(Togosite 27/07/2010)
La grande vadrouille qui a drainé les « grands-grands quelqu’uns » dans l’autre capitale pour une semaine pleine d’escapades « jambales » a pris fin hier avec la fin des Evala. Chacun va maintenant faire le bilan de son séjour dans la Kozah. Sur le plan purement sportif, les lutteurs ne se sont pas ménagés dans les arènes. Les empoignades, à en croire le parterre d’envoyés spéciaux dépêchés dans le septentrion, ont été très chaudes.
Il n’est donc pas exclu que proportionnellement, l’infirmerie soit aussi pleine. Certains lutteurs s’en sortiront avec des courbatures, d’autres des maux de dos et de hanche, d’autres encore avec des côtes cassées. Il faut ça aussi pour entrer dans la classe des adultes.
C’est également le temps de porter le deuil des canidés qui souffrent le martyr à cette période des Evala, puisque selon la tradition chaque initié doit consommer au moins deux chiens, un offert par le père et un autre par l’oncle maternel qu’il doit étrangler. C’est un peu sévère de ce côté, mais c’est la tradition qui l’exige. Vu le nombre impressionnant des lutteurs, c’est une véritable razzia qui doit être menée contre les compagnons de l’homme. C’est également l’heure de décompter le nombre de calebasses de tchouk ingurgité pendant une semaine. Pour être un bon fêtard, il faut en consommer à gogo, se soûler la gueule bien bon. C’est ce liquide ocre qui donne la force aux supporters qui, groggys, chantent et dansent à longueur de journée à couper le souffle. Il faut boucler la boucle par le bilan du « marché de jambe en l’air ».
Même si on ne le dit pas très haut, c’est ce côté, à en croire les mordus de la chose, qui donnerait plus de piquant et de piment, c’est-à-dire qui alimente les délices des Evala. Conscients de la chose, certains grands par précaution, débarquent dans la Kozah avec leurs nombreux « bureaux » pour éviter toute surprise désagréable. D’autres déblayent le terrain plusieurs semaines à l’avance pour chercher le « bétail sexuel » sur place pour agrémenter leur lit. Ainsi après avoir apprécié les lutteurs dans les arènes dans la journée, la nuit chacun se livre à son sport favori, le « hancheball » dans les hôtels. Cet autre sport se passe loin des yeux et des oreilles indiscrètes. Et c’est ça même les vrais Evala. Le nombre d’adversaires terrassé dans les chambres, c’est-à-dire de chairs fraîches consommées détermine si la fête a été vraiment belle ou pas.
SOURCE: LIBERTE HEBDO TOGO
Volonté manifeste d’abrutir les Togolais
« J'ai vu, pendant toute ma vie, sans en excepter un seul, les hommes, aux épaules étroites, faire des actes stupides et nombreux, abrutir leurs semblables, et pervertir les âmes par tous les moyens. Ils appellent les motifs de leurs actions: la gloire » (Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror)
Chaque peuple ou chaque groupe ethnique a sa culture à laquelle il s’identifie. Tous les hommes étant par nature les mêmes, c’est par les pratiques culturelles qu’ils se distinguent, qu’ils s’illustrent.
Ainsi, on ne peut pas demander à un Breton en France de se muer en Tamoul au Sri Lanka, tout comme on ne dira pas à un Agnagan de suppléer un Kabyè pour présider les Evala. Quelle similitude y a-t-il entre les deux groupes ethniques pour les deux exemples donnés ? Aucune. Mais en demandant à un Agnagan comme le Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo de le remplacer, Faure Gnassingbé a, ni plus ni moins, abruti son chef de gouvernement, ce keynésien autoproclamé déniché au pays de l’Oncle Sam et totalement défiguré par les réalités du pouvoir RPT.
On avait prédit, le jour où il avait foulé le sol togolais tout euphorique, de changer le quotidien des Togolais en six mois, qu’il risquait de connaître le même sort que l’ex-Premier ministre Eugène Koffi Adoboli, lui aussi ancien haut fonctionnaire du système des Nations Unies. Ce natif de Kloto que feu Gnassingbé Eyadema avait fait venir pour soigner son image sur le plan international après le hold-up électoral de 1998, n’avait pas été à la hauteur et n’avait marqué les Togolais que par ses qualités de danseur public et d’animateur. Aujourd’hui, l’ancien Monsieur Afrique du PNUD est dans une situation analogue à la seule différence que lui, il ne danse pas. En revanche, il est constamment avachi par son chef qui, ayant d’autres chats à fouetter, lui a demandé de prendre place sous l’apatam et d’applaudir les lutteurs comme il le faisait en bon Kabyè, comme il le faisait en bon fils de la Kozah. Faure Gnassingbé se sentait si proche des siens qu’il n’hésitait pas à mimer sur les morceaux servis par ses frères et à leur parler la « father tongue » (langue maternelle) après les empoignades qui lui ont sûrement rappelé son passé de « grand lutteur » comme son père. Monsieur le Premier ministre, étiez-vous heureux à la place de Faure Gnassingbé qui pouvait quand même vous envoyer au Tchad et s’occuper de sa fête traditionnelle ? Pour sauver les apparences comme ça a été toujours le cas depuis votre nomination, vous répondrez par l’affirmative. Mais au fond de vous, vous n’étiez pas du tout à l’aise et ça se faisait voir.
Monsieur le Premier ministre, les Kabyè sont dans leur droit de célébrer leur fête traditionnelle, tout comme les Bassar qui commémorent chaque début septembre « D’pontre » (fête des ignames) ou les Ewé qui fêtent Agbogbozan. Mais ceux qui sont au pouvoir ne doivent pas conditionner la vie de tout un pays par les Evala. Cette manifestation culturelle est devenue une affaire nationale et pendant plus d’une semaine, tout s’arrête, l’administration est paralysée. Tous les ministres font le déplacement de la Kozah pour prouver au chef qu’ils lui restent dévoués jusqu’à ses pratiques culturelles. De même, dans la course pour les élections à la HAAC, anciens membres et nouveaux candidats se sont battus pour bien figurer dans le champ de vision de Faure Gnassingbé. Et s’il avait fallu se débarrasser de leur veste et se jeter dans les arènes pour l’impressionner, ils auraient pu le faire. Devenir membre de la HAAC est devenu plus qu’une obsession. Que dire de ces éternels lèche-bottes du jeune président à l’image de Dosseh-Anyron et autre Gilbert Atsu ? Pendant que Faure Gnassingbé et tout son gouvernement étaient en train de faire la bamboula dans la Kozah, les habitants d’Adakpamé et environs continuent de souffrir les affres des inondations. Ne sont-ils pas, eux, des Togolais pour mériter la même attention ?
Zeus AZIADOUVO
Source: LIBERTE HEBDO TOGO
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