vendredi 15 mai 2015

Au Burundi, après le coup d'Etat raté, le président Nkurunziza reprend la main

 
L'essentiel


    Le président, Pierre Nkurunziza, est de retour dans la capitale burundaise.
    Les officiers putschistes se sont rendus ou ont été arrêtés, à l'instar du  général Godefroid Niyombare, qui avait profité de l'absence du président pour tenter de le destituer.
    Des combats violents et localisés ont opposé, durant deux jours, forces loyalistes et soldats putschistes à Bujumbura.
    Depuis le 26 avril, des milliers de Burundais manifestent contre la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat, qu'ils jugent inconstitutionnelle.
 

Deux jours après, la tentative de coup d'Etat au Burundi a fait long feu. Les soldats loyalistes ont repris le contrôle de la capitale, Bujumbara, arrêtant trois des officiers putschistes, dont l'ex-ministre de la défense, Cyrille Ndayirukiye. Leur leader, le général Godefroid Niyombare, a également été arrêté, selon un porte-parole de la présidence burundaise, qui a précisé qu'il « ne s'[était] pas rendu ».
Le président, Pierre Nkurunziza, lui, s'est fait attendre. Alors qu'il se trouvait en Tanzanie au moment du coup d'Etat, il a rejoint vendredi le palais présidentiel de Bujumbura, passant par son fief de Ngozi dans le nord. Dans un discours diffusé vendredi en fin d'après-midi, qui devrait être diffusé à la radio et la télévision dans la soirée, il a salué l'« efficacité » et la « rapidité » des forces armées à « stopper » le putsch.

En attendant, la police a quadrillé les rues de la capitale pour disperser de nouvelles manifestations d'opposants qui avaient commencé à se rassembler. Dès le matin, des appels à reprendre les rassemblements avaient été lancés par ceux qui jugent inconstitutionnelle la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat.
Interrogé par Reuters, Gordien Niyungeko, un des dirigeants du Forum pour la conscience et le développement (Focode), l'une des centaines d'organisations qui s'opposent à la présidence, a promis que les manifestations allaient « se poursuivre ». « Notre mouvement n'est pas lié à la tentative de coup d'Etat », a-t-il assuré, ce qu'a balayé le président dans son discours, assurant que les putschistes étaient liés aux « soulèvements en cours ». Avant même la tentative de putsch, le gouvernement avait interdit les manifestations, qualifiant les protestataires de « terroristes ».

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Des soldats loyalistes dans les rues de Bujumbura, le 14 mai 2015.
Des soldats loyalistes dans les rues de Bujumbura, le 14 mai 2015. Crédits : REUTERS/GORAN TOMASEVIC

Plus de 100 000 réfugiés

Depuis le 26 avril, les manifestations ont été émaillées de heurts parfois violents. Une vingtaine de personnes sont mortes, dont au moins trois soldats pendant les trois jours qu'aura duré le putsch. 
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 105 000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins, notamment en Tanzanie, au Rwanda et dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).
La Constitution, comme l'accord de paix d'Arusha, indique que le mandat présidentiel n'est renouvelable qu'une fois. Mais les partisans du chef de l'Etat estiment que son premier mandat, en 2005, ne doit pas être pris en compte dans le calcul. Pierre Nkurunziza avait alors été élu par le Parlement au titre d'un article transitoire de la Constitution, et pas au suffrage direct, comme c'est le cas désormais. Si la Cour constitutionnelle a fini par lui donner son feu vert, il y a dix jours, son vice-président a affirmé qu'elle l'avait fait sous la contrainte, dénonçant d'intenses pressions et des menaces de mort.
 
lemonde.fr

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