(Le Pays 14/11/2011)
Dans le laps de temps qu’a duré le second tour de la présidentielle libérienne, Winston Tubman a brillé par une versatilité indigne d’un homme qui aspire à présider aux destinées de son pays.
En effet, après avoir boycotté le scrutin du second tour et renchéri qu’il ne reconnaîtra pas la réélection de Johnson Sirleaf, l’homme s’était pourtant empressé à reconnaître la victoire de son adversaire et avait promis, en prenant le ciel à témoin, de travailler à préserver la cohésion sociale. Tous ceux qui retenaient leur souffle, craignant l’apocalypse au Liberia, avaient poussé un ouf de soulagement. Surtout que Tubman, comme ayant complètement accepté le fait accompli, avait juré de ne pas participer à un éventuel gouvernement d’union. Mais que des illusions perdues !
Au moment où l’on s’y attendait le moins, le candidat malheureux a fait, à nouveau, un virage à 180 degrés, revenant sur sa position initiale qui consiste à rejeter tous azimuts la victoire de Sirleaf. Il va même trop loin pour demander la reprise du scrutin dans les mois à venir. Cette attitude lunatique montre aussi que Tubman est ballotté entre diverses factions qui lui dictent leurs lois.
Sans doute que son avant-dernière sortie, où il s’est exprimé en ange tout fait, a été pilotée par l’aile politique modérée et la première et dernière sortie, par l’aile radicale. Toujours est-il qu’en agissant ainsi, Winston Tubman se discrédite et se ridiculise, outre mesure. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Certes, les Libériens ne se sont pas trop bousculés pour accomplir leur devoir de citoyens au second tour. L’opposant de Sirleaf et ses alliés ont d’ailleurs vite crié à la victoire et jubilé, se disant que leur mot d’ordre de boycott a été suivi par les Libériens. Mais c’est une victoire à prendre avec des pincettes. A tout le moins, cette faible participation s’expliquerait par deux raisons principales. Premièrement, les violences qui s’étaient déchaînées à Monrovia, occasionnant des morts, avaient instauré un climat de terreur qui empêchait les gens de sortir massivement voter.
Deuxièmement, ce second tour, terne, ne présentait aucun enjeu d’autant que les résultats étaient connus d’avance. Le suspense n’y était pas parce que Sirleaf allait à la course en solo. Il n’est donc pas à exclure que même certains des militants ou sympathisants de cette dernière n’aient pas pris part au vote. Ainsi, si Tubman et ses partisans saisissent ce faible taux de participation au second tour comme un précieux sésame pour parvenir à leurs fins, se disant qu’il atteste de leur cote de popularité, ils risqueront d’être déçus. A l’inverse, le risque que Tubman mette l’unité de son pays à rude épreuve n’est pas à exclure. Celui qui se montre très ondoyant et divers peut réellement tenter par tous les moyens subreptices pour faire entendre sa cause pour le moins indéfendable.
Sauf s’il entendait raison, pour de bon (c’est le souhait de tous), afin de préserver la paix et la cohésion sociales toujours précaires au Liberia qui a connu une longue et pénible guerre civile.
Boulkindi COULDIATI
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