Le président togolais, Faure Gnassingbe.© Mustafa Yalcin / Anadolu Agency
Sa victoire, avec 58,77% des voix, a été confirmée ce dimanche 3 mai par le Conseil constitutionnel. Malgré une campagne électorale plutôt terne, le président sortant du Togo Faure Gnassingbé a donc réussi à se faire réélire pour un troisième mandat à la tête de son pays. Portrait de ce président, fils du général Gnassingbé Eyadema qui avait présidé le Togo pendant 38 ans avant lui.
Et de 3 ! A 49 ans, Faure Gnassingbé poursuit la longue saga de sa famille au pouvoir au Togo depuis près d'un demi-siècle. Son élection qui a été contestée un temps par le principal candidat de l’opposition Jean-Pierre Fabre, vient d’être confirmée par le Conseil constitutionnel. Les observateurs des Nations unies ont pour leur part déclaré l’élection « crédible », « libre et transparente ».
« Moderne, habile et fin tacticien »
Que sait-on du président-élu ? Faure Gnassingbé est l’un des fils du général Gnassingbé Eyadema qui a présidé sur la destinée de Togo pendant 38 ans. L’homme est tout le contraire de son père. Ancien sous-officier de l'armée coloniale, ce dernier n'avait pas fait beaucoup d'études. Il était connu pour être un militaire brutal et colérique. Son fils, formé à l’université Dauphine, à Paris, et titulaire d’un MBA de l’université George Washington, aux Etats-Unis, est un homme politique « moderne, habile et fin tacticien », selon un journaliste local. Durant ses deux mandats, il aura cherché à faire oublier sa filiation et surtout ses débuts calamiteux à la tête du pays avec une élection présidentielle de 2005 dominée par la présence de l'armée et par les 500 morts dans des violences post électorales.
Sa chance, une opposition fragmentée et désunie, même sur la question du troisième mandat du président sortant. En juin 2014, le projet de loi visant à limiter le nombre de mandats présidentiels a été rejeté par le Parlement, ouvrant la voie à la candidature de Faure.
Tout au long de la campagne électorale, celui-ci a défendu son bilan d'un Togo qu'il veut fort et moderne. Il a rappelé que le pays dont il a hérité de son père n’est plus le même aujourd’hui. En effet, la vie politique a été transformée au cours de la décennie écoulée grâce à un multipartisme vibrant et une relative liberté de la presse. Des avancées qui ont conduit la communauté internationale à lever les sanctions imposées en 1993 pour « déficit démocratique ». « Son prochain mandat sera dédié aux réformes sociales, avec la mise en place des infrastructures au service des plus faibles », explique l’un de ses proches. La réorganisation de la vie politique locale reste une des autres priorités du troisième mandat qui s'ouvre. Le pays n'a pas de maires depuis plus de dix ans.
Opposition Nord-Sud
Contrairement aux partisans de Faure qui ne tarissent de louanges lorsqu'ils parlent de leurs chefs, les adversaires sont plus critiques. Ils parlent d'échec, tant sur le plan des réalisations que sur le terrain politique où le président dynastique peine à réaliser laréconciliation nationale, notamment entre le Nord et le Sud.
Malgré la dissolution de l’ancien parti unique et son remplacement par un parti présidentiel (Unir) qui se veut fédérateur, le pouvoir est toujours monopolisé par l’élite nordiste, comme à l’époque du père Gnassingbé. Par ailleurs, les principaux officiers de l’armée, pilier du régime, viennent du Nord qui est aussi la région d’origine des Gnassingbé. Selon l’analyste politique togolais David Ihou interrogé par l’AFP, il n’est pas sûr que l’armée aurait permis à un homme du Sud comme l'opposant Jean-Pierre Fabre d’accéder au pouvoir.
Enfin, les critiques pointent du doigt la multiplication des affaires de corruption touchant les proches du président et le non-aboutissement des promesses des réformes électorales telles que le passage de l’un à deux tours pour la présidentielle et la limitation à deux le nombre de mandats présidentiels.
La biographie officielle de Faure Gnassingbé loue sa pugnacité, sa force de travail, son ouverture au monde connecté. Mais ce grand taiseux cache également une détermination implacable à rester seul maitre à bord. Son frère Kpatcha en a fait les frais. En prison depuis 2009, celui qui l'avait aidé à prendre le pouvoir à la mort de leur père a été condamné à 20 ans de réclusion pour avoir tenté de le renverser. Si on en croit les rumeurs, le troisième mandat pourrait être celui de la grâce présidentielle.
rfi.fr
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