(Ouest-France 15/07/2010)
Les armées de treize pays africains ont marché pour la première fois sur les Champs-Élysées,une initiative contestée par des organisations de défense des droits de l'homme.
La musique, dit-on, adoucit les moeurs. Le célèbre « Chant des Africains », l'ancien air traditionnel des armées d'Afrique, a beau avoir retenti hier matin, en ouverture de la cérémonie du 14 juillet au pied de l'Obélisque, le débat autour du « défilé africain » est resté très vif.
« La commémoration des indépendances africaines pouvait représenter un moment de refondation pour les relations entre la France et l'Afrique », a estimé le PS. Mais « cette occasion est gâchée par un message brouillé : ambiguïté du choix d'un défilé militaire pour la commémoration, doutes sur les armées qui vont défiler... ».
« Françafrique, ça suffit »
Mardi soir, entre 700 et 2 000 personnes avaient manifesté en scandant « Françafrique, ça suffit » et en dénonçant la présence de soldats « ayant du sang sur les mains ». « Nous sommes scandalisés de la présence, dans la tribune officielle, parmi les chefs d'État invités de Nicolas Sarkozy, de dictateurs qui tirent sur leur peuple », expliquait Odile Tobner, présidente de l'ONG Survie, co-organisatrice de l'événement. Marc Ona, membre de la société civile gabonaise, a comparé les chefs d'État africains dans la tribune du président français à « des gouverneurs des colonies qui se retrouvent autour du colon en chef Nicolas Sarkozy pour célébrer le maintien de l'Afrique dans la mendicité internationale ».
Aucun débordement n'a, en revanche, marqué le déroulement du défilé militaire d'hier matin. Par détachement d'une trentaine d'hommes, les nations africaines ont battu le pavé dans l'ordre alphabétique : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. « C'est un honneur de faire défiler nos troupes, qui sont les héritières des troupes noires d'hier qui ont participé aux différentes grandes guerres en France », a dit, sur France 2, le président malien, Amadou Toumani Touré.
Les Tchadiens, tout de blanc vêtus et défilant au pas de l'oie impeccable, ont suscité l'admiration du public qui a également pu apprécier la prestation des Béninoises (un clin d'oeil aux célèbres amazones du royaume d'Abomey), l'unité méhariste de Ménéka (Mali), le bataillon d'honneur centrafricain en tenue écarlate et la garde au drapeau mauritanienne en saroual et boubou blanc et bleu.
Pas de garden-party mais un déjeuner présidentiel avec des Français méritants. Parmi eux une agricultrice finistérienne, Solènne Milin, et un pompier vendéen, l'adjudant Veillard, de L'Aiguillon-sur-Mer.
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