(Le Pays 23/10/2012)
Peu s’en est fallu que la Guinée-Bissau renouât avec la tragédie qui l’a longtemps caractérisée. En effet, dans la nuit du samedi à dimanche dernier, des assaillants, lourdement, armés, ont tenté de pénétrer dans le camp militaire qui abrite de nombreux hauts gradés de l’armée bissau-guinéenne dont le chef d’état-major, Antonio Indjai. Certes, le coup a foiré.
Mais ceux qui croyaient que ce pays avait définitivement tourné dos au cycle de violences politico-militaires qui l’a longtemps plongé dans la léthargie devraient vite se raviser. Car,de toute évidence, le vieux réflexe qui consiste à régler les comptes à l’aide de la gâchette habite toujours les hommes en treillis. Qu’à cela ne tienne, l’échec cuisant qu’ont essuyé ces assaillants montre à suffisance que la Guinée-Bissau a changé. L’image du pays où la soldatesque faisait et défaisait les pouvoirs semble gommée. L’armée bissau-guinéenne, longtemps au service des narcotrafiquants et autres contrebandiers, semble se républicaniser.
En tout cas, ces aventuristes dont le principal incitateur n’est autre que le redoutable capitaine Pansau N’Tchama,ont dû laisser leurs plumes. Une défaite sans doute digne d’enseignements. Elle montre surtout que le terrain bissau-guinéen est désormais marécageux pour d’éventuels hors-la-loi. Et c’est à l’honneur de ce pays qui, peu à peu, tente de vaincre le signe indien. Car, beaucoup avaient fini par désespérer de ce pays où les jours du président étaient déjà comptés aussitôt qu’il arrive au pouvoir. Certes, il est encore trop tôt de s’en réjouir mais les gages de la reconstruction d’une Guinée-Bissau stable avec une armée respectueuse des valeurs républicaines sont tout de même jetés.Et cela est aussi à l’actif de la CEDEAO qui a déployé près de 600 hommes composés de Burkinabè, de Nigérians et de Sénégalais pour sécuriser les institutions du pays.
A la vérité, la CEDEAO est allée si loin dans le processus de rétablissement de l’ordre démocratique et de l’Etat de droit en Guinée-Bissau que tout acte visant l’effet inverse risque d’être comme un coup d’épée dans l’eau. Et c’est tant mieux si cette communauté dont on a souvent déploré l’inertie face aux crises politiques qui minent le développement de ses Etats membres se réveille de sa longue torpeur depuis un certain temps. On constate d’ailleurs son empressement à trouver une solution à la crise malienne.En tout état de cause, c’est de cette CEDEAO dont les peuples ouest-africains ont besoin dans leur quête de la paix et du mieux-être.
Boulkindi COULDIATI
© Copyright Le Pays
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire