Au moins 680 délégués venus de Bangui, des seize préfectures de la République centrafricaine, ainsi que de sa diaspora et de la communauté internationale vont participer du 4 au 11 avril au Forum de réconciliation nationale et de reconstruction de ce pays. Mais, une question se pose à quelques jours de l'ouverture : ces assises tiendront-elles leurs promesses, en vue de remettre la RCA sur l’orbite de la démocratie et du développement ?
L’ambition est sans doute de taille au regard du profond coma dans lequel ce pays de l’Afrique centrale est plongé depuis plus de deux ans. La totale fissure de son tissu social, les activismes politico-militaires, l’effondrement de l’économie, la disparition de l’administration, de l’armée nationale et de la police sont telles qu’il faudrait de grands remèdes pour ce pays.
Et les organisateurs du forum décidé par la rencontre de réconciliation nationale inter-centrafricaine de juillet 2014 à Brazzaville semblent n’avoir ménagé ni leur bonne volonté, ni leurs moyens pour donner une réelle chance à cette grand-messe dont l’une des grandes attentes est de « rapatrier » le grand élan de réconciliation inter-centrafricains constaté le 23 juillet 2014 à Brazzaville.
Ce jour-là, des personnalités centrafricaines de tous bords, Séléka, Anti-balaka, acteurs politiques, représentants d’église et d’associations chantaient à l’unisson, main dans la main, l’hymne national de la Centrafrique. Nombreux parmi eux fondus en larmes multipliaient des accolades avec les ennemis d’hier. Ils signaient alors, devant la communauté internationale et sous la supervision du médiateur dans la crise centrafricaine, le président Denis Sassou N’Guesso, un accord de cessation des hostilités qui a donné la juste mesure au processus de pacification en cours.
« Le forum de Brazzaville ne constitue que la première étape d’un processus politique qui se poursuivra en République centrafricaine, par l’organisation des consultations populaires dans les 16 préfectures, et du forum de réconciliation nationale à Bangui », lisait-on dans le communiqué final de la rencontre de Brazzaville.
Le désarmement et la paix
Des consultations populaires organisées pendant plusieurs mois, l’on retient qu’elles ont permis aux populations de la base de désigner leurs représentants au forum de Bangui, de décliner leurs attentes, de laisser les protagonistes des violences déplorés dans ce pays dire pourquoi ils ont pris les armes, etc. Selon le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et patron de la Minusca, Babacar Gaye, les aspirations des Centrafricains ont été clairement identifiées à l’issue des pré-forums.« Le désarmement et la paix demeurent le passage obligé clairement identifié par le peuple centrafricain tout entier », a-t-il indiqué.
« C’était l’occasion donnée d’aplanir nos divergences, de montrer notre maturité et l’image d’un pays résolument engagé dans le processus de la paix », soulignait quant à lui le Premier ministre centrafricain Mahamat Kamoun au sujet des consultations de la population.
Il faut souligner que les autorités de la transition en République centrafricaine conduites par la présidente Catherine Samba-Pandza ont fait plusieurs concessions pour rendre le forum de Bangui aussi inclusif qu’on l’attendait, en procédant à plusieurs accommodations, notamment dans la programmation de ces assises, la désignation des participants et surtout celle des responsables de l’organisation et des travaux proprement dits.
Au terme des décrets publiés récemment à Bangui, le sénégalais Abdoulaye Bathily, un des médiateurs internationaux dans la crise Centrafricaine, dirigera le présidium du forum, assisté d’autres personnalités issues du monde politique, de la société civile et des groupes armés centrafricains et de la communauté internationale.
Un autre gage important qui donne une chance supplémentaire à la suite du processus de paix en RCA a été le nouvel accord obtenu à Nairobi, au Kenya, où Séléka et Anti-Balaka se sont engagés dans un cessez-le-feu et les anciens présidents François Bozizé et Michel Djotodia, souvent accusés de soutenir des milices armées et de saper les efforts de réconciliation ont pris l’engagement de rallier et de soutenir le processus engagé à Brazzaville.
Le Forum de Bangui devrait, de toute évidence profiter de ce climat favorable pour enfin réconforter le désarmement, démobilisation et réinsertion, la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que l’organisation d’élections libres qui donneront à la RCA des institutions stables et crédibles.
Thierry Noungou
adiac-congo.com
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