(Courrier International 18/10/2012)
L'Afrique était suspendue à ses lèvres le 12 octobre, dans l'espoir que François Hollande dissipe le malentendu du discours de Nicolas Sarkozy en 2007. Le président français semble avoir réussi. Cet éditorialiste dakarois salue la teneur du discours, mais demande vite du concret.
Le Président français est venu. Il a parlé et a séduit. Après les mots, on attend les actes pour que le discours de Dakar 2012 ne soit pas seulement des vœux pieux.
Il a fait fort. Il a vraiment fait fort François Hollande. Son discours, dès l’entame, a mis à l’aise tous les Africains. En martelant dans son adresse à l’Assemblée nationale du Sénégal que "par deux fois au cours du siècle dernier, le sang africain a été versé pour la liberté du monde", le président français ne pouvait pas mieux articuler le rôle joué par les valeureux fils de cette terre africaine dans l’évolution du monde. Et vlan pour Sarkozy !
Quant au débat sémantique entre "un discours qui efface un précédent" et "écrire une nouvelle page avec l’Afrique", il pourra toujours attendre. Car dans le contenu, l’allocution de François Hollande prend tout simplement le contrepied du discours de Nicolas Sarkozy prononcé à Dakar au mois de juillet 2007. L’Afrique attendait cela depuis longtemps. Une attente comblée bien au-delà des espérances. Avec le ton de circonstance qui sied. Il suffisait de faire un tour sur la toile mondiale et de suivre certaines radios étrangères pour entendre les différentes réactions d’approbation.
Pour peu, tout ce beau monde aurait scandé "Hollande l’Africain". Pourtant, rien d’étonnant à ce discours. Ce que le président français a soutenu devant l’Assemblée nationale du Sénégal est tout ce qu’il y a de plus vrai. C’est dire le contraire qui consisterait à travestir l’histoire. Pour un président normal, il n’était nullement question de faire preuve de mauvaise foi. Cependant, si les mots ont été bien choisis, les phrases bien agencées et les idées bien articulées, tout ceci reste un discours. Un beau discours certes, mais un discours. Ce qui est important, c’est de le traduire en actes. Les déclarations de bonnes intentions, le Sénégal, l’Afrique n’a de cesse de les entendre.
Les années passent, la même rengaine est toujours de mise. Mais dans la pratique, la realpolitik, les intérêts géostratégiques reprennent vite le dessus, reléguant au second plan les grands principes. Si la France dans tout ce qu’il y a de plus officielle avait offensé l’Afrique, François Hollande a réparé ce tort et a fait plus en réhabilitant le rôle historique des Africains. Maintenant pour le reste, les Africains attendent de voir s’il y a plus de considération, plus de respect surtout dans l’octroi des visas ; si vraiment la Françafrique n’aura plus sa raison d’être… Si vraiment la France va traiter les pays d’Afrique en Etat souverain. Il faut aussi pour cela que les différents responsables africains évitent de se laisser écraser, de se dicter une conduite, une politique. Ça c’est une autre paire de manches.
Le Quotidien
Mamadou Biaye
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