(Xinhuanet 15/10/2012)
CONAKRY -- Décidément le chemin qui mène aux élections législatives semble encore semé d'embûches, tant les parties prenantes ont du mal à accorder leur violon pour ce qui est des préparatifs de ce scrutin censé mettre un terme au processus de transition, qui n'a que trop duré en Guinée.
Après la démission du président "contesté" de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Lounsény Camara, la recomposition de cette institution chargée d'organiser des élections pose désormais problème. Et même au sein de l'opposition, la question divise. Ce qui provoque stupeur et stupéfaction chez de nombreux observateurs de la scène politique guinéenne, qui flétrissent cette attitude de la classe politique, qui à leurs yeux est traversée par des courants contradictoires.
L'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) et le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, deux blocs soudés de l'opposition n'ont pas échappé à ces démons de la division. Et pour cause, la conception de la liste des 10 représentants de l'opposition au sein de la future CENI a provoqué la frustration chez certains membres des alliances.
C'est le cas de Dr Ditinn Diallo, leader du Parti de l'unité et développement (PUD), qui a décidé de quitter l'ADP et le Collectif, pour n'avoir pas bénéficié de poste au sein de la future CENI. Il a fait savoir sa position au cours d'une conférence de presse vendredi à Conakry.
Mais cette démission ne signifie nullement que le PUD va renoncer aux 10 sièges affectés à l'opposition. Loin s'en faut, le parti entend déposer le nom de son représentant au ministère de l'Administration du territoire et de la décentralisation, lieu de centralisation des listes. Ceci, dès lundi prochain.
Les deux blocs de l'opposition entendent pourtant conserver à eux seuls les 10 sièges octroyés à l'opposition au sein de la nouvelle CENI. Comme le confirme leur démarche, avec la conception d'une liste de 10 représentants dont le dépôt au ministère de l'Administration du territoire et de la décentralisation se fera dans le délai requis, c'est-à-dire avant le 17 octobre, date buttoir de l'enregistrement des listes.
D'autres partis politiques se réclamant de l'opposition ont déjà sauté sur l'occasion pour déposer leurs listes, comme pour défier l'ADP et le Collectif.
C'est le cas du Front d'union pour la démocratie et le progrès (FDP), qui regroupe une dizaine de petits partis, dont l'Union des forces démocratiques de Mamadou Bah Baadikko.
Le Bloc de l'opposition constructive (BOC), courant politique taxée à tord ou à raison de flirter avec la mouvance présidentielle, est décidé à se faire représenter lui aussi au sein de la future CENI. Son coordinateur Dr Ibrahima Sory Diallo, qui ne rate aucune occasion pour tancer l'ADP et le Collectif, en les accusant de vouloir "exclure" les autres partis dans le partage des 10 sièges affectés à l'opposition, a annoncé à la presse que le BOC serait bel et bien présent à la CENI dans sa nouvelle version.
Face à cet imbroglio, la lourde tâche revient dorénavant au ministre guinéen de l'Administration du territoire Dr Alhassane Condé, qui aura à départager les soumissionnaires.
Va-t-il trancher dans le vif, quand on sait que dans une de ces récentes interventions dans les médias, il affirmait que "les Centristes sont absolument de l'opposition. Il n'y avait pas que les opposants radicaux. L'opposition c'est tous ceux qui ne sont pas de la mouvance présidentielle".
Précisant pour ce qui est de cette liste qu'il "y a l'opposition plurielle dans sa diversité qui va nous envoyer dix noms, la mouvance présidentielle va nous envoyer dix noms, plus les trois de société civile et les deux de l'Administration. Si toutefois les partis politiques de l'opposition ne s'entendent pas autour de la désignation de leurs représentants, en ce moment, la loi sera appliquée", a-t-il expliqué.
Tous les yeux sont désormais rivés sur le ministère de l'Administration du territoire et de la décentralisation. Et sa décision dépendra de la quiétude politique dans la cité, du moins pour la recomposition de la CENI. Car, l'opposition "radicale" n'a pas renoncé à l'affaire Waymark, cet opérateur sud-africain qui a supplée au français Sagem, dans la gestion du fichier électoral.
L'ADP et le Collectif ne sont d'ailleurs pas les seuls à réclamer le départ de Waymark dont ils mettent les capacités en doute, pour ce qui est de son expertise. L'ancien Premier ministre Jean-Marie Doré, secrétaire général de l'Union pour le progrès de la Guinée (UPG) est aussi parmi les détracteurs de Waymark, qu'il a accusé ouvertement au cours d'une conférence de presse tenue récemment d'être un "instrument à la solde de la mouvance présidentielle".
Dans le camp de la mouvance, on balaie ces accusations du revers de la main, en arguant que Waymark a pris bonne note des remarques et suggestions des experts de la Francophonie, qui demandent à l'opérateur de revoir sa copie en terme de fonctionnement de ses kits d'enregistrement.
C'est dire que le consensus est encore loin d'être trouvé autour des préparatifs de ces élections législatives que les Guinéens appellent de tous leurs voeux.
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