(Le Potentiel 21/06/2011)
Depuis des décennies, des élites congolaises voire des dirigeants, participent activement à la grande entreprise de fragilisation du Congo ex-Léopoldville. En réalité, ceux-ci sont à la solde des fossoyeurs qui se recrutent au niveau international et ne tarissent pas de montages et autres subterfuges pour entretenir l’idée selon laquelle la RDC est un pays ingouvernable incapable de survivre sans la tutelle des puissances étrangères. Aussi procède-t-on par des stratégies visant à la liquidation de l’Etat. Notamment, la sublimation du clientélisme, la fraude, la corruption, l’impunité, l’ignorance des lois de la République et du souverain primaire, pratiques qui font le lit du pillage des ressources naturelles, l’aliénation du patrimoine public et la dilapidation des deniers publics.
La RDC, victime d’un complot, est une lapalissade ! Elle est prise en sandwich par des forces destructrices internes et externes. Plus de cinquante ans après son émancipation, cette ex-colonie belge bat de l’aile. Elle est ballottée entre des intérêts croisés dans lesquels elle ne voit que du feu. Toutes les initiatives conçues pour la redresser économiquement et financièrement se révèlent être des cadeaux empoisonnés à défaut d’être de la flotte versée sur le plumage d’un canard.
Les DSRP, DSCRP, les PEG I, II et III (Dieu seul sait combien il y en aura encore) et leurs appendices ; l’appui à la balance de paiement, l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, l’effacement de la dette extérieure ne sont que des hiéroglyphes dans l’imaginaire de la population congolaise. Nonobstant la campagne menée à ce sujet, la majorité des Congolais ne ressentent pas les effets dans leur vécu quotidien.
Pendant qu’on leur demande de prendre leur mal en patience, il surgit de temps en temps des guerres, des rébellions, des invasions dont les placentas refusent de quitter le territoire national. D’autant que c’est au cours de ces conflits armés, résultant souvent des antagonismes tribaloéthniques suscités de toutes pièces, que le pillage des ressources naturelles est opéré à grande échelle. Les bénéficiaires sont connus, mais ils n’ont jamais été inquiétés ni sur le plan national ni sur le plan international.
Les élections, présentées comme une panacée par la communauté internationale en son temps, ne font plus grand cas de la légitimité de dirigeants et des institutions de la République. La Constitution, soi-disant acceptée par la population par référendum en 2006, est violée avant d’être révisée. Pas besoin de parler d’autres lois dont la violation est fondue dans la polémique sur l’interprétation sélective des juristes. Ces derniers soutenant la partition de leurs courants politiques respectifs.
La législature touche à sa fin, mais le doute persiste quant à un réel engagement pour faire de la RDC un pays qui compte sur l’échiquier mondial. Or, le processus électoral est lancé pour permettre au pays de faire une nouvelle expérience de scrutins démocratiques, libres et transparents.
Que dire du décor planté ? Tous reconnaissent, à des différences près, qu’il est encore loin de rassurer toutes les parties en présence. Tout semble les diviser, à commencer par la révision du fichier électoral jusqu’à la loi électorale en passant par le calendrier électoral. La légitimité tant vantée hier pour remettre la RDC sur la voie de la démocratisation n’est plus que ce que l’on voudrait désormais exciser parce que combattue tant à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Pendant ce temps, les institutions issues des élections de 2006-2007 se rentrent dedans et ne se font aucun quartier. Sans aucune gêne. Que vaut alors, le souverain primaire, témoin et spectateur médusé ?
Une question en appelant une autre, quelle image les dirigeants et les élites congolaises qui s’affrontent sur la place publique, donnent-elles à l’opinion nationale et internationale. Des amateurs qui en sont encore au lait alors que leurs homologues ailleurs bouffent du repas consistant.
Consciemment, parfois, inconsciemment, ils donnent le flanc aux pourfendeurs de leur pays obstinés à maintenir le statu quo d’une RDC no man’s land ou une jungle où règne la loi du plus fort.
Que déduire de tout ce qui précède ? Personne, ni au pays ni à l’étranger, ne manifeste l’intérêt de voir se développer la RDC. Toute initiative tendant à redonner à ce géant d’Afrique de l’essor est vouée à l’échec. Du fait des partisans de la partition, qui ont appris à séduire des compatriotes malgré leurs diplômes et leur capacité de réflexion. Au contraire, ces atouts sont détournés et utilisés au service du mal, un mal qui ronge à petit feu leur pays.
Chaque fois que des questions d’intérêts majeurs sont abordées, la RDC est placée à la traine. Les débats sur la forêt, le changement climatique, l’eau, la sécurité régionale … sont abordés ailleurs. Comme si le Congo était présenté comme un pays de sous-traitance, devant jouer les seconds rôles par rapport à ses voisins. Les illustrations abondent.
Le réveil s’impose
Des entreprises tournées vers le développement sont découragées. Des projets rentables font l’objet d’un marchandage abject, se déclinant en termes des commissions perçues par des prédateurs intouchables. Par contre, les contrats ré-visités et renégociés ne participent pas à la consolidation de l’Etat. De même que l’incapacité permanente de la SNEL et de la Regideso à offrir un service de qualité à sa clientèle ; les tergiversations dans la mise en marche de la fibre optique ; le flou sur les recettes du pétrole.
Cette manière de conduire les affaires touchant à la survie de la RDC ne peut que révolter les esprits épris d’équité et de nationalisme. Même si des lobbyings en faveur d’une RDC émancipée politiquement, mentalement et économiquement sont étouffés avant même qu’ils ne voient le jour. Et que celui qui ose lever la tête ou élever la voix pour exiger des clarifications sur tout ce brouillage est indexé.
Faut-il accepter ce montage comme une fatalité ? Il est inconcevable de croire que les Congolais sont des idiots et que l’on peut leur faire prendre des vessies pour des lanternes. La situation de précarité n’a que trop duré. Tout ce tableau participe d’un projet de fragilisation par des prédateurs qui viennent en RDC sous différentes facettes.
La rupture avec le passé colonial et la culture de l’irresponsabilité est la voie susceptible de renforcer la RDC. Une réappropriation s’impose face à l’évolution de l’histoire. Cela s’appelle un réveil des consciences.
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