(Kaba Bachir 15/07/2010)
Le scrutin du 27 juin 2010 n'a pas été exempt de tout reproche. Outre les imperfections notées dans son organisation, il a été émaillé à coup sûr d'irrégularités et de fraudes massives empêchant qu'il débouche sur des résultats hors de tout soupçon.
Le scrutin du 27 juin 2010 n'a pas été exempt de tout reproche. Outre les imperfections notées dans son organisation, il a été émaillé à coup sûr d'irrégularités et de fraudes massives empêchant qu'il débouche sur des résultats hors de tout soupçon.
A cet égard, le score de 39,72% attribué au candidat de l'UFDG le plaçant largement en tête du premier tour est sans aucun doute le résultat d'une vaste magouille électorale orchestrée à plusieurs niveaux. Il n'est pas du tout le reflet du poids réel de ce parti sur le terrain. Pour des raisons tout à fait opposées, le score de 20,67% reconnu au RPG est nettement en deçà de la confiance et du soutien dont il bénéficie de la part des Guinéennes et des Guinéens.
Force est de reconnaitre cependant que la présence au second tour de ces deux formations politiques procède de la logique la plus élémentaire.
Le RPG est la plus vieille formation politique née en Guinée après les événements du 3 avril 1984. A la faveur d'une vingtaine d'années de présence effective sur le terrain, il a pu s'enraciner profondément dans le cœur de ses compatriotes. Il symbolise à leurs yeux le courage, la foi et l'espoir de voir se réaliser le changement auquel ils aspirent.
L'UFDG est l'héritière de la défunte UNR portée aux fonts baptismaux par feu Bâ Mamadou au début des années 1990. Ce parti a toujours eu pour credo l'exaltation du nom et de la grandeur d'une ethnie. Ainsi regroupe-t-il la quasi-totalité de ses membres vivant à l'intérieur du territoire comme en dehors.
Il était donc prévisible que poussé par un tel courant, le candidat de l'UFDG réalise le score lui permettant d'accéder à la finale de la compétition présidentielle.
Mais le candidat de l'UFDG peut-il gagner ?
Dans un pays où les sondages d'opinion ne sont pas encore incrustés dans les mœurs, il n'est pas aisé de faire des projections résistant inévitablement à l'épreuve des faits.
Toutefois, en ce qui concerne les suffrages attribués au candidat de l'UFDG, un certain nombre de remarques s'imposent :
- Cellou Dalein Diallo a fait le plein voire le trop-plein des suffrages exprimés dans les zones placées sous son influence.
- Il a réduit en poussière les ambitions de ses concurrents locaux en Moyenne-Guinée où ceux-ci ont fait pâle figure à l'image des deux Bah (El Hadj Ousmane et Mamadou Baadiko) qui totalisent moins d'1% (0,68%).
L'irruption sur la scène de Boubacar Barry (0,64%), Boubacar Bah (0,31%) n'aura eu au bout du compte qu'un caractère anecdotique. Cellou Dalein Diallo est le seul candidat à avoir recueilli plus de cent mille voix dans les bastions acquis à sa cause tels qu'à Ratoma (140.311 voix) et à Labé (104.102 voix). Il a obtenu des pourcentages à la soviétique dans toute la Moyenne-Guinée et dans les missions diplomatiques à l'Etranger, notamment dans les pays où vivent d'importantes communautés guinéennes appartenant à son ethnie.
Reconnaissons aussi que le candidat de l'UFDG s'est offert ailleurs quelques succès significatifs ou relatifs qui ont contribué à améliorer sa position et à amoindrir celle de ses concurrents directs. Ce cas s'applique à des préfectures comme Kindia où il est arrivé en tête (40.972 voix) devant Abe Sylla, l'enfant du pays (39689 voix) et Sidya Touré, l'un des ténors de la campagne présidentielle (11.238 voix). A Boké, il a talonné le vainqueur de l'étape avec 36.159 voix. Ajoutons à cela les 10.145 voix glanées à Siguiri dans un cadre considéré généralement comme la citadelle du RPG.
Stopper la machine à tricher
A l'analyse, il ressort que si Cellou Dalein Diallo n'a laissé que des miettes à ses principaux concurrents dans les zones se trouvant sous son contrôle, il aura réussi en revanche la gageure d'ôter à ces derniers dans leur fief des voix importantes à l'origine de son relatif succès. Ce jugement peut cependant se révéler simpliste. S'il est évident que ceux qui ont voté principalement pour lui sont issus de sa communauté à plus de 95%, la Moyenne-Guinée n'est pas elle non plus une région homogène où ses rivaux s'identifiant à une partie de la population devraient se contenter partout de la portion congrue.
A cet égard, nous sommes surpris par les 5247 voix attribuées à Sidya Touré à Gaoual où le candidat de l'UFR avait bien des raisons de se croire en pays de connaissance.
