Le bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est tenu malgré tout. Mais avant, on a assisté hier mercredi 14 juillet 2010, à une véritable cacophonie à la maison du parti d’Houphouët-Boigny à Cocody. La tension était vive et cela se voyait sur les visages. On pouvait aisément distinguer deux camps, celui de l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny -qui aspirerait à diriger le PDCI- et celui du président de ce parti, Henri Konan Bédié, jugé trop « vieux » pour gérer la plus vieille formation politique de la Côte d’Ivoire.
Alors que les journalistes et autres curieux s’impatientaient, on entendit des voix et des cris. Charles Konan Banny faisait son entrée sous une forte escorte composée essentiellement de ses partisans qui ne cessaient de l’acclamer. Ils l’ont accueilli au collège moderne de Cocody. A cinq mètres environ du portail de ce mythique siège, Banny descend de son véhicule de commandement, une Mercedes de couleur noire, pour prendre un bain de foule. Des cris de joie, des injures à l’encontre de Bédié fusent de partout, Banny entre dans la cour du siège de son parti à pied. Il s’en suit une bousculade parce que ses partisans veulent l’accompagner jusqu’à la salle de réunion, chose que des individus commis pour assurer la sécurité - qui était très renforcée pour l’occasion-, des gendarmes, des loubards et des militants dudit parti ont refusé. « Bédié au repos, on veut Banny, Banny tu as gagné », lançaient-ils. 16h51, on s’active et on entend Maurice Kacou Guikahué, le chargé de la mobilisation au PDCI, qui demande aux jeunes qui étaient dans la cour de sortir pour accueillir Henri Konan Bédié, leur président. Le même scénario, les mêmes bruits mais cette fois c’est Bédié qui est loué.
Zié Coulibaly, Atsé Jean-Claude, Koléabo et les autres ont escorté le véhicule du président Bédié jusque dans la cour, pendant que son cortège est hué par les pro-Banny qui l’accusent de ne plus être à la hauteur. Ils lui demandent même de céder sa place à Banny, qui est plus jeune. Les deux camps chantaient les noms de leurs leaders. On aurait dit une scène de théâtre. Il est 18h54 quand Banny sort de la salle,. Il est hué à son tour et manque même de se faire lyncher. Les pro-Bédié n’ont pas supporté le fait qu’il ait quitté la salle de réunion avant que leur président, M. Bédié, ne lève la séance qui aura duré 3h. Soit de 17h à 20h. « Tu veux casser notre parti, il est trop mauvais, si Bédié part, ce sont les jeunes qui prendront ce parti », ont lancé certains, très remontés. Banny aurait pris un coup à la tête si l’un des gardes du corps n’était pas intervenu. Un autre jeune, très excité, voulait briser les vitres de son véhicule. Il va en ressortir quelques secondes après pour répondre aux injures que lui lançaient ces jeunes. « Vous me parlez à moi ? », a-t-il interrogé.
Une question qui fait monter la fièvre dans l’enceinte du PDCI. Banny, transpirant, le sourire aux lèvres, remonte dans son véhicule. Il sera accueilli en triomphe dehors où l’attendaient ses partisans. Sans faire de déclaration, M. Bédié sortira à la fin de la réunion, soutenu également par ses partisans. Les résolutions de ce bureau politique seront publiées aujourd’hui jeudi, nous a assuré le service de communication du PDCI.
par Hervé KPODION
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