(Le Monde 12/01/2012)
La justice sénégalaise a rejeté, mercredi 11 janvier, la demande d'extradition vers la Belgique de l'ancien chef d'Etat tchadien Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l'humanité et réfugié à Dakar depuis sa chute, en 1990, a-t-on appris auprès du ministère de la justice."La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Dakar (...) a estimé que la demande de la Belgique n'est pas conforme aux dispositions légales" sénégalaises, a expliqué un haut responsable du ministère. "La Belgique n'a pas respecté la procédure", a-t-il indiqué sans plus de précisions.
Le chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, avait déclaré la semaine précédente, lors d'un entretien à la télévision France 24 et à Radio France Internationale (RFI), qu'il avait saisi la Cour d'appel de Dakar de la demande de la Belgique, et que Hissène Habré serait "très probablement extradé vers la Belgique".
Le ministère des affaires étrangères belge avait proposé le 10 juillet que M. Habré soit extradé vers la Belgique et le gouvernement tchadien avait demandé que l'option belge soit "privilégiée".
L'OPTION BELGE PRIVILÉGIÉE
M. Habré, qui vit en exil à Dakar depuis 1990, après huit ans au pouvoir, est accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture. Il avait été renversé par l'actuel président tchadien, Idriss Deby Itno, qui, après avoir été l'un de ses proches, était entré en rébellion et avait provoqué sa chute.
Le Sénégal avait accepté en 2006 de le juger à la demande de l'Union africaine, mais n'a jamais organisé le procès. Abdoulaye Wade a affirmé que son pays ne disposait pas de "juridiction ad hoc" pour le faire et avait donc renoncé à tenir un procès à Dakar. Le 8 juillet, le gouvernement sénégalais avait annoncé qu'il allait expulser M. Habré au Tchad, où il a été condamné à mort par contumace, avant de revenir quarante-huit heures plus tard sur sa décision à la demande de l'ONU.
La Belgique a lancé en septembre 2005 un mandat d'arrêt international contre Hissène Habré pour "violations graves du droit humanitaire international" et a fait une demande d'extradition. Cette procédure se fonde sur une plainte déposée en 2000 par un Belge d'origine tchadienne, en vertu d'une loi belge dite de "compétence universelle" pour les crimes de droit international qui autorise les tribunaux à se saisir d'un tel dossier dès lors qu'un ou des citoyens de nationalité belge sont concernés ou que l'auteur présumé se trouve sur le territoire belge.
LEMONDE.FR avec AFP
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