Par RFI
Le corps d'une grande figure de l'opposition rwandaise a été retrouvé, mercredi 14 juillet 2010, la tête tranchée, quasiment décapité, près de sa voiture, dans le sud du pays. André Kagwa Rwisereka, vice-président du Parti vert démocratique, était porté disparu depuis la veille.
André Kagwa Rwisereka avait reçu des menaces de mort tout comme le président de son parti. Le Parti démocratique vert, créé il y a un peu moins d'un an, rassemble des transfuges du FPR, le Front patriotique rwandais au pouvoir depuis 1994. Mais le mouvement n'a jamais réussi à obtenir sa légalisation, ce qui l'a empêché de présenter un candidat à l'élection présidentielle du 9 août prochain. Très critique à l'égard du régime de Paul Kagamé, le Parti vert dérange manifestement les autorités. A sa création le leader du Parti vert avait expliqué que l'objectif était de mettre fin à la peur des Rwandais et d'arrêter un système où les idées d'une seule personne ou d'un seul parti dirigent le Rwanda.
Des sources indiquent qu'André Kagwa Rwisereka, propriétaire d'un restaurant bar à Butaré, critiquait le régime et sensibilisait les étudiants qui fréquentaient son établissement. Ces derniers mois de nombreux observateurs constatent une radicalisation du pouvoir rwandais qui refuse d'ouvrir tout espace à l'opposition et étouffe la liberté d'expression. Les journalistes sont devenus des cibles : l'un d'entre eux a été tué le mois dernier. Et dans l'armée des hauts gradés ont été mis aux arrêts. L'ancien chef d'état-major, le général Kayumba, parti en exil, a fait l'objet tout récemment d'une tentative d'assassinat en Afrique du Sud.
Frank Habineza, président fondateur du Parti démocratique vert
Pour moi, c'est clairement un meurtre. Pour le moment, je ne peux pas confirmer qu'il s'agit d'un assassinat politique. Nous avions tous les deux été arrêtés, pendant une manifestation à Kigali. Mais les autorités nous avaient relâchés au bout d'une heure. De plus, sa famille m'a dit qu'André n'avait pas d'ennemis. Nous sommes très choqués. Cela crée un vide dans le parti. Il était l'un de nos membres fondateurs. Il était là depuis le début. Il avait 61 ans, et était donc notre doyen. Il avait beaucoup d'expérience. Nous sommes donc très tristes, mais nous avons aussi peur, parce que moi et André avions reçu des menaces. Il y avait des menaces de mort, on disait qu'on allait nous tuer avant l'élection. Nous avons officiellement demandé à la police et au ministère de la Sécurité intérieure de nous protéger, mais rien n'a été fait. Donc, maintenant avec ce meurtre, je suis très effrayé. Nous demandons aux autorités de mener rapidement une enquête pour découvrir les causes de sa mort.
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