mardi 24 janvier 2012

Accord CPI-Mali, ou les dessous d’une affaire de geôles délocalisées

(AgoraVox 24/01/2012)
Le Mali, par la voix de son ministre de la Justice, Marafa Traoré, vient d'annoncer une forme assez particulière de coopération internationale : se transformer en geôle du CPI. Quelles pourraient être les motivations d'une telle initiative ?
Le pays d'ATT (Amadou Toumani Touré) vient, en effet, de conclure un accord avec la CPI, relatif notamment à l'exécution des peines d'emprisonnement que prononcerait la Cour pénale internationale. Le Mali devient ainsi le premier pays à déclarer son intention d'accueillir les personnes condamnées par la Cour de justice internationale.
Une première, sans doute, mais qui, en substance, n'entre nullement en contradiction avec le traité de Rome, fondateur de l'institution internationale, lequel stipule que les peines prononcées par la CPI devraient être exécutées dans des Etats signataires dudit traité, qui notamment auraient exprimé leur intention de recevoir des condamnés.
Reste à savoir maintenant l'intérêt que le Mali compte retirer d'une telle initiative qui, selon certains observateurs, ne serait pas exclusivement motivée que par des raisons humanitaires. Bien au contraire, le pays d'ATT pourrait en retirer une aide substantielle de la part des puissances occidentales, sans oublier une réputation - comment dire euh, complaisante ! - de pays respectueux des droits de l'Homme et, surtout, de la démocratie... à l'occidentale.
Et quant au citoyen malien lambda, dont le souci premier est d'abord d'assurer sa subsistance, il sera assez délicat d'expliquer l'utilité de cette affaire de geôles délocalisées et pourquoi se faire le bourreau de ses frères noirs (Gbagbo, le premier chef d'Etat à être jugé par la CPI, est africain), surtout quand les peines sont prononcées par un tribunal de Blancs.


Abdoulaye Jamil Diallo

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