(L'Express 18/04/2011)
Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, était assuré dimanche d'être élu sur la base des dépouillements dans la quasi-totalité des 36 Etats du pays le plus peuplé d'Afrique.
Son rival, Muhammadu Buhari, musulman originaire du Nord qui dirigea la junte militaire dans les années 1980, espérait au moins contraindre à un second tour le président sortant, chrétien issu du Delta du Niger.
Mais selon des résultats concernant 35 des 36 Etats du pays, dont ceux d'Abuja, la capitale administrative, et de Lagos, la mégalopole nigériane, Jonathan aurait obtenu 22 millions de voix contre 12 millions pour Buhari. Un écart décisif qui ne peut plus être surmonté.
Le scrutin présidentiel de samedi a été considéré comme l'une des plus honnêtes depuis des décennies au Nigeria. Mais l'équipe de campagne de Buhari a fait état de résultats douteux. Ils en veulent notamment pour preuve la mobilisation exceptionnellement élevée dans les Etats du Delta du Niger et du Sud-Est, où la participation a atteint jusqu'à 86% des inscrits.
Les proches de Goodluck Jonathan, qui a hérité du pouvoir sans scrutin à la mort d'Umara Yar'Adua, l'an dernier, dont il était le vice-président, ont indiqué pour leur part qu'ils ne revendiqueraient pas la victoire de leur candidat tant que les résultats n'auront pas été proclamés par la Commission électorale nationale indépendance (CENI).
Dans l'attente des derniers résultats régionaux, la commission a ajouté à lundi la proclamation des résultats.
"Je ne pense pas qu'il y aura un second tour", a prédit Usman Jibrin, représentant du Parti démocratique du peuple (PDP) au pouvoir.
"L'heure n'est pas au triomphalisme. L'heure est à une profonde réflexion, à un renforcement des liens de notre union et à un travail en commun", a dit pour sa part Oronto Douglas, proche conseiller de Goodluck Jonathan.
Pour s'épargner un second tour, le candidat arrivé en tête au premier devait remporter le scrutin à la majorité simple, avec au moins un quart des voix dans les deux-tiers des Etats de la Fédération. Jonathan a déjà franchi la barre requise.
L'ancien président ghanéen John Kufuor, chef de la mission d'observateurs de l'Union africaine (UA), a accordé un brevet de démocratie à ces élections dans un pays plutôt réputé jusque-là pour ses scrutins pour le moins contestables.
"J'espère que la situation aura un impact très positif sur le continent", a-t-il dit à Reuters, alors qu'une dizaine d'élections sont attendues d'ici la fin de l'année en Afrique.
Cela n'a pas empêché des partisans de Buhari de descendre dans les rues dans certaines villes du Nord musulman. Des troubles limités y ont été signalés et des barricades érigées.
Les partisans de Buhari estiment que Jonathan a usurpé à leur région le droit de diriger le pays en vertu d'une règle informelle de partage du pouvoir entre musulmans et chrétiens, deux communautés à la taille équivalente dans ce pays de 150 millions d'habitants.
Comme on s'y attendait, Jonathan a réussi ses meilleurs scores dans le Sud, majoritairement chrétien et animiste; Buhari est arrivé en tête dans nombre d'Etats du Nord musulman.
Marc Delteil, Nicole Dupont et Henri-Pierre André pour le service français
Par Reuters publié le 17/04/2011 à 21:41, mis à jour le 18/04/2011 à 07:29
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