(Sud Quotidien 15/07/2010)
Surtension sociale ! Les coupures intempestives d’électricité suscitent des vagues de protestations dans plusieurs localités du pays. Et le vent de la contestation est en train de toucher toutes les régions du Sénégal. Partout les populations élèvent la voix face à « l’incompétence » de Samuel Sarr incapable de trouver une solution à ce problème.
Le Parti socialiste (Ps), dans une déclaration daté du 14 juillet, met en garde l’Etat contre « d’éventuels dérapages lorsque le pays se sera embrasé ».
« Que ceux qui, à la tête de l’Etat, du ministère de l’énergie ou de la SENELEC, gèrent la politique énergétique du Sénégal, se le tiennent pour dit, ils seront tenus pour responsables au premier chef des conséquences dommageables qui pourraient découler d’éventuels dérapages lorsque le pays se sera embrasé ». La mise en garde est du parti socialiste (Ps) qui s’est fait l’écho, dans une déclaration datée du 14 juillet, de la vague de protestations spontanées qui traverse tout le pays suite aux coupures intempestives d’électricité.
Pour les camarades d’Ousmane Tanor Dieng, « depuis plus de 10 ans, non contents d’avoir interrompu intempestivement le processus d’ouverture du capital de la SENELEC à un partenaire stratégique et mus par l’appât du gain, ils ont complètement perturbé les procédures et les circuits d’approvisionnement et de distribution des hydrocarbures ». Ils ajoutent qu’au mépris des intérêts stratégiques nationaux, Abdoulaye WADE et ses compères, « amateurs de montages financiers fumeux et de transactions commerciales nébuleuses, empruntent des voies détournées et opaques d’approvisionnement en fuel de mauvaise qualité qui détériore les installations de la SENELEC ».
Le désastre énergétique
Les socialistes soutiennent que la question énergétique est tout simplement un désastre avec le carburant et le gaz butane devenus hors de prix mais surtout, avec le problème des coupures de l’électricité qui atteignent maintenant des pics jamais égalés. « Pire que les délestages, les Sénégalais sont maintenant confrontés à une véritable politique de rationnement de l’électricité alors, pourtant, que les factures onéreuses plombent le budget des ménages et que le Gouvernement prétend avoir investi plus de 500 milliards de FCFA dans la SENELEC », souligne la déclaration. En attendant la baisse de la production nationale qui se fera sentir gravement sur les résultats de notre économie, pour l’heure ce qui inquiète, selon le Ps, c’est l’exaspération des populations qui sont à bout de patience. La récurrence des coupures, en un moment de forte chaleur, « se traduit en effet par la vague de protestations spontanées qui secouent, l’une après l’autre, les localités du Sénégal ces derniers jours et menacent à chaque fois de dégénérer en révoltes populaires avec les risques de dérives et d’émeutes ».
Le calvaire de la banlieue
Par ailleurs, la question des inondations a aussi préoccupé les socialistes avec les premières pluies tombées qui ont noyé, sous les eaux, certaines rues de la capitale, y compris les récents ouvrages réalisés à prix d’or. Pour le Ps, à l’évidence, les travaux saisonniers d’entretien, notamment de curage pré-hivernal des réseaux d’évacuation des eaux usées et des eaux de pluie, n’ont pas été correctement accomplis par l’ONAS qui « se trouvait paralysé par les bisbilles entre son ancien directeur général et son ministre de tutelle ». Et « nul ne doute maintenant que la situation sera intenable dès que l’hivernage se sera installé dans le pays ».
Mais cette situation, de l’avis des socialistes, est dérisoire « à côté du calvaire qui attend les populations des banlieues qui scrutent le ciel avec angoisse sachant que les prochaines pluies les replongeront dans les affres des inondations ». Or, disent-ils, seuls 9 milliards sont prévus pour faire face au problème là où les 57 milliards prétendument investis naguère ont été vains.
Les préoccupations aux oubliettes
Suffisant pour tirer cette conclusion : « les préoccupations légitimes des populations, en matière d’alimentation, d’éducation, de santé et du cadre de vie, leur importent moins que le financement du train de vie dispendieux de l’Etat ». Peu leur importe, soutiennent les socialistes, que « l’électricité soit rationnée et que les Sénégalais soient contraints de retourner à la bougie, pourvu qu’ils puissent poursuivre en prédateurs leur entreprise mafieuse de captation des ressources du pays ».
Vrais problèmes, fausses solutions
Au lieu de faire amende honorable et à la place d’une vigoureuse politique de reprise en main du pays dans un contexte de crise nationale, constate le Ps, « les seules initiatives qu’Abdoulaye WADE propose aux Sénégalais sont les éternels remaniements ministériels, les modifications intempestives de la constitution et les manipulations incessantes des institutions de la République pour asseoir sa toute puissance et la mainmise, sur l’Etat, de son clan ». A cela s’ajoute la question de la création des postes de Vice-prident de la République et de Vice-Premier ministre. Pour le Ps, « Dans les deux cas, pour la vice-présidence tout comme pour la vice-primature, il ne faut retenir de ces projets que le vice qui anime toujours les motivations profondes d’Abdoulaye WADE » Ce n’est pas tout. Tantôt, selon le Ps, il « cherche un exutoire à la légitime colère de populations confrontées aux conséquences fâcheuses de sa gouvernance corrompue, en fournissant constamment du grain à moudre à l’opinion, pour détourner son attention des scandales financiers et crimes économiques qui jalonnent sa gestion ». Tantôt, il « continue à rechercher la voie idéale pour ses funestes projets de succession dynastique percés à jour par le monde entier maintenant ».
S’attendre au pire
Pour sûr, au regard de la situation nationale, tous ces tripatouillages, de l’avis des socialistes, « n’auront d’autre effet que celui d’un cautère sur une jambe de bois et la chute est inéluctable dès que les Sénégalais auront l’occasion, après le coup de semonce du 22 mars 2009, de leur dire, par les urnes, ce qu’ils pensent de leur gouvernance abreuvée aux sources de l’incompétence et de la prévarication ».
Les camarades d’Ousmane Tanor Dieng soutiennent « qu’à l’aune de cette longue entreprise de déprédation des ressources nationales, perdre le pouvoir par la voie des urnes serait la chose la plus douce qui pourrait leur arriver ». Car, disent-ils, « ce qui leur pend au nez, c’est la révolte populaire et la justice sommaire d’un peuple remonté à la nausée par leurs excès ».
Talla Sylla s’y reconnaîtra
En outre, le Ps dit « rester fidèle, comme toujours, à ses engagements vis-à-vis de ses alliés de Bennoo et aux conclusions des Assises nationales dont il a été un initiateur et un membre engagé et dont il a souscrit à la Charte de gouvernance démocratique ». Il exhorte toutes les forces engagées dans la lutte contre le régime à redoubler les efforts de mobilisation des populations, de lutte à côté d’elles et de surveillance du processus électoral « plutôt que de s’abîmer dans des invectives et des combats d’arrière-garde qui ne servent que les intérêts du régime ».
A ceux qui semblent l’oublier, le Ps rappelle que depuis 2000, du Cadre permanent de concertation (Cpc) jusqu’à Bennoo, il « n’a jamais été pris à défaut pour non-respect de la parole donnée, ni pour déloyauté vis-à-vis de ses alliés de l’opposition, ni pour des discussions et/ou des négociations diurnes ou nocturnes, directes ou indirectes, avec Abdoulaye Wade ».
Gesticulations et interpellations discourtoises
Il croit dur comme fer que le compagnonnage entre partenaires ne saurait se poursuivre de façon harmonieuse que dans le respect du point de vue de chacun. Et que les « gesticulations toujours inopportunes et les interpellations, surtout celles discourtoises et de mauvaise foi, n’y feront rien ».
Les camarades d’Ousmane Tanor Dieng « ne se laisseront pas impressionner ni divertir et poursuivra sa route avec tous les alliés de bonne foi pénétrés de l’esprit de responsabilité qui permet de se hisser à la hauteur des enjeux de l’heure ». Et d’ajouter : « Avec ceux-là, plus qu’une simple coalition électorale, le Parti socialiste se tient prêt à construire une véritable alliance politique de gouvernement, voire à aller encore plus loin, pour conduire les nécessaires politiques de rupture que les Sénégalais appellent de leurs vœux ».
par Bacary Domingo MANE
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