(L'Express 26/01/2012)
PARIS - Le président Alassane Ouattara est attendu jeudi par Nicolas Sarkozy pour sceller en grande pompe la réconciliation entre la France et la Côte d'Ivoire, après les tensions nées entre les deux pays sous l'ère Laurent Gbagbo, et signer un nouvel accord de défense.
Arrivé mercredi à Paris, le chef de l'Etat ivoirien doit s'entretenir à 17h00 à l'Elysée avec son hôte, avant de le retrouver à 20h00 pour un dîner. Escorte de la Garde républicaine à cheval, parcours pavoisé aux couleurs des deux pays, la France a mobilisé toute la pompe propre aux visites d'Etat pour marquer l'importance qu'elle accorde à son invité.
Volontiers présenté comme un "ami" de Nicolas Sarkozy, Alassane Ouattara a succédé en avril dernier à Laurent Gbagbo à la tête de la Côte d'Ivoire après deux semaines de guerre, grâce aux anciens rebelles du nord du pays et surtout aux bombardements décisifs conduits par l'ONU et la France au nom du "devoir de protection" des populations civiles d'Abidjan.
Les combats provoqués par le refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010 ont fait quelque 3.000 morts.
Dans un entretien au Monde, Alassane Ouattara a annoncé son intention de "remercier le président Sarkozy" pour son intervention. "Sans elle, il y aurait eu en Côte d'Ivoire un génocide pire qu'au Rwanda", a-t-il rappelé.
Mais huit mois après l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara, Paris entend profiter de sa visite pour renouveler son soutien aux efforts qu'il a engagés pour la reconstruction et la réconciliation de son pays, déchiré par plus de dix ans de crises à répétition meurtrières.
La sécurité a été rétablie dans l'essentiel du territoire ivoirien, mais le climat reste tendu, ainsi que l'a montré l'attaque le week-end dernier à Abidjan d'un meeting de partisans de Laurent Gbagbo, qui a fait un mort.
La France, qui veut faire d'une Côte d'Ivoire démocratique la vitrine de sa nouvelle politique africaine, reste vigilante. "La situation est meilleure qu'il y a quelques mois, mais le processus sera de longue haleine et suppose la mise à l'écart de certaines personnes", relève l'Elysée en pointant du doigt certains des soutiens militaires du nouveau pouvoir.
Sur le front de la réconciliation politique, Paris observe la même prudence. Le parti de l'ex-président Gbagbo, écroué à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, a boudé les législatives du mois dernier, remportées à la majorité absolue par le camp Ouattara.
"Il eut été préférable que les partisans de Laurent Gbagbo soient représentés. Clairement, ce n'est pas la meilleure option", déplore-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, "mais la volonté du président Ouattara de recoller les morceaux existe, il faut lui en faire crédit".
En plus de ces questions, Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara doivent signer jeudi un "accord de défense et de sécurité" rénové, temps fort de la visite, qui va notamment graver dans le marbre le futur statut des troupes françaises déployées en Côte d'Ivoire.
La force Licorne, qui a atteint 2.000 soldats au plus fort de la crise, n'en compte plus aujourd'hui que 450, au grand dam du président ivoirien. "La France doit rester dans notre pays plus longtemps et de manière plus substantielle", a plaidé M. Ouattara dans le Monde.
Mais la France, qui entend tirer un trait définitif sur le rôle de "gendarme de l'Afrique" qui lui a été si souvent reproché, n'entend pas satisfaire les désirs ivoiriens. A terme, seuls 250 à 300 militaires resteront stationnés à Port-Bouët, face à Abidjan, et "uniquement pour assurer la formation des nouvelles forces de sécurité" ivoiriennes.
publié le 26/01/2012 à 07:04, mis à jour à 07:05
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