Les combats dans le centre du Mali ont fait une vingtaine de morts, le plus lourd bilan depuis presque un an dans des affrontements entre rébellion à dominante touareg et armée, chacun des deux camps accusant l’autre de saboter les laborieux efforts de paix internationaux.
« Les groupes engagés sur le terrain portent une lourde responsabilité », a souligné jeudi le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi, condamnant « les graves violations du cessez-le-feu en cours au Mali à un moment crucial dans le processus de paix », en référence à l’accord que les parties doivent signer le 15 mai à Bamako.
De son côté, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg) a justifié l’attaque de Léré par « la flagrante violation du cessez-le-feu par la partie malienne et ses milices à Ménaka » (nord-est), où des groupes pro-Bamako se sont emparés lundi de ses positions dans cette ville proche de la frontière nigérienne.
« Cet acte de légitime défense n’a nullement pour but de reconquérir de nouvelles positions territoriales, c’est la raison pour laquelle nos forces ont immédiatement quitté Léré à la fin des affrontements », a assuré un porte-parole de la CMA dans un communiqué, revendiquant « une douzaine de prisonniers et plusieurs morts » dans les rangs adverses.
Cinq blessés appartenant à la CMA, dont trois dans un état grave ont été hospitalisés dans la ville frontalière mauritanienne de Bassiknou, a indiqué une source de sécurité mauritanienne.
L’unité méhariste de la garde nationale basée dans la ville a reçu « un important renfort de l’armée », selon une source militaire malienne.
Une source civile au sein de la médiation internationale dans la crise malienne a fait état de « discussions en cours pour obtenir un échange de prisonniers entre les deux camps ».
-‘Signer un document vide’-
Auparavant, deux membres de la garde nationale, ainsi qu’un enfant, avaient été tués plus au nord-est, à Goundam, par des assaillants lors d’une attaque surprise mercredi à l’aube, imputée par l’ONU et le gouvernement à la CMA.
Le ministère de la Défense a accusé la rébellion de nourrir « l’intention délibérée de faire péricliter le processus de paix en cours ».
Mais le chef de la Minusma et la CMA ont souligné que l’incident de Ménaka lundi s’était produit juste après que des responsables rebelles eurent donné dimanche leur accord pour parapher l’accord d’Alger, près de deux mois après Bamako et ses alliés.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et Washington ont exhorté mercredi soir toutes les parties à arrêter les violences et à retourner sur leurs positions fixées par les accords de cessez-le-feu, dont celui conclu en mai 2014, après la cuisante défaite de l’armée (plus de 50 morts) à Kidal, bastion rebelle du nord-est du pays.
« Même si les discussions officieuses continuent, il faudra du temps pour que les activités militaires se calment », selon Yvan Guichaoua, spécialiste du Sahel et enseignant à l’université britannique d’East Anglia, doutant que l’échéance du 15 mai puisse être respectée.
« Si la médiation et les autorités maliennes veulent maintenir une cérémonie de signature le 15 mai sans la CMA, il signeront un document vide de facto », a-t-il déclaré à l’AFP, décrivant le scénario du paraphe du 1er mars à Alger.
Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.
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