(Les Afriques 20/07/2010)
Obligé d’attaquer en justice un blogueur qui l’accuse d’avoir acquis deux appartements à Paris sans preuve, le président béninois fait face à un scandale Madoff à la béninoise.
Le régime du président béninois, Yayi Boni est depuis quelques jours dans la tourmente. L’affaire ICC-Services, du nom de cette entreprise de placement d’argent et d’épargne, n’en finit pas de faire tomber des têtes. Perçue comme une aubaine par les populations béninoises les plus vulnérables, l’entreprise de crédit et de placement (ICC), avait drainé environ 100 milliards de F CFA auprès des épargnants, sous sous forme de souscriptions financières avec une promesse de rendement « Madoffien » de 50%. Promoteur du projet, Guy Akplogan, surnommé le « Madoff junior béninois », via sa structure ICC-services, collectait des sommes d’argent sur la base des souscriptions de ses clients en leur promettant de fructifier leurs épargnes au terme d’une année d’activité. Contre toute attente, la machine bien rodée au départ s’est effondrée au grand dam des souscripteurs qui voient filer entre leurs doigts leurs économies partir en fumée.
L’opposition, les associations consuméristes, les médias indépendants sont montés au créneau le samedi 17 juillet pour condamner ce qui est convenu d’appeler la « tragi-politico-financière » que vit le pays et mis en cause l’Etat qui a autorisé en grandes pompes le promoteur Guy Akplogan d’opérer sur le marché béninois. Selon des sources bien informées, le promoteur qui serait un habitué des faits aurait déjà fait des victimes via ce type d’opération de souscription informelle au Soudan, en Côte d’Ivoire. Le leader de l’opposition béninoise, Andrien Houngbédji, a exigé de l’Etat ce dimanche 18 juillet le remboursement des sommes d’argent astronomiques à leurs épargnants et demandé à traduire le chef de l’Etat béninois, Yayi Boni devant la Haute Cour de Justice de Cotonou. Visiblement embarrassé par l’ampleur des dégâts, le président, Yayi Boni, qui a récusé toute responsabilité de son cabinet présidentiel, vient de limoger le ministre de l’intérieur, Armand Zinzindohoué et le procureur de la république auprès de Cour de Cotonou, M. Georges Amoussou.
Ces derniers sont pour l’instant détenus en lieu secret par les hautes autorités sur instruction du chef de l’Etat. Une autre personnalité politique, réputée proche du président, le maire de la circonscription d’Abomey, Patrice Guédé a été mis aux arrêts. Une commission d’enquête ad’ hoc a été mise sur pied pour situer les responsabilités des principaux acteurs et commanditaires de cette grosse escroquerie qui plonge dans la tourmente l’Etat béninois.
Par Ismael Aidara
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