mardi 26 mai 2015

Est de la RDC : des évêques accusent l'Etat de laisser pourrir la situation

Bukavu (RD Congo) - Les autorités congolaises laissent pourrir la situation dans l'est de la République démocratique du Congo, écrivent plusieurs évêques catholiques de cette région déchirée par les conflits depuis plus de vingt ans dans un message reçu lundi par l'AFP.
De manière générale, l'État laisse pourrir la situation à l'est du pays, indique ce texte publié à l'occasion de la fête chrétienne de la Pentecôte, la sécurité, la paix et l'intégrité territoriale ne semblent pas avoir été prioritaires dans la stratégie des autorités publiques.

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Nous avons des difficultés à comprendre les ambiguïtés, les tergiversations et les paradoxes de notre gouvernement, ajoutent les évêques des six diocèses des provinces du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu, dont l'assemblée épiscopale siège à Bukavu, capitale du Sud-Kivu.
Les prélats s'attardent en particulier sur la série de massacres commis depuis octobre dans la région de Beni (nord du Nord-Kivu) et ayant débordé jusqu'aux confins de la Province-Orientale voisine.
Près de 400 personnes ont péri dans cette vague meurtrière attribuée aux rebelles ougandais musulmans des forces démocratiques alliés (ADF). Présents en RDC depuis 1995, ces miliciens sont opposés au président ougandais Yoweri Museveni.
Rappelant l'extrême brutalité de ces meurtres commis à l'arme blanche, les évêques y voient de véritables actes génocidaires, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Face à cette insécurité, s'interrogent les hiérarques catholiques, le gouvernement serait-il incapable, démissionnaire ou complice ?
Dans ce contexte, comment les élections transparentes, libres, démocratiques et apaisées pourront-elles avoir lieu dans cette partie de la République ? se demandent aussi les évêques à l'approche d'échéances électorales importantes.
Dans une lettre ouverte au président américain Barack Obama, dix députés congolais demandent aux États-Unis de désigner un nouvel envoyé spécial pour la région des Grands Lacs dans le meilleur délai afin d'y parfaire le processus de paix et [de] consolider la démocratie.
Les processus politiques très délicats et incertains dans les différents pays de la sous-région, la montée de l'insécurité ainsi que de l'expansion du terrorisme islamiste dans la partie orientale de l'Afrique [...] requièrent une attention soutenue de la part du gouvernement américain, écrivent ces membres de la majorité et de l'opposition élus surtout dans l'Est.
Les signataires reviennent sur l'insécurité qui sévit dans la partie orientale du Congo mais aussi au Burundi.
Ce pays connaît depuis un mois un fort mouvement de contestation populaire contre le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin. Une trentaine de personnes ont été tuées en quatre semaines de manifestations quasi quotidiennes à Bujumbura.
Le dernier envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, Russ Feingold, a quitté ses fonctions en février. Ses relations étaient alors tendues avec Kinshasa qui l'accusait d'ingérence pour avoir martelé que les États-Unis ne voulaient pas voir le président Joseph Kabila se représenter à la présidentielle de 2016 alors que la Constitution congolaise lui interdit de briguer un troisième mandat.
Une série d'élections (locales, provinciales, sénatoriales...) doit s'ouvrir en RDC à partir d'octobre pour mener jusqu'à la présidentielle de novembre 2016.
L'opposition soupçonne M. Kabila de vouloir tout faire pour retarder cette échéance afin de pouvoir se maintenir en poste au-delà du terme de son mandat.


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