(Xinhuanet 24/11/2011)
YAOUNDE -- Le gouvernement camerounais a prévu de se doter pour 2012 un budget de 2.800 milliards de francs CFA (5,6 milliards USD), en hausse de 8,9% par rapport à celui de 2011, pour un objectif de croissance de 5,5%, soit en filigrane un programme économique très ambitieux qui ne se réalisera pas sans contraintes structurelles, à en croire des analyses.
"Les contraintes structurelles existent toujours dans nos pays, parce que l'Afrique travaille dans un marché mondial, avec la compétition des pays émergents, le Brésil et la Chine, et nous fournissons des biens et services sur un marché qui est global. Donc, il faut être compétitif sur ce marché pour vendre", a souligné à Xinhua Ekué G. Kpodar, représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun.
"Et pour gagner cette compétition, a-t-il ajouté, il faut avoir la productivité, il faut investir dans le capital humain. Il faut promouvoir la recherche scientifique et technique. C'est ce qui permettra de mettre sur le marché des biens qui sont compétitifs. Je crois que nous avons encore des actions qui sont concrètes et solides à faire au niveau de l'ajustement structurel pour rendre plus compétitives et plus productives nos économies africaines".
D'après cet économiste, cette remarque s'applique au Cameroun, un pays pourvu d'immenses potentialités, mais mal exploitées. C' est un constat confirmé par un taux de pauvreté monétaire estimé par les autorités camerounaises elles-mêmes à près de 40% sur une population de quelque 20 millions d'habitants et un taux de chômage élargi de 13% du marché de l'emploi, auquel s'ajoute aussi un taux de sous-emploi de 75,8%.
"Il faut avoir le courage de le reconnaître, les conditions de vie d'une partie de notre population sont très difficiles, particulièrement dans les zones rurales et à la périphérie des centres urbains. Ce sont pour la plupart des petits paysans, des chômeurs, des jeunes qui n'ont ou trouver d'emploi, des retraités ou des personnes âgées sans ressources", a reconnu le président Paul Biya lors de sa prestation de serment le 3 novembre après sa réélection le 9 octobre.
Le projet de budget défendu depuis le week-end devant les députés de l'Assemblée nationale se répartit entre 2.301 milliards de francs CFA (4,602 milliards USD) de recettes propres et 499 milliards (998 millions USD) d'emprunts et dons.
Pour les recettes propres, 1.626,03 milliards (plus de 3,252 milliards USD) sont attendus du recouvrement fiscal, 567 milliards (1,134 milliard USD) des exportations pétrolières, 86,97 milliards (173,94 millions USD) du commerce des services et 21 milliards (42 millions USD) des tirages sur dépôts.
Par grande masse, 1.720,2 milliards de francs (3,44 milliards USD) sont prévus pour les dépenses courantes, 792,2 milliards (1, 584 milliard USD) pour les dépenses en capital et 287,6 milliards (575,2 millions USD) pour le règlement de la dette.
Le Premier ministre, Philemon Yang, a annoncé lors de la présentation du nouveau programme économique, financier, social et culturel vendredi face aux parlementaires que la ventilation de ces dépenses par chapitre budgétaire accorde la priorité aux secteurs des infrastructures et de la production.
Selon lui, "en dépit du ralentissement attendu de la croissance économique chez nos principaux partenaires commerciaux, l'économie camerounaise devrait se maintenir sur le sentier de la croissance, grâce notamment à la dynamique de la demande intérieure et à l' accroissement du volume des investissements publics à réaliser dans le cadre de la concrétisation du Document de stratégie pour la croissance et l'emploi".
Ce cadre de l'action gouvernementale adopté en 2009 a prévu pour la décennie 2010-2020, une croissance moyenne annuelle de 5,5% comme premiers jalons d'une politique visant à transformer le Cameroun en une économie émergente à l'horizon 2035. Pour la première année de ce vaste chantier, affecté par la récente crise économique mondiale suite à laquelle il avait plongé à 2% en 2009, le pays a plutôt enregistré une croissance de 3,2% en 2010.
Les estimations de 4% en 2011 annoncées par le chef du gouvernement sont également loin de faire le compte. Et, à contrario des projections de 5,3% de la Banque africaine de développement (BAD) pour 2012, d'autres analyses comme celles du FMI manifestent une prudence qui se limite aux performances jusqu' ici réalisées, soit encore entre 3 et 4%.
Pour le FMI, bien que le pays résiste de fort belle manière à la récession mondiale actuelle, des pesanteurs persistantes freinent les efforts de consolidation macroéconomique de ce pays d' Afrique centrale. Parmi elles, la faiblesse des marges de manoeuvre en termes de compétitivité du secteur privé et des structures bancaires, et le manque d'accroissement du pouvoir d' achat.
L'institution juge par conséquent nécessaire de mettre en place les conditions permettant au secteur privé de créer des richesses et des emplois, et souligne par ailleurs l'urgence d'aménager des routes de desserte pour permettre l'écoulement des productions agricoles vers les marchés, où il est constaté un taux de perdition de 40%.
Ekué G. Kpodar insiste sur le rôle central de l'Etat dans le développement économique, "un rôle de régulation, de facilitateur, de mise en place des institutions qui vont permettre au marché de fonctionner".
"Si au niveau des institutions de Bretton Woods on pense que l' Etat doit être la locomotive du développement, nous sommes aussi conscients que le marché ne peut pas fonctionner et ne peut mieux fonctionner qu'avec un Etat qui régule les acteurs économiques et l'environnement économique", explique-t-il.
Par Raphaël MVOGO
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Le budget actuel du Cameroun est à la dimension des grandes ambitions du président Biya qui veut laisser aux camerounais avant de partir des réalisations inoubliables afin que chaque Camerounais se sente fier d’être camerounais et d’y vivre.
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