Les suffrages accordés au professeur Alpha Condé à Mamou (4.766 voix) et à Dalaba (1.755 voix) sont assez troublants dans un contexte où le cosmopolitisme constitue parfois le fondement même de la création de la cité avec des effets irradiants dans toutes ses composantes. De deux choses l'une : ou les électeurs favorables à Alpha Condé, Sidya Touré et d'autres ont été placés dans l'incapacité morale et physique de voter massivement, ou leurs votes ont été manipulés. Par ailleurs, les scores réalisés par Cellou Dalein Diallo en Basse Guinée et en Haute Guinée doivent témoigner de la totale transparence qui a prévalu dans ces deux régions.
Nous croyons que si la CENI et le gouvernement prennent leurs responsabilités, le candidat de l'UFDG et les siens ne pourront pas instaurer le climat de terreur qui a caractérisé le déroulement du scrutin en Moyenne-Guinée. Son score s'en ressentira alors forcément.
Un tableau assombri davantage par l'usage abusif qui a été fait des votes par procuration et des récépissés en Moyenne Guinée. Sous l'œil indifférent d'une CENI totalement dépassée par les événements ou complice, et par ce biais, des dizaines de milliers de voix ont été l'objet d'intenses fricotages.
Malgré tout, la machine à tricher de l'UFDG n'est pas parvenue à ses fins. Son dessein consistant à franchir la barre des 50% dès le premier tour a échoué. Mais plus grave, elle a épuisé toutes ses cartouches. Ses réserves sont donc vides dans la perspective d'un second tour où elle ne dispose d'aucune possibilité de faire mieux que précédemment. D'ailleurs, les stratèges de l'UFDG ne se font guère d'illusions. Tous les échafaudages qu'ils ont conçus et mis en œuvre tendaient à lui ouvrir le chemin de la victoire au soir du 27 juin 2010. Bourrage des urnes, achat des consciences, corruption des membres de bureaux de vote, manipulations des résultats par des chefs de quartier inféodés à l'UFDG tels que ceux qui ont été appréhendés la main dans le sac à Ratoma, Matoto, Banankoro etc., ont été autant de vaines tentatives pour s'approprier injustement les suffrages du peuple.
L'heure est donc venue pour tous les patriotes de se lever comme un seul homme afin de pallier les carences pour ne pas dire la veulerie d'une CENI corrompue et dominée par les partisans de l'UFDG. L'heure est à la mobilisation pour empêcher tout hold-up électoral à l'occasion du second tour.
Pour le reste, les chances du candidat de l'UFDG sont très minces si la CENI est contrainte d'équiper en matériel électoral les bureaux de vote de la Basse (Boké) et de toute la Haute Guinée où des centaines de milliers de citoyens n'ont pas pu voter à cause des longues distances qu'on leur imposait de parcourir pour rallier les bureaux de vote.
Les chances de Cellou Dalein Diallo d'être président sont dérisoires voire nulles parce que les Guinéens qui aiment sincèrement et profondément ce pays sont prêts à se donner la main pour faire barrage à ceux dont l'unique objectif est d'asseoir la domination d'une communauté sur les autres.
Nous voyons en effet se dessiner un grand mouvement unificateur de tous les patriotes dépassant largement les rancœurs du premier tour pour mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation.
En mettant bout à bout, le score qui va découler de l'union salvatrice des électeurs de la Basse Côte, la Haute Guinée, de la Guinée Forestière auxquels vont se joindre immanquablement leurs frères et sœurs de la Moyenne Guinée, conscients du péril qui plane sur la concorde nationale, les espoirs de l'UFDG se rétréciront comme peau de chagrin.
Les velléités présidentielles des individus rêvant d'une Guinée à deux vitesses sont en effet de plus en plus connues et ne passeront pas.
Le candidat de l'UFDG doit-il gagner ?
Nous abordons la partie clef de notre propos. Toute élection a une valeur arithmétique et une portée éthique.
La démonstration est faite que les chances de victoire de l'UFDG sont nulles sur le plan de l'arithmétique électorale.
Mais c'est surtout dans le domaine de l'éthique que celle-ci, le cas échéant, se révélerait particulièrement redoutable, compromettant gravement l'unité et la paix sociale.
Un bref rappel historique dévoile en effet que l'actuelle UFDG version Bâ Mamadou puis Cellou Dalein Diallo a toujours été le refuge de tous ceux qui ont prôné la conquête du pouvoir selon des critères ethnicistes.
L'usage pouvant en être fait dans un tel contexte n'est pas difficile à cerner. On retrouve, en effet autour du candidat de l'UFDG les complexés, aigris, frustrés, dogmatiques, revanchards, extrémistes de tout poil vivant en Guinée comme à l'Etranger. Ils se confondent avec une cohorte de commerçants véreux et impitoyables, suçant le sang du peuple avec une extrême avidité.
Le dénominateur commun entre ces groupuscules est de voir la Guinée soumise à la volonté d'une ethnie expansionniste nourrie de l'idéologie pan-peulhe par la conquête du pouvoir politique après qu'elle se soit assurée le contrôle des principaux leviers économiques de la nation.
