AfriqueBujumbura est en ébullition depuis dimanche. La candidature du président sortant au scrutin de juin a mis le feu aux poudres.
Le calme n’est pas revenu à Bujumbura, capitale du Burundi.
Sept morts, des dizaines de blessés dans des heurts avec les forces de l’ordre, des voitures de police brûlées: le calme n’est pas revenu à Bujumbura, la capitale, ni dans trois autres villes du pays secouées par des manifestations. Après le Burkina Faso, le Burundi souffre «du mal africain», ce mal dénoncé dans un mémorable éditorial de Jeune Afrique sur les présidents du continent qui s’accrochent au pouvoir, quitte à piétiner la constitution.
A Ouagadougou, les Burkinabés ont mis dehors Blaise Campaoré, après des jours de manifestations et d’émeutes, contestant une révision de la constitution qui en aurait fait un président à vie. Au Burundi, Pierre Nkurunziza, élu une première fois par le parlement, une seconde par le peuple en 2010, veut effectuer un troisième mandat. Son parti l’a officiellement désigné candidat à l’élection du 26 juin.
Mardi, le sénat a saisi la Cour constitutionnelle pour examiner la légalité de cette candidature. Car la constitution limite la présidence à deux mandats. Les partisans de l’actuel chef de l’Etat plaident que le premier mandat, effectué après une élection au suffrage indirect, ne compte pas. Pour les opposants, en revanche, un troisième mandat est clairement inconstitutionnel. En manifestant, ils veulent que le sortant renonce à se représenter.
Hier, le gouvernement a fermé les résidences universitaires, après avoir interdit l’accès aux restaurants des campus, la veille. Nombre d’entre eux ont donc été contraints à retourner chez eux, parfois loin de la capitale. Les étudiants sont en effet le fer de lance du mouvement de contestation. Et le pouvoir veut la faire taire.
Chaque camp sait qu’il joue avec le feu dans ce pays sorti depuis à peine neuf ans d’une longue guerre civile qui a commencé en 1993 (300 000 morts). Depuis six jours cependant, l’armée, qui conserve une image de neutralité, a réussi à faire baisser les tensions. Mais chaque jour, une étincelle suffit à rallumer l’incendie.
Le président du Burundi n’est pas le seul à tenter de s’accrocher au pouvoir par tous les moyens. Joseph Kabila, en République démocratique du Congo, et Denis Sassou-Nguesso, au Congo-Brazzaville, sont ainsi accusés de vouloir réviser la loi fondamentale de leur pays pour se représenter l’an prochain et effectuer un troisième mandat, normalement exclu.
Au Rwanda, Paul Kagame est lui aussi tenté d’organiser un référendum sur un éventuel changement de la loi. Ce qui lui permettrait d’entamer un troisième mandat en 2017. (TDG)
tdg.ch
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