jeudi 23 juin 2011

Sénégal -Le modèle démocratique du Sénégal prend du plomb dans l'aile

(Le Post.fr 23/06/2011)

Du plomb dans l'aile de l'avion présidentiel sénégalais pourrait-on même ironiser, avion que Abdoulaye Wade a donc racheté pour 20 milliards de FCFA à Nicolas Sarkozy et qui lui a permis dernièrement d'aller en Libye, escorté par les mirages français.
On reproche souvent d'ailleurs à Abdoulaye Wade de préférer être à l'extérieur de son pays, voire même de s'intéresser davantage au sort des autres peuples qu'au sien.
Le Sénégal, modèle démocratique de l'Afrique de l'Ouest, qui a vu, depuis l'indépendance une alternance politique sans faille mais qui est en train de virer à la mauvaise farce.
Bientôt, Abdoulaye Wade, l'ex vieux sage et aujourd'hui vieux fou, risque fort de devenir, à l'instar de ceux-là même qu'il critique, un exemple patent de voleur de pouvoir, et un infréquentable au même titre qu'un Ben Ali, ou un Moubarak.
Aujourd'hui est le jeudi de tous les dangers, titrent les journaux sénégalais, pourquoi ?
Parce qu'aujourd'hui, le parlement sénégalais vote un tripatouillage de la constitution qui permettra à Abdoulaye Wade non seulement de briguer un troisième mandat, mais de le voler en un seul tour de scrutin avec 25% des suffrages exprimés.
Projet de loi très controversé qui a été conçu pour permettre au président actuel de continuer à régner, et en réaction à des mauvais sondages qui le donnaient perdants.
Projet de loi que Abdoulaye Wade n'hésite même pas à présenter, comble du cynisme, comme un "renforcement de la démocratie".
Ce projet de loi constitutionnel stipule non seulement que Wade pourra se représenter mais surtout le texte prévoit un "minimum de 25% des suffrages exprimés, dit minimum bloquant". Le ticket ayant obtenu au premier tour le quart ou plus des voix l'emporte.
Entre la multiplicité des candidats, et la corruption qui gangrène la sphère politique, nul doute que Abdoulaye Wade n'aura aucun mal à se faire élire au premier tour, avec un vice-président qui fera si joli sur la photo.
Forcément, ce projet de loi passe mal, c'est le cas de le dire dans la société civile, comme pour ce collectif "Touche pas à ma constitution", mené par la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho) et des personnalités telles que Penda Mbow, Marie-Angélique Savané, Alioune Tine (menacé de mort selon une interview qu’il a donnée à Seneweb) et le professeur de droit Babacar Gueye, mais aussi auprès des partis d'opposition et des ONG de droits de l'homme qui s'inquiètent des manipulations de la constitution, du népotisme flagrant du chef de l'état qui n'a pas hésité à offrir à son fils de nombreux ministères et à le trainer partout dans ses sorties pour lui conférer une stature de futur chef d'état, comme au sommet du G8 où c'est Nicolas Sarkozy qui a fait les bons offices en présentant le fils Wade au Président des Etats-Unis.
Fiston, ministre de l'air, de la terre et de la mer, actuellement en train de visiter le salon du bourget pour acheter des avions pour la nouvelle compagnie aérienne sénégalaise "Senegal Airlines" mais aussi pour "Air Terranga" auprès d'Airbus. Marchés en vue !
Des ONG qui protestent et se voient en retour menacées ou intimidées par ce régime arrogant et bien peu démocratique, tel le Directeur Général des impôts au Sénégal, M. Amadou Bâ qui est allé encore plus loin, en menaçant que « l’état pourrait aller jusqu’à une suppression des exonérations fiscales accordées aux ONGs qui ont failli a leur mission ».
Quand ce n'est pas du pur mépris affiché à l'encontre des gens de la société civile, tel le premier ministre qui n'hésite pas à affirmer :« des gens qui ont des opinions politiques mais qui n’ont pas le courage de participer au jeu politique. Et à chaque fois qu’il se pose un problème ils arborent le manteau politique et viennent sur le terrain nous empester l’air »
Hier des manifestations ont eu lieu à Dakar et dans d'autres villes, manifestations violemment réprimées, avec des arrestations notamment des membres du collectif "Y en a marre" et de leur leader, Alioune Tine. les chars étaient même de sortie, et les soldats n'ont pas été tendres pour repousser les opposants à coups de gazs lacrymogènes ou à coups de matraques.
Le député de l'opposition, Bamba Dieye s'est même enchaîné aux grilles de l'assemblée nationale en signe de protestation.
Aujourd'hui, en ce jeudi de tous les dangers, les ONG et l'opposition appellent les forces de l'ordre, police, militaires à la plus grande retenue dans la répression des manifestations qu'il ne manqueront pas d'avoir lieu, et leur demande de se rallier aux voix de la démocratie
Les sénégalais sont fatigués de ce président à l'égo surdimensionné et dont on se demande si il a encore toute sa raison, lui qui n'hésite pas à parler de succès, d'autosuffisance financière et alimentaire ou encore qui promet à toute l'Afrique de l'électricité gratuite quand bien même son propre peuple n'a pas deux repas par jour, qu'il supporte des coupures quotidiennes de plus de 8 heures par jour, et que le Sénégal importe toujours tonnes de riz et autres denrées pour pallier l'insuffisance de ses propres ressources.
Lui qui n'hésite pas non plus à vanter "la lumière de l'Afrique", sa statue, projet pharaonique, dans laquelle il est actionnaire, de dizaines de mètres de haut qui domine la corniche de la capitale et qui est éclairée chaque nuit tandis que la ville est, elle, plongée dans le noir.
Un Président qui n'hésite plus à faire arrêter ses opposants ou à faire réprimer violemment toute manifestation, obligeant la ligue Sénégalais des Droits Humains à dire qu'elle condamne ‘’les arrestations intempestives, les détentions préventives en dehors de toute procédure judicaire, la négation systématique des droits à la manifestation’’
Un président qui est ne voit même plus la souffrance de son peuple, les milliers d'enfants jetés à la rue et qui errent à mendier toute la journée pour le compte de "marabouts", un président qui de toutes manières, préfère être loin de son pays, la majeure partie du temps.
Cela dit, on ne lui reprochera pas cela, quand il est là, rien que de rentrer de l'aéroport avec son escorte digne du président américain, et ses dizaines de voitures, 4x4, et motos hurlantes, il embouteille généralement la capitale pour de longues heures.
A la limite, il est plus utile dehors.
2012 auront lieu les élections présidentielles sénégalaises, et dans un climat mondial où les peuples aspirent à davantage de démocratie, d'égalité mais aussi de justice, et où ils se révoltent contre des systèmes politiques corrompus, et des pouvoirs iniques, Abdoulaye Wade serait avisé de se méfier que son peuple ne se lève pas à son tour contre lui, tels les peuples arabes, pour exiger le respect de la démocratie à laquelle ils sont tant attachés et un peu plus d'égalité et de justice.

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