jeudi 22 juillet 2010

Cemeroun - Minfi, Cambriolages ou préparatifs de coup d’Etat ?

(Camer.be 22/07/2010)
L’inquiétude plane sur Yaoundé, la capitale du Cameroun, où les nombreux cambriolages opérés dans les bureaux des institutions étatiques font actuellement l’objet de spéculations controversées. Les alarmistes y subodorent coup d’Etat et guerre civile; les attentistes y discernent prébendes et constitution d’un trésor de fin de règne.
Le catalyseur de toutes les spéculations alarmistes sur l’imminence d’un coup d’Etat et d’une guerre civile au Cameroun serait la mise à sac du bureau du ministre des Finances, la semaine dernière. En effet, et de sources concordantes, dans la nuit du Jeudi 15 au Vendredi 16 juillet dernier, des personnes non encore formellement identifiées se sont introduites par effraction dans les locaux du ministère des Finances (Minefi), forçant les bureaux du ministre et emportant, selon les mêmes sources, 12 lingots d’or et des espèces, le tout estimé à 1,8 milliards de francs CFA.
Déjà, dans la nuit du Samedi au Dimanche 04 juillet dernier, des assaillants armés, surpris par les sentinelles de garde autour de l’édifice de la Cameroun radio and television (Crtv), repliaient sans dommage pour leurs troupes, sous le nez de la garde présidentielle. En associant à ce coup de force manqué, l’incendie déclaré à la direction des Impôts dans la même semaine et les cambriolages des ministères des Forces Armées et de l’Education de Base, l’année dernière, les imaginations conviennent bien vite que tout, dans ces casses et attaques des édifices publics fait penser à une répétition générale d’audacieuses stratégies et techniques de combats en milieu urbain.
S’il est vrai que la rumeur persistante d’un « coup d’Etat étouffé dans l’œuf », après l’échec de l’assaut contre la Crtv, confortent les tenants de cette thèse dans leur spéculation, d’autres observateurs pensent plutôt que le casse du ministère des Finances serait purement crapuleux. Pour eux, les auteurs de ce cambriolage bénéficieraient de complicités évidentes au sein du ministère. Du simple fait que la présence de lingots d’or dans les bureaux d’un ministre, fût-il celui des Finances, ne s’expliquerait pas, puisqu’à leurs yeux, le Trésor public, les banques secondaires et Centrale semblent mieux indiquées pour un tel dépôt.
Pour ces observateurs, la présence du Contrôle Supérieur de l’Etat à la direction du Trésor, les injonctions du Fmi sur l’assainissement des finances publiques avant tout pourparler sur le budget 2010 ainsi que la politique de rigueur et de moralisation, enfin mise en branle par le gouvernement à travers «l’opération Epervier», inciteraient tous les prévaricateurs du système, réfractaires à tout changement dans leur mode opératoire, à se constituer un butin de fin de règne. La présence du président Biya au pouvoir en 2011 leur semblant de plus en plus hypothétique. Pour ces observateurs là, Il ne s’agirait, pour ces prébendiers, que de se remplir les poches avant qu’il ne soit trop tard.
Quoiqu’il en soit, les incidents qui émaillent le quotidien des Camerounais en cette veille des élections présidentielles de 2011 ne laissent personne indifférent et la psychose d’un coup d’Etat ne peut que s’emparer de ces populations qui s’estiment toujours peu et/ou mal informées des évènements engageant la vie du pays.

© Africa-Info : Dieudonné Bessalla
Paru le Jeudi 22-07-2010
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