(L'Observateur Paalga 05/03/2012)
Il n’y a pas de cactus, encore moins de saloon dans cette zone en majorité musulmane mais l’environnement y est tout aussi austère. Les dunes de sables et la pierraille sont là, les serpents à sonnette peut-être aussi. Mais au-delà de ces similitudes environnementales, il y a comme un air de Far West dans cette bande saharo-saharienne où on tire désormais dans tous les sens.
En effet, on n’avait pas fini de régler le péril AQMI qu’une nouvelle rébellion touarègue naissait au Mali. Voilà bientôt deux mois qu’Amadou Toumani Touré, le président malien, fait face au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique ouvertement l’indépendance du Nord Mali. Après des combats acharnés à Ménaka, Adaramboukaré et Tessalit, aujourd’hui l’attention est de nouveau focalisée sur Tessalit, avec l’entrée en lice d’hélicoptères de guerre, dont les manettes sont tenues par l’armée malienne.
Ce qu’il faut craindre, c’est l’enlisement du conflit qui s’installe dans la durée sous le regard, certes compatissant, mais jusque-là impuissant des voisins et de la communauté internationale, visiblement plus prompte à chasser Kadhafi en un tour de main qu’à s’aventurer dans les sables mouvants maliens pour traquer du rebelle. Ce qu’il faut craindre aussi, c’est l’embrasement général d’une région, véritable «no man's land» où rebelles, bandits, terroristes et trafiquants de tous poils se meuvent d’autant plus facilement qu’ils savent compter sur les petits antagonismes interétatiques, le nationalisme ombrageux de certaines nations ainsi que la veulerie ; d’aucuns mêmes parlent de double jeu, des puissances occidentales.
Comme si la situation déjà électrique au Mali ne suffisait pas, il fallait en plus que de nouveaux islamistes se signalent à Tamanrasset, localité algérienne située à 1970 km au sud d’Alger et faisant frontière avec le Mali et le Niger. Là, en effet, s’est produit, samedi dernier, un attentat à la voiture piégée dans une base de Gendarmerie, faisant 23 blessés. Une action revendiquée par le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), encore inconnu au régiment terroriste il n’y a pas si longtemps. Est-ce un coup de fer passager ou faut-il s’attendre à la multiplication de leur acte ? En tout cas, avec le MNLA, AQMI et maintenant MUJAO, il faut redouter que cette zone de non-droit devienne le réceptacle de la mauvaise graine qui a poussé dans d’autres régions comme en Afganistan et en Afrique de l’Est, et qui semble avoir, ces dernières années, trouvé une «nouvelle terre sainte».
Nankoita Dofini
© Copyright L'Observateur Paalga
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire