lundi 20 juin 2011

Sénégal -Instauration du poste de vice-président : La société civile en ordre de bataille contre le projet

(Walfadjiri 20/06/2011)

Marches devant le palais présidentiel, pin’s, autocollants avec l’inscription ‘Touche pas à ma Constitution’, saisine de la communauté internationale. Voilà les ingrédients de la campagne de la société civile pour contraindre Wade à renoncer à son projet.
Pour contraindre le président de la République, Abdoulaye Wade, à surseoir à l’instauration du poste de vice-président, la Raddho et d’autres organisations de la société civile ont décidé de mener une campagne nationale avec le slogan ‘Touche pas à ma Constitution’.’Ce projet apparaît pour nous comme un coup d’Etat constitutionnel, c’est une forfaiture. Et à partir de maintenant, nous avons décidé au sein de la société civile sénégalaise que nous ne l’accepterons pas. Nous n’accepterons aucune initiative visant à changer les règles du jeu par voie constitutionnelle, par voie législative ou par voie réglementaire. Et donc, nous allons mobiliser toutes les forces vives de la société dans des grandes campagnes pour dire ‘Touche pas à ma Constitution’’, a déclaré Alioune, ce samedi lors d’une conférence de presse au siège de son organisation. Les protestataires prévoient par exemple d’organiser des manifestations devant les grilles du palais présidentiel pour dire leur opposition à ce projet. ‘Nous avons vu des gens manifester devant le palais pour montrer leur satisfaction après le vote d’une loi. Nous aussi, nous allons manifester devant le palais pour dire non à ce projet de loi’, a-t-il ajouté, indiquant que personne ne peut leur interdire de marcher.
En plus des manifestations de rue, ils ont prévu des pin’s, des t-shirts et des autocollants avec l’inscription ‘Touche pas à ma Constitution’. Se voulant pratique, Mignane Diouf du Congad a suggéré la mise sur pied le plus rapidement possible d’un comité de suivi des décisions prises lors de cette conférence de presse.
Cependant, cette campagne ne sera pas seulement nationale. Alioune Tine et ses camarades ont annoncé qu’ils vont saisir la communauté régionale et internationale. D’ores et déjà, le forum des organisations de la société civile de la Cedeao, basé au Nigéria, est d’accord avec cette initiative, si l’on croit le responsable de la Raddho.
Dans leur campagne internationale, les opposants à ce projet ont prévu de prendre langue avec les ambassades accréditées au Sénégal et toutes les institutions politiques et économiques, régionales et internationales pour les prévenir du ‘danger que constitue ce projet’ ainsi qu’un troisième mandat pour Wade.
‘Touche pas à ma Constitution’ comme slogan
Pour Alioune Tine, ce projet ne donne pas l’initiative aux Sénégalais de choisir leur prochain président, le successeur de Wade. ‘C’est lui (Wade) qui va choisir avec ce projet qu’il nous impose. Il veut simplement un successeur. Nous disons non, parce que c’est dangereux. A huit mois des élections vous ne pouvez pas, de façon unilatérale, changer les règles du jeu électoral. C’est très clair dans le protocole de 2001 additionnel relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance de la Cdeao’, a souligné Alioune Tine.
Et selon Assane Dioma Ndiaye, si ce projet aboutit, ce sera simplement la forme républicaine de l’Etat qui sera remise en cause. Parce que, a-t-il dit, nous aurons un exécutif bicéphale. ‘Alors que la Constitution dit clairement que pour toute réforme qui touche à la forme républicaine de l’Etat, il faut nécessairement la voie référendaire. Aujourd’hui, vouloir faire passer cela par une loi constitutionnelle ou organique est une hérésie et une atteinte à la souveraineté populaire’, a-t-il martelé, parce que convaincu que, ‘du point du droit, c’est une loi qui ne peut pas passer et dans tous les cas, elle va créer plus de problèmes qu’elle en résout’.
De son côté, le constitutionnaliste Babacar Guèye a accusé le pouvoir d’instrumentaliser le droit pour commettre une ‘forfaiture’. ‘On utilise le droit pour contourner le droit. La loi va se retrouver à l’Assemblée nationale et passer comme lettre à la poste. Car si on la soumet à référendum elle ne passera pas’, a-t-il dit, ajoutant que c’est gênant de modifier la loi qui va changer l’architecture institutionnelle à huit mois de l’élection présidentielle. Pour lui, au moment où le Sénégal a besoin de calme, Wade crée les conditions de troubles anté et post électoraux. Et d’après lui, le peuple ne l’acceptera pas.

© Copyright Walfadjiri

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