lundi 14 novembre 2011

Benoit XVI, pèlerin de l’espérance en Afrique

Du 18 au 20 novembre prochain le pape Benoit XVI se rendra pour une deuxième fois en Afrique en visite officielle à caractère principalement pastoral. Le Bénin seul cette fois restera son point de chute tel un phare lumineux à l’horizon africain pour l’invitation à la nouvelle évangélisation.
Pays du feu Cardinal Bernardin Gantin, le Bénin évangélisé en 1861 vient de conclure son jubilé des 150 ans d’évangélisation. Petite partie du territoire de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin couvre une superficie de 112.622 km 2 avec une population de plus de 6.787.625 habitants dont 50% ont moins de 14 ans. Les gens sont pour la plupart animistes et 30% environ de la population sont chrétiens. La majorité des habitants (soit 36%) vivent de l’agriculture et de la culture du coton, des produits des palmiers et du cacao comme denrées principales.
Benoit XVI à partir du Bénin, posera sur l’Afrique un regard historique pour une renaissance à travers l’amour, la justice et la réconciliation dans la fidélité à l’Évangile et à la culture africaine considérée positivement parce que comme le dit Jean de la Fontaine : « un trésor est caché dedans , je ne sais pas l’endroit mais un peu de courage vous le fera trouver ». En dépit de tout, l’Afrique est une chance pour l’avenir à bien des niveaux si elle reprend confiance en elle-même : « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins ». Travail, créativité, espérance, amour et foi, voilà des bases envisagées par l’Église universelle pour un nouvel ordre social.
Défis et provocations pastorales
Si le premier synode pour l’Afrique a fait en 1994 dans le cadre du jubilé de l’an 2000 un bilan de l’Évangélisation, le deuxième a pris encrage dans la dimension anthropologique et sociale de l’Évangile dans l’horizon de la Nouvelle Évangélisation pour affronter les nouvelles questions qui tenaillent le continent africain en vue de la pertinence et de la crédibilité de la mission salvifique en Jésus- Christ.
Pendant trois semaines plus de 200 évêques africains en octobre 2009 se sont réunis au Vatican avec des représentants de la curie pour un diagnostic de la situation sociale africaine actuelle à partir du thème : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». Les fruits des travaux constituent un compendium de 57 thèses. Entre autres choses les évêques affirment et souhaitent que la démocratie soit renforcée , que la corruption soit combattue, que le dialogue soit approfondi avec l’islam et les religions africaines traditionnelles, qu’une pastorale adaptée prenne en compte la réalité et les malades du sida. Sur la base de ces intuitions, le pape Benoit XVI a élaboré avec le secrétariat du synode, un document qu’il confiera à Ouidah au Bénin, aux conférences épiscopales comme l’exhortation qui conclut le synode pour l’Afrique de octobre 2009.
Ce n’est pas la baguette magique pour le miracle africain car nul autre que les africains ne résoudra les problèmes africains à leur place. L’exhortation de l’Église universelle permettra aux africains d’accueillir de nouvelles pistes pour affronter et analyser leur propre situation en terme de paix.
L’Église n’a en Afrique aucune ambition de se substituer aux États mais de confirmer les Fils de Dieu dans la Foi. Le Concile Vatican II note en effet dans la constitution pastorale Gaudium et spes (n°58) : « L’Église qui, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique, est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine ». Tandis que la première au nom de la vérité de la personne humaine s’engage toujours plus au plan moral, la seconde évoque seulement le bien commun en s’éloignant progressivement toujours plus ces dernières années de la question de la culture profonde des valeurs humaines. Ainsi un désaccord se manifeste face à l’initiative consciente ou non d’accomplir une modification anthropologique de la société au nom du progrès et non au nom de la vérité de la personne humaine et de son destin. Dès lors, même si la sollicitude de l’Église s’exerce spécialement sur le plan spirituel, elle se sent solidaire de toutes les grandes initiatives qui cherchent à résoudre les problèmes de l’humanité. L’humain intégral ne peut aboutir à l’épanouissement en dehors de son ouverture à la transcendance.
Dans les 55 pays de l’Afrique, la situation de l’Église apparait extrêmement diversifiée. Au nord du Sahara, on retrouve des communautés chrétiennes dont l’existence remonte au premier siècle. Avec l’expansion de l’islam à partir du VIII siècles, le christianisme a été surpassé si bien que les chrétiens restent minoritaires aujourd’hui. Dans le sud de l’Afrique c’est seulement vers le 16ème qu’initient les élans d’évangélisation de la part des européens même si un second mouvement prend forme avec plus de succès au 19 ème siècle.
L’Église est engagée en Afrique surtout dans les domaines de l’éducation et de la santé avec plus de 16000 centres de santé et environ 10.000 écoles. Elle souhaite à présent s’engager davantage dans la vie sociopolitique comme force de paix et de justice à partir d’une meilleure connaissance de la Bible dans les langues locales.. La doctrine sociale irradiera ainsi assez de lumière pour la vie des pays et pour leur gestion sociopolitique. Une entreprise bien exaltante mais pas qui n’est pas sans requérir sacrifice.

Célestin Avocan, Pretre-Étudiant à Rome (Italie)
© afrik.com

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