(Le Potentiel 15/07/2010)
Kinshasa ne semble pas se tromper en affirmant qu’«il pleut à nouveau des sarcasmes et des invectives contre la République démocratique du Congo et ses dirigeants (ayant) pour sources certains officiels et des médias en Belgique ». Les hommes politiques belges « de tous bords », usant du fallacieux prétexte de « bijoux offerts à la Reine », ont saisi l’occasion pour se délecter du gouvernement congolais. La RDC est presque devenue un sujet de repositionnement sur la scène politique belge. Kinshasa doit être vigilant pour ne pas tomber dans le piège des politiciens belges qui ont fait de la RDC leur fonds de commerce pour se mettre en vedette sur la scène politique.
Entre la RDC et la Belgique, les rapports sont presque « normalisés », selon le Premier ministre Belge sortant, Yves Leterme. Ils sont certes apaisés, mais ils ne restent cependant être tourmentés par moment par des vagues intempestives qui envahissent la scène politique Belge. Plus jamais, les politiques belges ne ratent une occasion pour se pavaner sur la vie politique de la RDC – ex-colonie belge, mais désormais émancipée depuis le 30 juin 1960. Invité d’honneur du Cinquantenaire, le roi Albert II de la Belgique pensait bien faire en se refusant à toute forme de discours lors de son séjour en terres congolaises. Mais, il ignorait cependant le cadeau offert à sa femme, la reine, par le couple présidentiel congolais. Même muette en quatre jours de son séjour, la presse belge, en première ligne, relayée, par la suite, une bonne partie de la classe politique du Royaume, a vite fait de faire revivre autrement le séjour congolais du couple royal.
LA RDC SE VEND BIEN EN BELGIQUE
En Belgique, la RDC se vend bien, encore mieux si l’on se retrouve dans la scène politique. L’on est ainsi mieux écouté quand son discours intègre une dimension congolaise. La Belgique l’a compris. D’où, cette hargne à parler, parfois avec passion, de la RDC.
Des éléments probants démontrent la préméditation dans la « volée de bois vert » de certains officiels et médias belges contre le gouvernement congolais, depuis l’invitation au couple royal belge à la commémoration du Cinquantenaire de la RDC.
En effet, ne craignant pas d’indisposer le couple royal belge présent à Kinshasa, le « rédempteur » Karel de Gucht, commissaire européen visiblement nostalgique de ses anciens attributs de ministre belge des Affaires étrangères, a réitéré ses « critiques ».
« Tout le monde sait que la corruption est extrême en Afrique, et certainement aussi en RDC. Et la corruption débute toujours au sommet », a-t-il déclaré sur le plateau de Terzake le 30 juin 2010, le jour même où la RDC fêtait le 50ème anniversaire de son indépendance.
« Mais, ce pays souffre également d’un manque de gouvernance. Il y a de grandes parties du monde où la corruption est présente mais où une économie peut quand même être bâtie. C’est ce qui manque en RDC, car il n’existe pas de gouvernance », a ajouté De Gucht cité par Belga.
Il a même regretté que le roi Albert II n’ait pas fait une déclaration publique. « Pas un discours cinglant. Mais, un discours qui aurait été un soutien pour les Congolais », a-t-il précisé. Des « propos à répétition sur la corruption en RDC », dits en 2008, qui avaient irrité le gouvernement congolais, l’ayant poussé « décider de rappeler son ambassadeur en Belgique et de fermer les consulats belges de Lubumbashi (Katanga) et de Bukavu (Sud-Kivu) », rappelle l’agence de presse belge.
Le lendemain, 1er juillet 2010, c’est le Premier ministre Yves Leterme, accompagnant le couple royal belge, qui a embouché son « vuvuzela », faisant le reproche à ses hôtes de n’avoir pas su « utiliser autrement » l’argent investi dans les festivités. « Quand on assiste au défilé, on se dit qu’on pourrait avoir le réflexe d’utiliser cet argent autrement » pour soulager la détresse dans laquelle vit la population congolaise, a-t-il dit en substance.
« M. Leterme a d’ailleurs confié son étonnement sur l’ampleur de ce défilé, qui est apparu comme une démonstration de force voulue par M. Kabila en présence de certains de ses anciens ennemis, les présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni, qui avaient soutenu des rébellions congolaises lors de la dernière guerre civile en RDC (1998-2003).Il a toutefois admis comprendre qu’un tel défilé soit important pour forger une idée de la nation congolaise », selon Belga.
A l’évidence, la révélation par « La Dernière Heure » de l’existence d’une « magnifique parure en diamants et pierres précieuses, offerte le dernier soir du voyage (…), un présent de choix et certainement de grand prix », ne saurait justifier les déclarations - antérieures à l’offre - de deux personnalités belges.
POUR DES RELATIONS APAISEES
« Notre souci de préserver de bonnes relations entre nos deux pays, unis par une longue histoire commune, n’a pas anesthésié notre capacité à répliquer de manière appropriée à quiconque, Belgique ou ailleurs, cherchera à nous rendre injustement coupables de ce dont nous sommes victimes », a répliqué le porte-parole du gouvernement congolais.
Selon le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, « reconstituer et équiper l’armée ne peut être considéré comme un gaspillage pour un pays comme la RD Congo, sauf à vouloir nous maintenir impuissants face au premier prédateur venu ».
A propos des bijoux offerts à la reine Paola, il a indiqué qu’« il est de bonne tradition chez nous que la première Dame hôte offre, aux épouses de hautes personnalités en visite, un cadeau privé constitué de produits de l’industrie ou de l’artisanat national ». Il a mis en garde « ceux qui ont crié à un prétendu «cadeau empoisonné ».
« Le discours pessimiste sur la RD Congo, que répandent aux quatre vents ces milieux, plus intéressés par le Congo et ses richesses que par les Congolais, ne procède nullement de la philanthropie, sinon, ces «rédempteurs» autoproclamés n’auraient pas versé dans l’insulte et l’anathème », a constaté le porte-parole du gouvernement congolais.
« On en vient à se demander si, au-delà de ses élites et de leurs particularités, ce n’est pas la souveraineté même du Congo qui dérange en définitive (…) les hommes politiques belges de tous les bords », s’est-il interrogé.
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