Ils rêvent d'une Guinée où le cireur, le président de la république, le haut fonctionnaire et le riche commerçant seront tous issus de leur communauté.
C'est pourquoi s'affairent autour de Cellou Dalein Diallo, des personnages réputés pour leur voracité et dont les noms et pseudonymes évoquent les pages les plus sombres de la gabegie financière de l'histoire de la Guinée indépendante. Il est vrai que qui se ressemble s'assemble. A cet égard, le candidat de l'UFDG qui s'est taillé une solide renommée de prédateur envisage de gouverner le pays sous la dictée des Sadakadji, Guerguédji, Safricom et autres Sans Loi dont la seule loi est celle de l'argent. Ces hommes sont redevables de milliers de milliards de francs guinéens et de millions de dollars à l'Etat qu'ils ont spolié par ailleurs de nombreux domaines et biens immobiliers disséminés à travers tout le territoire ; en ce sens qu'ils ont pignon sur rue dans toutes les régions de la Guinée. La seule manière pour eux de ne pas avoir à rendre gorge consiste à favoriser l'avènement à la tête de l'Etat d'un homme avec lequel ils ont toujours agi en parfaite complémentarité dans la dilapidation des deniers publics.
Mais plus grave, derrière l'élection de Cellou Diallo se profile toute une cohue d'irrédentistes à la longue barbe, symbole d'un intégrisme de mauvais aloi et de petites gens de toutes conditions allant du cireur de chaussures, au chauffeur de taxi et de délinquants invétérés qui ont transformé leur zone d'implantation en un véritable capharnaüm. Il y règne un laisser-aller indescriptible. Véritable ghetto incontrôlé, ils y imposent leur loi et se gaussent superbement du reste. Ce sont ces individus nourris à l'idéologie de la haine et de la division qui constituent le gros des bataillons des radicaux qui croient dur comme fer en la supériorité de leur ethnie et clament à tue tête que c'est leur tour.
Derrière Cellou Dalein Diallo, il faut apercevoir également une composante particulière de la diaspora guinéenne. Elle est formée de professionnels de l'exil affichant morgue, mépris et mus par une volonté irrépressible de vengeance contre tous ceux qui ont dirigé ce pays et les membres de leur communauté. Bon nombre de ces individus figurent sur les tablettes ministérielles du candidat de l'UFDG. Ils sont prêts à entretenir les feux de l'exclusion et de l'ethnocentrisme dans l'administration. Ils sont tous partisans de la création d'un vaste mouvement Hal Pular, intégrant leurs congénères du monde entier dont la Guinée deviendrait la terre élue si d'aventure Cellou Dalein Diallo accédait à la magistrature suprême.
La victoire de l'UFDG, c'est aussi la confiscation du pouvoir pour une durée indéterminée par une ethnie. Déjà, les idéologues du parti planchent sur une modification de la constitution en vue de l'instauration d'un scrutin à un tour susceptible de favoriser l'aboutissement de leurs visées.
En un mot, la victoire de l'UFDG laisserait des traces indélébiles dans le cœur des Guinéens.
Les fondements de l'Etat indivisible et laïc tomberont en déshérence, les rapports idylliques qui unissent les Guinéens disparaitront, la haine et la vengeance s'imposeront.
Autant dire que les Guinéens doivent profiter de la première élection démocratique de notre pays pour se protéger des ambitieux et affairistes qui veulent prendre le pouvoir pour les asservir.
La volonté populaire qui est souveraine doit se traduire dans toutes les régions par un vote franc et massif contre les velléités ethnocides qui animent le candidat de l'UFDG et ses partisans. Nul ne doit cautionner que l'ethnocentrisme soit érigé en méthode de gouvernement dans un pays dont la principale richesse est sa diversité démographique et culturelle.
Il est par ailleurs superflu d'imaginer un seul instant que le candidat de l'UFDG puisse incarner le changement profondément souhaité par tous. Cellou Dalein Diallo est le prototype de l'homme politique corrompu, vénal et cynique. Il est en revanche, aux antipodes des idéaux pour lesquels les démocrates et les valeureux fils de notre pays ont combattu.
Aussi son élection ne laisse-t-elle aucune chance aux Guinéens de s'unir et de s'organiser pour faire face à leurs ennemis communs : la pauvreté et le sous-développement.
N'écoutons donc pas la petite minorité qui est en train de propager de fausses nouvelles autour du candidat de l'UFDG. Ceux-ci, experts en manipulation et en falsification des faits historiques, présentent tout à leur aune. Cette poignée de trublions menés par ses seules convoitises et ses seuls appétits ne doit pas être en mesure de nous détourner de l'option que nous avons faite de nous prononcer massivement contre les ennemis irréductibles des libertés démocratiques regroupés au sein de l'UFDG. Prouvons leur que Cellou Dalein Diallo ne doit pas gagner et œuvrons ensemble avant, pendant et après le scrutin pour le renforcement de l'unité nationale par l'union sacrée des forces du progrès.
Cheick Tamourah - Guinee24.com
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