mardi 12 avril 2011

Djibouti : Encore une poudrière francophone en perspective ?

(Afriscoop 12/04/2011)

Encore et toujours l’Afrique francophone ! Après la mascarade électorale en Centrafrique, voici un autre Etat de l’espace francophone sur le continent noir qui va s’illustrer négativement, en matière d’organisation d’un scrutin. Il s’agit de Djibouti. Il n’a pas droit à la démocratie parce qu’il abrite deux importantes bases militaires de l’Occident…
Le gros Omar Guelleh persiste et signe. Au pouvoir depuis 12 années, il briguait ce vendredi un nouveau mandat. Le troisième et le dernier selon ses propres mots ! Pour se dégager la voie vers cette nouvelle candidature, le président Guelleh a pratiqué le sport politique favori des dictateurs d’Afrique francophone : la modification constitutionnelle. Ce coup de chirurgie donné au texte fondamental de Djibouti, M. Guelleh et ses proches collaborateurs l’ont fait en avril 2010.
Encore un peuple victime de son atout : sa situation géographique
L’élection de ce vendredi 08 avril dans cet Etat membre de la Francophonie ne se singulariserait pas si elle offrait tous les gages démocratiques garantissant le pluralisme ! Devant O. Guelleh, il n’y a qu’un adversaire ; presque fantoche. L’ex-patron du Conseil constitutionnel de Djibouti, Mohammed Ragueh, jugé proche du clan Guelleh par les observateurs de la politique dans l’ancienne Côte française des Somalis (l’ancien nom de Djibouti). Un statut de présidentiable manipulé que vient conforter le boycott de cette présidentielle par les principaux opposants au régime de Djibouti. Ces politiques contestent les conditions d’organisation de cette joute électorale. C’est dire que les 152.000 électeurs de ce vendredi ont encore voté en l’air !!!
Le seul motif de satisfaction des opposants dans ce pays d’Afrique orientale ne peut qu’être le raccourcissement du mandat présidentiel. Le troisième bail de M. Guelleh passe de 6 à 5 ans, depuis la modification constitutionnelle sus-citée.
Une fois encore, Paris et Washington ferment les yeux sur des contorsions à la démocratie dans un Etat dans lequel se trouvent leurs intérêts stratégiques. Le penseur Pascal avait donc raison : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Le malheur des opposants djiboutiens réside dans le fait que leur terre natale abrite deux bases militaires, hautement stratégiques dans la Corne de l’Afrique. L’une appartient aux Gaulois, et l’autre aux Yankees. Un séjour des Français et des Américains qui constitue une importante source de revenus et de protection pour l’Etat djiboutien. En avant donc les coups de canif à la démocratie !! Les principes et vertus pour lesquels MM. Sarkozy et Obama sont prêts à faire la guerre à L. Gbagbo et M. Khadafi disparaissent, comme par enchantement, dans le contexte djiboutien. C’est hélas la règle implacable de la conduite des affaires internationales sur la planète. C’est également au nom des services que lui rend le régime Guelleh que Paris n’a jamais fait la véritable lumière sur l’affaire du juge Borrel.
Devant de tels immobilismes politiques entretenus par les Occidentaux, le monde s’étonnera et se montrera ému si les opposants de Djibouti choisissent la voie des armes… Pourquoi, encore et toujours de tels cycles infernaux en Afrique francophone ?

10/04/2011
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