(Les Afriques 09/11/2011) Environ 805 milliards de francs CFA. C’est le niveau de ressources que le gouvernement ivoirien compte mobiliser au travers d’émissions de titres sur les marchés monétaires et financiers pour boucler son budget 2011.
A en juger par l’accueil positif de l’emprunt obligataire du Trésor public, l’Etat de Côte d’Ivoire n’a visiblement pas perdu la confiance des investisseurs.
Répartition des souscripteurs par pays
Pays Montant souscrit Taux Côte d’Ivoire 123 229 550 000 76,86% Bénin 24 239 940 000 15,12% Burkina Faso 8 185 360 000 5,12% Sénégal 3 698 200 000 2,31% Togo 651 500 000 0,41% Mali 327 250 000 0,20% TOTAL 160 331 800 000 100% Source : Direction Général du Trésor et de la Comptabilité publique
Crise postélectorale, connaît pas ! L’Etat de Côte d’Ivoire n’aura pas perdu la confiance des investisseurs ! Le premier test du pays sur le marché financier régional pour lever des fonds peut s’interpréter de la sorte. Et pour cause, l’emprunt obligataire du Trésor public de Côte d’Ivoire (TPCI) rémunéré à 6,50% et courant de 2011 à 2016, émis par le Trésor ivoirien pour lever 100 milliards de francs, s’est soldé par la mobilisation de plus de 160 milliards de francs, entre le 29 août et le 12 septembre 2011. Une performance qui, de l’avis Koné Adama, directeur général du Trésor et de la compatibilité publique, « consacre la qualité de la signature de l’Etat ». Il y voit « un signe de retour progressif à la normalité et une marque de confiance de la communauté financière en la politique de relance économique et de reconstruction du gouvernement ». Et de savoir que 76,86% des ressources mobilisées, soit en valeur absolue 123,229 milliards de francs CFA, l’ont été auprès d’institutionnels opérant en Côte d’Ivoire en rajoute à ce sentiment.
Et en attendant de parvenir à un accord avec le secteur bancaire sur les modalités de transformation des titres publics détenus en portefeuille, le gouvernement essaie de gérer au mieux les fruits de sa moisson financière.
Agacement du FMI
Ce signal positif ne fait pas perdre aux services du Fonds monétaire international (FMI) leur vigilance. Ils appréhendent les émissions de titres par l’Etat par rapport à la situation d’endettement intérieure du pays. En effet, l’encours des bons en maturité plafonne à 627 milliards de francs CFA et l’Etat, en plus de devoir s’acquitter, courant ce mois d’octobre, de 20 milliards, se voyait pendre au nez une échéance de 61,121 milliards de francs de l’emprunt obligataire 2008-2011 pour le 15 septembre. C’est du reste principalement pour mobiliser les ressources nécessaires pour faire face à ces échéances qu’il est intervenu sur le marché financier pour faire appel à l’épargne publique. En plus de permettre à des nouveaux souscripteurs de souscrire à de nouveaux titres de créances, pour un montant indicatif de 38,784 milliards de francs CFA, cette intervention visait à « procéder à l’échange de l’ensemble des titres obligataires 2008-2011 rémunérés à 6,25% contre les nouvelles obligations 2011-2016, intéressées au taux unique de 6,50% ». Koné Adama n’en fait pas un mystère. Un mécanisme de roll over dont le recours, par un peu trop fréquent dans la gestion des titres publics ivoiriens, agacent un peu l’institution de Bretton Woods.
Attention au mauvais vent sur les rééchelonnements de dettes
Le mauvais vent de dégradation de la qualité des engagements de l’Etat, dont peut être porteur, dans la durée, cette technique, préoccupe le Fonds. Aussi, dans le cadre de la réforme du secteur financier ivoirien, il érige en priorité de première classe « la restructuration des bons du Trésor de courte durée ». Motif, « ils sont coûteux pour l’Etat », jutifient ses experts. En la matière, les banques proposent de « transformer 40% du stock des bons du Trésor en titres de deux ans au taux de 4,75% net d’impôts, 40% en instruments de maturité cinq ans au taux de 5% net d’impôts, et les 20% résiduels en instruments de maturité sept ans au taux de 5,25% net d’impôts ». Et en attendant de parvenir à un accord avec le secteur bancaire sur les modalités de transformation des titres publics détenus en portefeuille, le gouvernement essaie de gérer au mieux les fruits de sa moisson financière.
Soucieux de donner du rythme à la relance économique et massifier sa signature, il déroule un plan pour « absorber totalement, d’ici à fin 2012, la dette intérieure ». Sur le stock estimé à 180 milliards de francs CFA à la fin de décembre 2010, le Trésor public, selon son directeur général, « travaille à payer à fin décembre 2011, un peu plus de 144 milliards. Le reste sera traité en 2012 à raison de 10 milliards de francs CFA ». « Ce planning nous permettra de renouer en 2012 avec la normalité, c’est-à-dire le paiement des fournisseurs 90 jours après leurs prestations », assure Koné Adama.
Le Trésor public voudrait conserver intacte la qualité de la signature de l’Etat et asseoir un climat de confiance qu’il ne s’y prendrait pas mieux !
LSA
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