(Togosite 19/07/2010)
Au cours de la dernière réunion bipartite entre le gouvernement et l’Union Européenne, on parle de l’organisation des élections locales d’ici à janvier 2011. Pensez-vous que cela est possible ?
Il y a un an lorsque nous avions voté une loi relative à l’organisation des élections locales, le ministre de l’Administration Territoriale nous avait dit qu’il leur faut des bâtiments, des outils et des moyens pour les futurs maires et préfets. Selon toujours le ministre, ces manquements font qu’il ne peut pas y avoir ces élections locales avant la présidentielle.
Aujourd’hui, s’il trouve qu’il est temps de l’organiser en croyant que l’UFC est divisée et que cette division peut leur laisser un peu de territoire, il se trompe parce que les populations savent où sont leurs intérêts et pour qui elles doivent voter. Tout ce que nous demandons est que les textes devant servir à l’organisation de ces locales permettent d’organiser de vraies élections locales. Il faut aussi que ces élections ne ressemblent pas à la comédie électorale à laquelle nous assistons habituellement. Nous attendons de pieds fermes et dès qu’on nous parlera des locales, les candidats nous en avons. Aussi bien les Amis de Gilchrist Olympio et que le pouvoir devenu aujourd’hui leur allié savent très bien que personne ne peut nous battre à des élections honnêtes, libres et transparentes dans ce pays.
Au cas où cette élection se confirme, comment comptez-vous y prendre part
Il faut que nous voyions d’abord les conditions d’organisation de ces élections. Il est clair que nous ne pouvons pas aller à des élections demain sans qu’il y ait une révision générale des populations togolaises. Ce qui permettrait de restructurer les préfectures de plein exercice, les communes rurales et autres. Cela est important qu’après un recensement général, on puisse faire celui électoral qui permettrait une nouvelle configuration administrative et territoriale du Togo. Si ces conditions sont réunies et que nous avons une CENI réellement neutre pouvant contrôler, organiser et superviser des élections, nous ne trouvons aucun inconvénient pour y aller. Si tel n’est pas le cas, nous allons nous battre pour qu’il en soit ainsi avant d’organiser quelle qu’élection que ce soit dans ce pays. Ces élections nous font perdre d’ailleurs énormément d’argent et des vies humaines parce qu’elles ne sont pas bien organisées. On fait semblant de faire vivre le Togo dans la démocratie alors qu’en réalité, il n’en est rien.
L’Union Européenne a décidé au cours de cette rencontre d’apporter son appui financier à la Commission Vérité Justice et Réconciliation. Pensez-vous que la mission de la Commission Barrigah est possible dans ce pays en perpétuelle dégradation ?
Je ne sais pas par quelle conjuration divine Mgr Barrigah pourrait se sortir de cette affaire. Pour une justice de cette nature, il faut une volonté politique et une volonté réelle de réconciliation au Togo. Mais quand on fait semblant, on ne la réussira jamais. Le premier péché de cette commission est d’être mise en place par les persécuteurs, ceux qui sont à la base de tout ce qui est arrivé au Togo et non par un régime né de l’alternance. Ce régime qui aurait avec lui l’adhésion populaire et sur lui la bénédiction divine pour s’en sortir. Ceci dit, il n’y a que la volonté pour se rendre compte très rapidement si cette commission est en mesure de résoudre les problèmes que tous les Togolais attendent d’elle c’est-à-dire la pacification, l’apaisement et la réconciliation réelle. Ces différents aspects, ne l’oublions pas, doivent forcément passer par des élections honnêtes, libres et justes.
L’ex président de l’UFC Gilchrist Olympio a déclaré la semaine dernière que au cours des discussions ayant abouti à la conclusion de l’Accord RPT-UFC du 26 mai, aucun responsable de l’UFC ne s’était opposé à l’entrée du parti au gouvernement. Que repondez-vous ?
Là-dessus, faut-il qu’on nous consulte réellement. C’est vrai qu’à un moment donné, comme nous l’avons toujours dit, nous n’avons pas les couteaux entre les dents. M. Olympio en tant qu’être humain, nous n’avons rien contre lui. Durant ces 45 ans de lutte, ce que nous ne lui avons pas dit c’est que nous ne l’avons jamais encouragé à aller dans ce gouvernement. Mais nous lui avons fait les remarques sur les postes qu’on lui proposait et les démarches qui sont les siennes. Nous avions eu un porte flambeau pour cette élection présidentielle. Le minimum qu’il aurait dû faire c’est de se rapprocher de ce dernier afin que ce régime se rende compte que c’est une force qui viendrait négocier avec lui. Mis en minorité dans son parti, il ne pouvait pas faire de miracle et c’est ce qui s’est passé. Les hommes de qualité n’étaient pas allés dans le gouvernement, l’adhésion populaire manquait. Tout cela a donné le résultat que nous voyons aujourd’hui. Il ne peut pas dire qu’il nous a consultés et nous lui avons donné notre aval. Nous lui avons dit que sa démarche est mauvaise. Il y a certaines démarches qu’il faut faire afin que le régime qui nous piétine voit en face de lui un groupe compact avec le soutien du peuple. Cela n’a pas été le cas. En clair M. Olympio ne peut dire qu’il a eu notre accord.
Il y a quelques semaines, des démarches ont été entreprises en vue de la levée de votre immunité parlementaire pour que vous puissiez répondre de la plainte de diffamation de la gendarmerie nationale. Où en est-on avec ce dossier ?
Ce n’est pas moi qui l’ai introduit. Je n’en sais absolument rien. Je sais qu’il y a eu une réunion au niveau du parlement et mon représentant a écouté ceux qui se sont plaint. C’est un problème qui est pendant devant la justice. Ce n’est pas mon affaire particulièrement.
Le 18 juin, le gouvernement a procédé à une augmentation des prix des produits pétroliers. A l’époque, l’UFC avait réagi. Mais jusque-là, rien n’a été fait de la part du gouvernement pour soulager le quotidien des Togolais. Pourquoi ce silence également dans le rang de l’UFC à propos de cette hausse ?
Que pourrions-nous faire ? Nous ne pouvons que dénoncer. Nous avons également soutenu les mouvements sociaux qui se sont manifestés. Nous n’allons pas nous substituer aux syndicats. Mais nous continuons à dire que ce régime a failli. Il n’a pas mérité la confiance des Togolais et le prouve chaque jour. Sinon dans nos conditions économiques et sociales d’aujourd’hui, aucun régime issu d’élection libre n’aurait posé un tel acte sans mettre les moyens d’accompagnement et créer les conditions qui permettraient aux Togolais d’en souffrir le moins possible. Nous sommes toujours engagés aux côtés des populations et nous continuons à marteler que les prix de l’essence fixés ne reflètent pas les prix du marché. Quand nous décomposons la nomenclature des prix, nous nous rendons rapidement compte qu’il y a trop de sociétés qui prennent beaucoup d’argent y compris des individus et le dédoublement de certaines sociétés qui s’enrichissent sur le dos des populations. Nous disons et le réitérons que ces prix doivent changer drastiquement. La question fondamentale que nous posons est de savoir ce qu’on a fait des fonds de la caisse de péréquation et ceux alloués au FER en vue de soutenir ou de subventionner la hausse des prix du carburant. A cette question, personne ne nous répond. Nous savons ce qu’ils ont fait de ces fonds. Nous l’avons dit au parlement et nous y reviendrons encore la dessus à travers une interpellation du gouvernement ou une question écrite.
En guise de conclusion, un mot à l’endroit de vos militants et de la population.
C’est l’admiration que j’ai pour cette population. Cela fait environ quatre (4) mois que nous faisons des manifestations. Les gens leur créent des problèmes et souhaiteraient qu’il y ait une démobilisation. Les populations ont plutôt peur que nous les leaders, nous ne nous décourageons et que nous ne les abandonnons. Je leur renouvelle notre engagement à leur côté et leur dis que tant que nous bénéficierons de leur soutien, notre détermination sera totale et ferme. Ceci dans leur intérêt parce qu’il ne sert à rien de faire tout ce que nous faisons si à terme leur sort n’est pas amélioré et leur vie n’a pas changé. C’est la transformation de leur vie qui est notre premier objectif.
Interview réalisée par Godwin A.
Le Correcteu
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