(Les Afriques 27/06/2011)
De violents combats ont opposé une patrouille de l’armée mauritanienne à une colonne composée d’éléments terroristes islamistes, présumés membres de la nébuleuse Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), dans l’après midi du vendredi 24 juin, selon plusieurs sources concordantes dans la capitale mauritanienne.
Les hostilités ont éclaté un peu avant 18 heures, selon les mêmes sources, qui ajoutent que « l’armée mauritanienne a détruit un campement d’AQMI en territoire malien ». Des témoins sur place font état de « détonations assourdissantes » dont l’origine serait liée à des combats à l’arme lourde.
Le lieu précis des combats est une zone forestière dont le nom traditionnel est le Wagadou (ancien royaume Soninké) située à la lisière de la frontière entre les 2 pays, c'est-à-dire à l’Est de la Mauritanie et à l’Ouest du Mali.
Ces deux pays ont plus de 2000 kilomètres de frontière communes dans le sens Nord-Sud.
La zone théâtres de l’opération est en fait située dans le Sud- Est de la Mauritanie.
Une zone commune aux deux pays dans laquelle AQMI entreprend une opération d’installation de nouvelles bases depuis quelques semaines et qui faisait l’objet de patrouilles communes entre les armées mauritanienne et malienne
Au-delà des certitudes concernant le lieu et l’heure de l’accrochage (après midi), c’est l’incertitude et même le flou total. Celui concerne notamment le bilan des affrontements.
L’armée et le gouvernement mauritanien n’ont encore émis aucune déclaration officielle au sujet du déroulement des combats. Le nombre de victimes de part et d’autre, reste sujet à des allégations contradictoires, et donc difficile à établir pour le moment.
Une source mauritanienne restée anonyme soutient que l’opération du vendredi 24 juin et des jours précédents, a permis de tuer plusieurs éléments de la nébuleuse terroriste sous régionale et avance un nombre de 4 militaires mauritaniens blessés dont 2 grièvement, au cours de l’assaut..
Du côté de l’organisation terroriste, qui maîtrise parfaitement l’art de la « guerre » médiatique, une source invérifiable, fait état de pertes « élevées » du côté mauritanien.
Toutefois, au-delà de l’impossibilité pour l’heure d’avoir un bilan fiable, une autre certitude apparait au milieu du puzzle, l’armée malienne n’était pas impliquée dans les affrontements du vendredi après midi.
Ces accrochages qualifiés de « violents » sont perçus comme une évolution inquiétante de la capacité opérationnelle de la nébuleuse terroriste islamiste dans l’espace sahélo saharien.
Un incident « sérieux » qui aurait été à l’origine d’une escale à l’Aéroport International de Bamako Senou, du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, sur le chemin de Pretoria, capitale politique sud africaine, ou il doit prendre part à la 4é réunion du haut comité ad-hoc de l’Union Africaine (UA) sur la crise libyenne prévue pour dimanche.
Un comité continental au sein duquel on retrouve également le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) et dont Mohamed Ould Abdel Aziz assure la présidence.
Le principal enseignement à tirer des événements sécuritaires des derniers jours à la frontière mauritano malienne, est que le serpent terroriste est plus que jamais vivant. Pire, il semble même étendre ses tentacules à travers la vaste région saharo sahélienne, selon l’avis de nombreux observateurs à Nouakchott.
Les ratissages combinées entre la Mauritanie et le Mali ont été précédées de quelques par une autre attaque d’AQMI au Niger.
Des faits de guerre qui s’accumulent en dépit de la résolution et des efforts sécuritaires de 4 états : l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, qui à l’issue d’une série de rencontres tenues au cours des dernières semaines, dont la dernière à Bamako, le 20 mai, ont annoncé la constitution en cours d’une force commune de 75.000 soldats pour combattre AQMI.
Avec pour objectif de répondre aux enjeux politiques, sécuritaires et économiques d’une sous région « qui imposent une planification ciblée des actions et une évaluation constante de l’évolution d’un phénomène dangereux » qui change régulièrement de forme pour s’adapter au contexte.
Au cours des affrontements du week-end, des témoins ont font état « d’usage d’armes lourdes ».
Au cas où le recours à de telles armes serait à la fois valable pour les 2 camps, on se retrouve devant une des nouvelles formes du terrorisme islamiste évoquée à l’occasion des dernières réunions sécuritaires des pays de la coordination sahélo saharienne.
Une évolution inquiétante qui apporte plus de crédit à la thèse, plusieurs fois réitérée, d’un mouvement terroriste ayant acquis des armes lourdes dans le cadre des effets collatéraux de la guerre en Libye, et des pillages du redoutable arsenal du colonel Mouammar El Kadhafi, volatilisée dans un espace aux frontières poreuses et donc incontrôlables, malgré la bonne volonté des états et la coordination de l’action sécuritaire.
Amadou Seck à Nouakchott.
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