situations déplorables.
La commission a présenté sa compassion et condoléances à toutes les victimes des violations des droits de l'Homme, notamment celles qui ont subi les violences électorales de la présidentielle d'avril 2005 tout en déplorant toutes les formes de violences exercées au nom de l'appartenance à un parti politique, la force et l'autorité dont certains citoyens sont détenteurs et dont ils abusent.
La CVJR encourage les militants politiques de tous bords à la tolérance et recommande à tous les partis politiques de renforcer l'éducation civique de leurs militants. Elle exhorte les présumés coupables à faire acte de contrition et encourage les victimes à ne pas cultiver l'esprit de vengeance et à privilégier l'esprit de pardon.


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