(Afriscoop 26/03/2012)
Au Mali, comme on pouvait s’y attendre, la classe politique est divisée par rapport à l’attitude à adopter face à la junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars 2012. Mais, après les déclarations de condamnation ou de soutien, l’heure est au regroupement pour défendre les intérêts sociopolitiques en jeu.
D’un côté, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) d’Oumar Mariko et ses alliés, a créé le "Mouvement populaire du 22 mars" (le MP22) favorable aux mutins. "Le mouvement MP22 a été créé pour accompagner politiquement le CNRDRE dans ses efforts de redressement de la démocratie, et l’instauration de l’autorité de l’Etat, mais un Etat démocratique et populaire", a indiqué Oumar Mariko, président du SADI.
Ce mouvement, pour les ténors de la classe politique malienne et une grande partie de l’opinion nationale, est un "club d’opportunistes" qui veulent profiter de la faille ouverte par des soldats mutins pour se faire "une place au soleil". De l’autre, un Front Uni pour la Sauvegarde de la République et de la Démocratie de 38 partis, le barreau malien, les syndicats des travailleurs et de nombreuses autres associations dénoncent le coup d’Etat et exigent un retour à l’ordre constitutionnel. "Les objectifs visés sont clairs, à savoir avant toute chose, le retour à une vie constitutionnelle normale, ensuite le rétablissement de la paix et la sécurité dans le nord du Mali et l’organisation dans les meilleurs délais délections libres, démocratiques et transparentes", souligne Me Kassoum Tapo, ancien bâtonnier du barreau malien et ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), porte-parole de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), la formation politique la plus implantée et la plus représentative au Mali. Le président Tiébilé Dramé du Parti pour la renaissance nationale, un des leaders de cette coalition, abonde dans le même sens. Pour lui, ce front vise la défense de la Constitution de janvier 1992, la restauration de la légalité constitutionnelle, le retour des mutins dans leurs casernes, et la fixation d’un calendrier électoral consensuel.
"Nous avons condamné ce coup d’Etat, et la prise du pouvoir par des militaires. Aujourd’hui, toutes les forces démocratiques doivent pouvoir se réunir pour défendre la démocratie", déplore, pour sa part, Me Issala Keita, bâtonnier du barreau du Mali. "Si le capitaine Sanogo aime le Mali, nous lui demandons de revoir sa copie, pour l’intérêt de la nation", conseille Cissé Sékou, membre du conseil régional des jeunes de Mopti, fief du président déchu Amadou Toumani Touré. C’est dire que ce Front du refus d’un ordre politique militaire regroupe la grande majorité des forces vives de la nation malienne. Une réunion est prévue ce dimanche 25 mars à la Bourse du travail de Bamako pour finaliser le document qui sera remis aux mutins. Pour sa part, le chef de la junte Amadou Sanogo tente la normalisation. Samedi, il a rencontré plusieurs personnalités politiques, et notamment l’ambassadeur de France Christin Rouyer. "Tous les Maliens sont en droit de donner leur point de vue, critique ou non sur les évènements", a-t-il déclaré.
dimanche 25 mars 2012 par L’Agence de Presse Xinhua
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